À l'autel du destin, oui pour un jour
Je courais derrière le ballon de Samira comme si ma vie en dépendait. Elle riait aux éclats, cette petite tornade de cinq ans, pendant que le vent emportait son jouet vers l’inconnu.
— Naïla, attrape-le ! cria-t-elle, les bras levés.
J’avais dix-huit ans, une gamine encore, mais déjà tout pour elle : sa sœur, sa mère, son monde, depuis que le nôtre s’était effondré. Alors je courais, pieds nus, ma robe trop grande flottant autour de moi.
Le ballon roula jusqu’aux marches d’un grand hôtel. Il atterrit… juste devant lui.
Un homme. Immobile, costume noir, une rose blanche à la main. Son regard perdu dans le vide. Derrière lui, des dizaines d’invités en tenues élégantes. Silencieux. Figés.
Je me suis arrêtée, haletante. Tous les regards s’étaient tournés vers moi.
Mais lui… ne voyait que moi.
Il m’a fixée longuement. Ses yeux se sont allumés, comme si une idée folle venait de naître. Puis il a tendu la main — vers moi, pas le ballon.
— Toi, viens ici, dit-il d’une voix glacée.
Je suis restée figée, tremblante.
Un murmure a traversé la foule :
— C’est elle… Il l’a choisie.
Derrière, une femme a crié :
— Il a perdu la tête ! Épouser une inconnue ? Une gamine ?
Mais il s’est avancé. Lentement. Et quand il s’est arrêté, il a dit, calmement, comme une évidence :
— Tu es au bon endroit, au bon moment. Tu seras ma femme. Aujourd’hui.