All Chapters of SOMBRE TÉNÈBRE : Chapter 31 - Chapter 40

NAHIAJe reste un instant figée dans le couloir, mes doigts effleurant encore le mur froid comme si le toucher pouvait me rattacher à la réalité, tandis que Salvatore s’avance vers moi, son pas mesuré, ses yeux glissant sur chaque détail de mon visage comme pour s’assurer que je comprends bien que tout est sous son contrôle— Tiens, dit-il en me tendant une carte bancaire Gold, le métal froid glisse entre mes doigts, et je sens immédiatement le poids de l’argent, de la liberté que je n’ai jamais eue, de la tentation subtile mais imposante qui m’enserre la poitrine, tu peux aller faire des achats avec ton amie, profiter un peu, et… il ajoute doucement, mais avec cette assurance qui ne tolère pas le doute, tu pourrais en profiter pour quitter ce travail de serveuse, ma maîtresse ne travaille pasJe le fixe, incrédule, incapable de masquer la surprise qui me traverse, mes pensées s’emmêlant à une vitesse vertigineuse, parce qu’il n’y a pas seulement l’argent, il y a ce choix que je n’ai

SALVATOREJe ferme la porte de mon bureau derrière moi, le clic résonnant comme un verdict, et je sens immédiatement le changement d’atmosphère. L’espace est grand, élégant, presque froid, chaque meuble, chaque objet disposé avec une précision presque obsessionnelle, reflète la rigueur que j’exige. Les employés qui m’ont suivi ici s’immobilisent, figés par la simple perspective d’être à l’intérieur de mon sanctuaire, conscients que dans ces murs, rien ne peut échapper à mon regard.— Monsieur Salvatore, commence un jeune cadre, la voix hésitante, nous avons… enfin, les projections du trimestre dernier, dit-il en posant un dossier sur mon bureau avec des mains tremblantes.Je lève les yeux vers lui, le silence m’emplissant comme un souffle lourd, et il se fige, incapable de soutenir mon regard. Je prends le dossier lentement, feuillette chaque page, laissant le bruit du papier se répandre dans la pièce comme un avertissement. Les chiffres ne sont pas faux, mais approximatifs, manquant

NAHIAAvant même de sentir le frisson du luxe sur mes doigts, il a fallu que je trouve Camille, que je l’emmène dans ce monde qui m’était ouvert comme une promesse interdite, et déjà je sentais la tension me nouer le ventre, cette impatience douce et brûlante, ce mélange de peur et d’excitation qui me faisait trembler à chaque pas.Je sors de l’immeuble où Salvatore m’a laissée, la carte encore glissée dans ma poche comme un poids étrange et fascinant, et je marche dans la rue, mon regard cherchant celui de mon amie. Chaque lumière, chaque passante, chaque reflet dans les vitrines me renvoie une image fragmentée de moi-même, hésitante et pourtant décidée, prête à franchir un seuil que je n’avais jamais imaginé.— Camille ! criai-je enfin, mon souffle rapide, mon cœur battant comme si chaque vibration de la ville résonnait dans ma poitrine, et elle apparaît, tournant la tête, surprise, les yeux écarquillés, incapable de masquer l’incrédulité qui illumine son visage.— Nahia… qu’est-ce

NAHIALe soleil commence à décliner quand nous sortons enfin, nos bras alourdis de sacs, nos pas plus lents mais nos cœurs encore légers, nos rires suspendus dans l’air comme des bulles fragiles. Le monde dehors paraît terne, gris, presque étouffé après l’éclat des vitrines, les lumières des miroirs, les parfums des tissus et du cuir neuf, et pourtant je garde en moi cette ivresse, cette chaleur qui ne me quitte plus, comme si chaque pièce que j’ai touchée, choisie, possédée avait laissé son empreinte sur ma peau.Une voiture noire attend devant l’entrée, profil bas, mais reconnaissable entre mille, et je sais sans qu’on me le dise que c’est pour moi. Mon souffle se suspend un instant, la réalité revient, froide et inévitable, comme une main qui me saisit par la nuque pour me rappeler où est ma place. Le chauffeur sort aussitôt, un homme grand, raide, impeccable dans son costume sombre, et d’un geste précis il ouvre le coffre avant de s’incliner légèrement.Camille me regarde, ses yeu

NAHIASes lèvres ne se posent pas sur les miennes. Pas encore. Au contraire, il recule, comme pour me rappeler qu’il est seul maître du tempo, que je ne recevrai que ce qu’il décidera de m’accorder. Sa main s’attarde une seconde de plus sur ma gorge, puis il la relâche enfin, lentement, comme on détache une chaîne.Je vacille, j’inspire à nouveau, et dans ce souffle de liberté, je sens mes jambes me porter d’elles-mêmes. Je m’échappe. La salle de bain m’avale, refuge de marbre et de verre. Je claque presque la porte derrière moi, mais je me retiens : trop de bruit serait une provocation inutile. Alors je tourne la clé à moitié, sans l’enclencher vraiment, et je m’appuie un instant contre la paroi froide.Mon cœur cogne. Mes joues brûlent. Je me déteste de trembler autant, de sentir mes cuisses collées par cette moiteur qui n’a rien d’innocent.Je me jette sous la douche, l’eau s’abat en cascade brûlante sur ma peau, puis je tourne brusquement le mitigeur vers le froid. L’eau glacée m’