Complètement recouverte d'une épaisse couche de neige, Cunégonde peina à courir pour s'échapper de son kidnappeur. Voyant qu'il n'était pas si loin et qu'il finira par la rattraper, elle prit son courage à deux mains et courut aussi vite qu'elle le pouvait. Le rythme du battement de son cœur s'accéléra, elle regarda de temps en temps en arrière pour s'assurer que son kidnappeur n'était pas si près d'elle. Il n’en était pas question qu'elle se retrouve une nouvelle fois dans cet enfer, ligotée sur une chaise, un bandana recouvrant sa bouche. Non ! Elle voulait absolument le fuir et même sans laisser de trace. Elle commença à avoir affreusement froid, la neige lui colla la peau et elle grelotta sous l'effet de la fraîcheur. Elle avait longuement couru sans savoir où elle allait. Tout ce qui comptait pour elle en traversant ces bois était fui ce monstre une bonne fois pour toute. Sa première tentative avait échoué, mais cette fois-ci, elle savait qu'elle l'avait échappé étant donné qu'elle n'entendit plus ses pas ni ses cris.
Cependant, elle était au milieu de nulle part. Il faisait sombre et la brune avait recouvert l'horizon. Elle avança d'un pas et par mégarde elle trébucha un rocher et tomba. Elle poussa un gémissement de douleur et lorsqu'elle massa sa cheville pour atténuer la douleur, elle se rendit compte qu'elle saignait abondamment. Dieu, elle avait horreur de ça. Elle détestait voir du sang. Elle déchira une partie de sa robe et l'attacha autour de sa cheville pour arrêter l'hémorragie._ Cunégonde!!!
Elle frissonna de peur à l'entente de son prénom. Son kidnappeur était toujours dans les parages. Elle se leva brusquement du sol et se mit à courir malgré la douleur qu'elle ressentait. Elle vit au loin une maison éclairée. Un sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle avança. Elle était enfin sauvée, songea-t-elle.
Elle toqua à la porte en bois et en profita pour surveiller ses arrières. Personne ne vint ouvrir pourtant elle Jura qu'il y avait une présence humaine dans cette maison. Elle toqua à nouveau, mais personne n'ouvrit. Bizarre !
Elle boita jusqu'à la fenêtre et jeta un coup d'œil. Elle apercevait une silhouette assit devant la cheminée avec une tasse en main. Elle boita jusqu'à la porte et donna un violent coup à la porte manquant de faire craquer le bois.
_ Ouvrez-moi cette porte, cria-t-elle. Je sais qu'il y a quelqu'un à l'intérieur.
Voyant qu'elle n'ouvrait pas elle continua à frapper la porte en vain.
_ Je vous en prie, supplia-t-elle en sanglots. Je suis en danger, ouvrez-moi cette porte.
La porte s'ouvrit brusquement. Un homme braqua son fusil sur elle. La jeune femme mit ses mains en évidence en claquant de peur.
_ Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi à une heure tardive ? Questionna-t-il en rapprochant son fusil plus près du visage pâle de la jeune femme.
_ Je... Laissez-moi entrer dans votre maison, balbutia-t-elle.
_ Vous blaguez j'espère, s'écria-t-il en chargeant son fusil.
Cunégonde grimaça et recula. Quel grotesque homme ! Ces trois mois, enfermée dans une chambre sombre sans pour autant voir l'extérieur était un cauchemar pour elle et maintenant qu'elle avait réussi à s'échapper ou presque, elle s'était retrouvée devant la maison d'un homme odieux et sans grâce qui avait rien à faire qu'une femme vulnérable soit-elle frappait chez lui pour lui demander de l'aide.
_ Allez-vous-en, s'égosilla-t-il en menaçant de tirer.
Voilà elle n'avait que deux options. Répartir et se faire attraper à nouveau par son kidnappeur ou affronter cet homme désagréable pour se réfugier de force chez lui. En y pensant, elle n'aura pas le cran pour faire demi-tour et se retrouver une nouvelle fois dans cet enfer insupportable qu'elle avait eu du mal à s'extirper. Quoiqu'il en soit, aussi odieux soit-il elle allait quand même entrer dans cette maison qu'il le veuille ou non.
_ J'exige que vous vous effaciez de la porte pour me laisser entrer. Ordre de la princesse, manda-t-elle en lui tenant tête.
Prise de stupeur, il baissa son fusil et retira son chapeau en paille qui avait couvert la totalité de sa chevelure noire. Elle remarqua qu'il était plus grand qu'elle. Les sourcils froncés, il la mitrailla du regard et poussa un rire moqueur qui énerva la jeune femme.
_ Pourquoi Riez-vous ? Demanda-t-elle en restant impassible.
_ Ordre de la princesse ? Railla-t-il. Qu'est-ce qui ne faut pas entendre. Allez-vous-en, ordonna-t-il en voulant fermer la porte.
La jeune femme étant rapide, cala la porte avec son pied en foudroyant cet homme du regard.
_ Je suis la princesse de Clèves et je vous ordonne de me laisser entrer, insista-t-elle.
_ Et moi je suis le roi, ironisa-t-il. Et je vous ordonne de retourner dans vos quartiers jeune fille.
En proie à la lassitude, elle poussa un soupir de désespoir et baissa furtivement la tête.
_ Quelqu'un veut ma mort. J'ai fait tout ce chemin pour venir devant votre porte. Il ne tardera pas à me retrouver et me tuer.
_Qui ça il ? Interrogeait-il en portant durement son regard sur elle.
Elle releva la tête, émerveillée par ses yeux de couleur bleu azur qu'elle vit lorsqu'il s'était plus rapproché d'elle.
_ J'attends ! S'impatienta-t-il.
_ Un...
_ Cunégonde!!!
La bouche légèrement entrouverte, elle se retourna. Elle entendit des pas qui se rapprochaient. Elle regarda ensuite l'homme qui était en face d'elle d'un œil craintif.
_ Je vous en pris, Laissez-moi entrer, supplia-t-elle.
_ Cunégonde!!!
La voix de son ravisseur se rapprocha de plus belle. Signe qu'il n'était pas loin. Cunégonde dû s'agenouiller pour implorer son aide.
_ Relevez-vous !
Elle se leva sous son ordre et d'un geste hésitant il s'écarta de l'entrée.
_ Entrez avant que je ne change d'avis.
Toute souriante elle entra et il ferma la porte derrière lui. Il accrocha son fusil au mur et s'avança vers la cheminée pour y mettre du bois. Pendant ce temps-là Cunégonde scruta la pièce. C'était une grande maison chaleureuse et bien rangée pour un homme s'étonna-t-elle en songeant à l'appartement de son frère aîné sens dessus dessous. En dépit de la fatigue et de la douleur qu'elle ressentit à sa cheville, Cunégonde ne put s'empêcher d'éprouver une sensation de liberté. Elle s'était enfin détachée de l'emprise de cet énergumène.
Sentant que sa robe lui colla à la peau, elle ouvrit la fermeture éclaire et s'apprêta à la glisser au sol quand l'homme à l'apparence froide s'écria.
_ Vous n'allez tout de même pas vous déshabiller dans mon salon et devant moi en plus, fit-il en restant baba.
_ Pourquoi pas ! Je vous ai supplié lamentablement pour que vous me laissiez entrer dans votre maison et maintenant que j'y suis vous m'aviez laissé planter là sans me donner de quoi poser mes fesses. Alors ça m'étonnerait que vous me laissez entrer dans l'une de vos chambres pour me déshabiller.
D'un geste rapide, elle laissa tomber sa robe au sol laissant découvrir sa forme généreuse, sa culotte rose à dentelle ainsi que son soutien-gorge qui couvrait à peine sa poitrine. Elle attrapa ses cheveux roux en un chignon et boitait sur le sol froid pour se tenir ensuite devant la cheminée.
Suffoqué, il écarquilla les yeux par ce spectacle qui s'offrait à lui. Il quitta le salon et revint quelques minutes plus tard avec un peignoir qu'il lança à la jeune femme.
_ Couvrez-vous !
Son ton employé lui donna froid au dos.
_ Je le ferai quand j'en aurai envie. Cependant j'ai besoin d'exposer mon corps à cette chaleur ardente du feu de votre cheminée. Permettez-moi.
_ Eh bien, je ne vous permets pas. Dans ce cas señorita je ne me dérangerai pas à vous foutre dehors ou encore mieux vous livrez à cet homme qui vous recherche, menaça-t-il sur un ton ferme.
Instantanément, elle prit le peignoir et se couvrit. Voyant qu'elle saignait du pied, il poussa une chaise devant la cheminée et l'ordonna de s'asseoir. Il revient avec une boîte à pharmacie et s'assit devant elle sur un tabouret.
_ Votre pied !
Elle lui tendit son pied et il retira le tissu imbibé de sang. Elle trembla en voyant le liquide rouge qui s'échappa de sa cheville. Elle détourna son regard pour éviter de voir le sang.
Délicatement, il appliqua une pommade sur la plaie après l'avoir désinfecté. Ce geste doux et agréable lui donna des frissons, mais il l'interrompit pour bander la plaie.
_ Vous aviez une très jolie maison, complimenta-t-elle pour briser le silence qui devenait trop pesant pour elle.
Il ne répondit pas et acheva son geste.
Fugace elle reprit la parole.
_ Chez moi, quand quelqu'un nous fait un compliment que ça soit sur notre maison ou notre physique on dit merci.
Il referma la boîte et se leva du tabouret.
_ Merci, remercia la jeune femme sans pour autant détacher son regard meurtrier sur lui.
_ Cet homme qui vous recherche, s'empressa-t-il de dire. Pourquoi vous cherche-t-il ? Est-ce votre époux que vous fuyez ?
_ Mon époux ?, fit-elle stupéfaite. Ce n'est pas mon époux et puis, je ne suis pas mariée. Je suis toujours célibataire.
_ Je ne vous ai rien demander sur ce point, fit-il référence à sa dernière phrase. Je m'en moque que vous soyez célibataire ou pas et puis vous mentez très mal, rajouta-t-il en posant ses yeux sur son annulaire.
Elle regardait sa bague et la retirait de son doigt pour la jeter dans les flammes. Il leva un sourcil d'étonnement. Cette femme était carrément folle. Soudain quelqu'un frappa à la porte. Le visage de la jeune femme se pâlit.
À suivre...
 Au cœur du Ranch... _ Peut-être que c'est lui, dit-il en regardant Cunégonde tremblée comme une feuille. Autant vous livrez à lui, ajouta-t-il en s'avançant vers la porte. _ Mais je ne vous... ai rien fait à part abuser de votre hospitalité, bégaya-t-elle au bord de la panique. _ Justement, lâcha-t-il en faisant un pas. _ Pourquoi vous êtes si cruel ? Demanda-t-elle en boitant vers lui. Attendez, vous êtes de mèche avec mon kidnappeur ? Vous voulez soutirer de l'argent à mon père ? Suis-je entrée dans la gueule du loup ? À sa dernière question, elle sentit ses joues s'empourprées. Il lui jeta un regard étonné. _ Non mais qu'est-ce que vous racontez ? Pourquoi aurais-je besoin de soutirer de l'argent à une personne que je connais ni de vue et d'existence ? _ Et bien ce n'est pas cette impression que vous me donnez. Les coups de porte se firent entendre à nouveau.
 Au coeur du Ranch... Elle prit la brosse de sa main et s'approcha d'un pas hésitant vers l'animal. Il se tenait derrière elle. Elle posa la brosse sur le dos de l'animal et le brossait en essayant de ne pas lui faire mal. Même si l'animal ne bougeait pas elle savait qu'elle s'y prenait mal. Le propriétaire posa sa grande main sur la sienne et la montrait comment s'y prendre. À un moment donné, elle se sentait gênée. Le sentir coller à son dos la rendait perplexe. Il caressait le revêt de sa main suscitant en elle un trouble qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant. Il arrêta subitement son geste et établit le foin devant le cheval qui se mit à brouter. Cunégonde continuait à le brosser tout en faisant bien attention. — Vous aviez combien de chevaux ? Demanda-t-elle sans le quitter des yeux. — Une cinquantaine, répondit-il sans pour autant la regarder. Elle écarquilla les yeux, stupéfaite. Une cinquantaine ! Elle
 - Avant tout, vous devriez vous laver les mains, dit-il d'une voix suave qui frémit la jeune femme. Il apporta de l'eau dans un sceau et la jeune femme y trempa ses mains. Il lui donna ensuite une serviette propre avec laquelle elle nettoyait ses mains. — Saisissez un train dans chaque main, lui ordonna-t-il. Elle s'exécuta et le fixa attendant qui lui dise quoi faire par la suite. Et au fur et à mesure qu'il l'orientait, elle parvenait à extraire le liquide du train de la vache. Que ne fut sa stupéfaction lorsqu'elle constatait qu'il lui souriait. Elle haussa les sourcils. — C'est bien pour la première fois depuis hier que je vous vois sourire, observa-t-elle. Sans broncher, il reprit le sceau à moitié rempli et se leva du tabouret. Cunégonde l'observait s'éloigner. Elle se leva à son tour pour le rejoindre. — Vous m'aviez souri chuchota-t-elle derrière ses larges épaules. Il se retourna et
 Au coeur du ranch... — Que faites-vous ? Demanda Dallan lorsque Cunégonde se leva de son siège pour ramasser les assiettes. — Vous aviez fait la cuisine alors c'est à moi de faire la vaisselle, vous ne croyez pas ? Elle se dirigea vers la cuisine et posa les assiettes dans l'évier. — Non laissez ça et aller dormir. Je vais m'en charger, dit-il en lui reprenant l'éponge. — Mais... — Allez dormir, il se fait tard, insista-t-il durement. La jeune femme ne se fit pas prier une troisième fois et quitta la cuisine après lui avoir souhaité une bonne nuit. Il l'observait s'éloigner tandis qu'une lueur de tristesse planait dans son regard. Et voilà maintenant qu'il éprouvait de la compassion pour cette étrangère, songea-t-il. Il avait du mal à encaisser ce qu'elle lui avait révélé une demi-heure. Elle avait besoin d'aide, au pis des cas, elle finirait pas mettre sa vie en péril. Les assiettes proprement lavées, il les rangea d
 — Vous dites qu'un homme vous a frappé dès que vous aviez ouvert la porte ? S'étonna l'agent de police sans quitter des yeux son carnet de note. Les traits de Dallan se serraient plus. Voilà pourquoi il ne pouvait jamais compter sur la police. Cela faisait plus d'un quart d'heure que la police inspectait la pièce et qu'elle lui demandait pour la énième fois comment la scène c'était déroulée. Cette impatience qui le taraudait au plus profond de lui, lui donnait encore plus un mal de chien au niveau de son front. Elle devrait plutôt se mettre en route pour retrouver Cunégonde, mais au lieu de ça... — Venez donc ? Vous allez nous accompagner au poste de police. — Mais pourquoi ? Est-ce là-bas que se trouve la jeune femme ? Vous ne m'êtes d'aucune aide, s'indigna-t-il en reposant brutalement sur la table basse la poche de glace. Dites à vos hommes qu'ils peuvent se retirer de chez moi, car je ne vois pas ce qu'ils espèrent trouver en fouillant la
 Au cœur du ranch... Dallan s'approcha du corps inerte de cet individu et le retourna pour avoir un aperçu de son visage. Terrifié, l'inconnu mit les mains en évidence lorsqu'il vit l'arme braquée sur lui. - Ne me tirez pas dessus, balbutia-t-il en affichant un regard horrifié. - Que faisais-tu dans ma maison ? Le questionna-t-il. Le gamin se redressa lentement et tenta de se lever. Dallan l'attrapa par le col de son chemisier tout en le fusillant du regard. Le gamin frémit et baissa furtivement les yeux. - Tu parles ou j'appelle la police, le menaça-t-il sur un ton sévère. - Non pas la police, supplia-t-il d'une voix morne. Je vais parler, mais pas pitié, baisser votre arme. Dallan relâcha le col de son chemisier et promena lentement son regard sur lui. Il était assez maigre et portait des vêtements vieux. La botte qui emprisonnait son pied droit était trouée au niveau de la pointe. Il avai
 Cunégonde s'accouda à la barrière de l'enclos tout en observant Dallan jouer au professeur avec le gamin. Voyant le gamin essayer de brosser le cheval avec la brosse qu'il tenait en main lui rappelait le jour où Dallan avait essayé de l'apprendre à s'occuper d'un cheval. Elle se rappelait ce moment où elle avait ressenti un frisson lui parcourir l'échine lorsqu’il avait posé sa main sur la sienne. Elle avait su qu'elle était attirée par lui. Comment ne pas l'être. Elle était quand même tombée sur un homme doté d'un charme irrésistible et d'une générosité sans borne. Oui il était assez généreux. Il aurait pu envoyer ce gamin en prison pour ce qu'il avait tenté de faire à son ranch, mais au lieu de ça il avait décidé de garder ce gamin avec lui et de le faire travailler afin qu'il gagne de quoi s'occuper de ses frères. Et elle l'admirait pour ça. Dallan surprit Cunégonde à l'autre bout de l'enclos et entreprit de la rejoindre après avoir laissé de
Au son des crissements de pneus, Cunégonde leva les yeux vers la fenêtre et aperçu la voiture de service de police remontée l'allée. Prise de panique, elle ouvrit la porte d'entrée, descendit les marches quatre par quatre. Les bras croisés, elle attendit que la voiture se stationne quelque part avant d'aller à sa rencontre.— Bonjour Mlle, Heureux de vous savoir toujours en vie.— Vous n'allez pas l'emmener, commença Cunégonde d'une voix agressive. Vous allez le laisser tranquille monsieur l'agent. Il ne mérite pas la prison pour avoir sauvé la vie d'une personne.— Cunégonde ?Dallan posa un regard surpris sur le commissaire.— Bonjour Dallan. Je vous apporte de bonnes nouvelles.— Vous n'êtes pas venu l'emmener ? Demanda Cunégonde, ébahie.— Non. Nous n'avons aucune charge contre lui. Nous