AlejandroLe silence est absolu dès que je referme la porte derrière nous. Le tumulte de la fête s’éloigne, étouffé, remplacé par une paix étrange, presque irréelle. Comme si le monde attendait, suspendu, que nous franchissions ce seuil, seuls.Je reste un instant immobile, à contempler Léna. Elle est là, debout devant moi, plus belle que jamais, enveloppée dans cette robe qui épouse ses formes avec une délicatesse presque sacrée. La lumière tamisée caresse ses cheveux, dégage son visage, fait scintiller ses yeux où je me perds à chaque regard.Mon cœur s’emballe, et pourtant, une partie de moi voudrait figer ce moment pour ne jamais le perdre. Graver dans la mémoire chaque détail : la courbe de sa nuque, la façon dont ses lèvres tremblent doucement, cette lumière fragile et forte à la fois dans ses prunelles.Je m’approche lentement, presque avec crainte de briser ce fragile équilibre. Mes mains effleurent sa taille, caresse légère qui cherche à l’envelopper, à la rassurer. Elle ferm
LénaAlejandro.Il est là, droit comme un roi, calme et sûr de lui dans ce costume noir parfaitement coupé qui épouse ses épaules larges. Il n’a pas besoin de sourire pour que je sache qu’il est heureux. Ce sont ses yeux qui parlent, ces orbes sombres et vibrants qui m’électrisent à chaque regard. Quand il me fixe, j’ai l’impression d’être à la fois la seule femme au monde et celle qui a toujours su marcher sur le fil du danger, fragile et indomptable à la fois. Son regard est une promesse silencieuse, une déclaration d’amour et de guerre, un refuge indestructible.Je fais un pas.Un autre.Sous mes pieds, le sol est tapissé d’un mélange parfait de pétales rouges et blancs, la passion et la pureté mêlées dans un tapis vivant qui semble dessiner notre avenir, fragile et ardent. Chaque pas que j’avance est un défi, une victoire contre les ombres du passé, contre les cicatrices que la vie a voulu laisser. Je serre les poings, inspire lentement, profondément.Je suis prête.Un silence sol
Léna Le premier souffle du jour caresse la ville d’une lumière dorée, douce et fragile, comme une promesse suspendue. Tout semble retenir son souffle, comme si le temps lui-même attendait ce moment unique.Le manoir perché au sommet de la colline, surplombant la mer, vibre déjà d’une vie nouvelle. Les jardins, métamorphosés, se parent de guirlandes florales blanches et rouges ces couleurs qui parlent de passion et de pureté, comme notre histoire. Le parfum des roses et du jasmin flotte dans l’air salin, enveloppant tout d’un voile d’éternité.Au loin, j’entends le fracas des vagues contre les falaises, une mélodie grave et rassurante, comme un écho à ce que je ressens au fond de moi.Devant le grand miroir ancien, j’observe ma silhouette dans la robe blanche cassée, légère comme une armure de soie. Le corsage épouse mes formes, sans jamais m’enfermer. Mes mains tremblent quand je caresse le tissu, puis je pose ma paume sur la bague que je garde en secret depuis des mois ce cercle d’o
LénaJe n’arrive pas à détacher mon regard de l’anneau.Il brille sur ma peau comme un serment gravé à vif.Pas trop grand. Pas trop parfait. Juste… exact.À son image.À la mienne.J’ai toujours cru que je ne me marierais pas.Pas parce que je n’y croyais pas, non.Mais parce que je savais ce que cela exigeait.Un mariage, ce n’est pas une robe blanche ni des fleurs.C’est une guerre que l’on décide de mener ensemble, dos à dos.Contre le monde.Contre soi-même.Et Alejandro…Alejandro, c’est le champ de bataille que j’ai choisi.Et l’abri que je n’ai jamais osé espérer.Je le regarde. Il est là, penché sur moi, les yeux brillants d’une douceur qu’il ne réserve qu’à moi. Il ne parle pas, mais je le sens brûler. Fort. Fier. Foutu de certitude.— Tu devrais dormir encore un peu, murmure-t-il en m’effleurant la joue.Mais comment dormir quand ton cœur vient d’exploser sous ta cage thoracique ?Comment dormir alors qu’un homme comme lui vient de poser son monde entre tes mains ?Je secou
AlejandroIl est tard.Ou peut-être tôt.Je ne regarde même plus l’heure.Le silence est total, à peine troublé par le soupir des rideaux que la brise effleure. Dehors, la ville dort, inconsciente de ce moment suspendu. Et moi, je suis là, immobile dans ce fauteuil de cuir noir, torse nu, les bras croisés, incapable de détourner les yeux.Elle est là.Dans notre lit.Léna.Ses cheveux en bataille dessinent des constellations sur l’oreiller. Une mèche glisse sur sa joue. Sa respiration est calme, presque musicale, et chaque souffle qui s’échappe de ses lèvres me rappelle ce que j’ai failli perdre.Je la fixe comme on fixe une vérité trop longtemps tue.Quelque chose que j’ai tenté de fuir, de briser, de dominer.Et qui m’a toujours ramené à l’essentiel : elle.Chaque fois que je prononce son nom, même en silence, c’est comme un serment muet.Un aveu.Un cri intérieur.Léna.Je l’ai détruite.Puis recousue, à la manière d’un homme qui ne sait aimer qu’en griffant.Je l’ai défiée, testée
Adrian BlackwoodSilence.Après la tempête, il n’y a rien d’autre.Ni cris, ni ordres, ni urgence.Juste un calme suspendu, presque trop calme, comme si le monde avait cessé de tourner quelques instants.Un vide sonore, un écho gelé entre deux battements de cœur.Je suis resté là.Assis. Figé.La tête entre les mains, les coudes posés sur mes genoux.Le genre de posture qu’un roi n’adopte jamais.Mais ce soir, je ne suis plus un roi.Ce soir, je suis un homme à genoux, priant dans une langue qu’il ne comprend plus.Mes paumes tremblent encore.Je sens l’odeur métallique du sang. Le souvenir de son regard. Le froid dans sa peau.Et ce cri étouffé dans sa gorge, quand elle a murmuré mon nom comme une supplique.Elle est vivante.Et lui aussi.Ils sont là.Je me répète ça comme une incantation.Mais j’ai du mal à le croire.J’ai vu trop de morts pour croire sans douter à la survie.Puis on frappe à la porte.Un geste doux, discret, presque tendre.Je lève les yeux.Une infirmière entre,