MatteoAva montait les marches avec une lenteur calculée, cette grâce aristocratique qu’on ne vous enseigne pas, mais qu’on imprime en vous dès l’enfance. Le genre de port de tête et de démarche qu’on reconnaît entre mille — une allure façonnée dans les salons dorés de Naples et les pensionnats suisses, aiguisée dans les galas de bienfaisance, les bals masqués, les galeries d’art.La belle héritière était l’incarnation de la perfection. Une œuvre taillée dans le diamant brut du nom Bellini, toute en angles nobles, en douceur polie, en éclats silencieux. Mais derrière cette perfection ciselée se dissimulait une créature bien plus redoutable : une femme au tempérament de feu. Et cette femme… allait me faire couper la tête.Je pouvais déjà entendre Vincenzo hurler intérieurement, ses pensées me transperçant, me foudroyer du regard pour avoir laissé sa précieuse épouse errer seule dans les couloirs de son e
AvaNaples défilait lentement derrière la vitre teintée, comme un tableau vivant peint à l’huile : des façades écaillées, brûlées par le soleil, des volets qui claquaient doucement sous la brise marine, et des ruelles pleines de vie, d’odeurs et de cris d’enfants. La ville semblait palpiter, comme un cœur nerveux caché sous une chemise blanche trop serrée, une bête chaude et vibrante,un corps offert aux mille péchés.Je regardais ce monde libre avec un soupçon de mélancolie, l’œil accroché aux scènes ordinaires qui me semblaient toujours interdites. Une femme en robe à fleurs étendait son linge à un balcon, un adolescent riait sur son scooter, une vieille dame traînait un cabas tissé rempli d'odeurs de marché. Des choses simples. Des choses auxquelles je n’avais plus droit, enfermée dans ma propre prison dorée, malgré toute la splendeur qui m'entourait.Une reine sans couronne, une captive de luxe.Assise à
VincenzoLe lendemain de la victoire éclatante de Ferrari au Grand Prix de Monaco, Monte-Carlo s’éveillait lentement sous un ciel d’un bleu éclatant, baigné dans une lumière dorée qui semblait vouloir prolonger la fête éternelle. La ville portuaire, ce joyau méditerranéen aux ruelles étroites et aux façades ocres, gardait les stigmates indélébiles de la nuit passée — traces noires sur l’asphalte,éclats de caoutchouc, confettis éparpillés, vestiges d’une frénésie mécanique et humaine. Le parfum âcre de la gomme brûlée flottait encore dans l’air,une signature métallique de la course, mêlé à celui, plus subtil, du sel marin et des embruns frais qui venaient de la mer.Le port H
AvaLe rugissement des moteurs fendait l’air, un grondement sauvage et rythmique qui faisait vibrer les parois vitrées de la loge privée jusque dans mes os. Le Grand Prix de Monaco battait son plein. Sous un ciel d’azur éclatant, la principauté resplendissait de lumière et d’excès, un tableau vivant de fortune insolente et de démesure assumée. Des yachts géants s’étalaient dans le port comme des joyaux d’acier et de verre poli, leurs ponts recouverts de fêtes privées et de mannequins en robes de haute couture, des silhouettes évanescentes à peine entrevues. Tout autour du circuit, les balcons débordaient de visages ravis, de caméras scintillantes, de lunettes de soleil masquant les regards, et de mains levées qui acclamaient chaque passage des bolides, ces fusées de métal et de carbone défiant les lois de la physique.La loge où nous avions été conviés pour le week-end par Marguerite et Philippe surplombait le
VincenzoLes marches en marbre de la galerie semblaient s’allonger à mesure que je les descendais, comme pour me laisser savourer chaque seconde de mavictoire charnelle, une sensation douce-amère qui vibrait encore en moi. Ce n’était qu’une demi-conquête, une douce torture qui ne demandait qu'à être renouvelée. La femme que j'avais épousée, cette flamme farouche, et moi nous étions réconciliés, si on pouvait appeler cela ainsi. J'avais noyé ma rage et mon désir entre ses cuisses brûlantes, dévoré son plaisir pour mieux étouffer ma frustration. Mais elle, cette femme faite d’orgueil et de feu, m’avait encore une fois tenu tête. Elle n’avait pas cédé à ma demande de laisser mes hommes reprendre leur poste dans la galerie. Son refus, un défi silencieux, était une braise sous ma peau, une promesse de résistance qu'il me faudrait briser.Chaque parcelle d'Ava non soumise était un territoire à conquérir, une obsession.
AvaVincenzo était devenu une présence obsédante, un souffle permanent dans ma nuque. Ces derniers jours, l’homme que j’avais épousé s’était transformé en geôlier au nom de ma sécurité. Chaque pas que je faisais hors de notre demeure était minutieusement orchestré, surveillé, encadré par une cohorte de gardes du corps plus intimidants les uns que les autres. Huit, pour être exacte. Un théâtre de paranoïa qui ne disait pas son nom,une cage dorée dont les barreaux étaient tissés de son obsession.Je savais qu’une affaire devait se compliquer. Je le lisais dans la tension de ses mâchoires, dans la rareté de ses silences. Vincenzo ne disait rien, jamais, surtout pas à moi. Il restait ce bloc impénétrable, cette forteresse sculptée dans le marbre du secret,son âme aussi opaque que ses affaires. Même la nuit, lorsqu’il s’écroulait dans notre lit, c’était sans un mot, juste ce poids silencieux qui s’aband