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Chapitre 5 — L’ombre et la lumière

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-06-29 23:44:51

Aya

Je l’écoute, suspendue à ses lèvres.

Je devine que lui aussi porte ses blessures,

mais il ne les montre pas.

Plus tard, il me conduit hors du bar, dans la nuit qui se fait plus fraîche.

Ses mains effleurent mon bras avec une délicatesse inattendue.

Je sens son souffle sur ma peau, son corps contre le mien,

et pour la première fois depuis longtemps, je ressens autre chose que la peur.

Il m’invite dans un endroit discret, une suite cachée dans un vieux palais napolitain.

Là, les lumières sont tamisées, l’atmosphère chargée de secrets et de promesses.

Sans un mot, il m’attire contre lui.

Ses lèvres trouvent les miennes, fermes, exigeantes,

mais aussi pleines d’une douceur qui me déstabilise.

Je fonds dans ce baiser comme on se noie dans une mer calme,

oubliant le froid, la douleur, la peur.

Ses mains parcourent mon corps avec une lenteur calculée,

découvrant chaque courbe, chaque creux, chaque frisson.

Je découvre que ce corps, autrefois blessé, peut encore être désiré,

peut encore brûler d’un feu que personne ne m’avait appris à nourrir.

Mais au-delà du plaisir, il y a cette tension sous-jacente,

cet échange de pouvoir silencieux qui me rappelle que rien n’est simple.

Salvatore n’est pas un prince.

Il est un homme façonné par ses propres batailles,

et ce soir, il m’offre une guerre que je choisis d’affronter.

Au petit matin, quand la lumière filtre à travers les volets,

je reste allongée près de lui, le cœur battant à tout rompre.

Je sais que ce n’est que le début.

Que ce lien naissant sera à la fois mon refuge et mon combat.

Mais pour la première fois, je crois à une promesse.

Pas celle d’un conte de fées,

mais celle d’une renaissance possible, au-delà des vagues.

Salvatore

Je suis assis dans mon bureau,

une pièce vaste aux murs tapissés de boiseries sombres,

où chaque détail, du cuir patiné du fauteuil jusqu’aux piles de dossiers ordonnés,

parle de pouvoir et de contrôle.

La lumière blafarde de la ville s’infiltre à travers les grandes fenêtres,

se faufile entre les stores, dessinant des ombres longues qui semblent vouloir s’accrocher à moi.

Je reste immobile, une silhouette haute, parfaite dans un costume noir taillé sur mesure,

la chemise blanche impeccablement repassée, le col ouvert juste assez pour laisser deviner une peau pâle, lisse et froide.

Mon regard perçant, glacial, presque cruel balaie la pièce comme si elle était un échiquier.

Chaque geste, chaque décision, chaque mouvement de cette nuit invisible appartient à un jeu que je maîtrise mieux que personne.

La vérité, c’est que je suis beau, je le sais.

Pas dans un sens banal ou superficiel.

C’est une beauté distante, sculpturale, presque aristocratique,

une beauté qui hypnotise et impose,

qui attire autant qu’elle repousse.

Mes traits sont durs, taillés à coups de discipline et de silence.

Des yeux sombres, presque noirs, qui ne laissent rien passer.

Une mâchoire carrée, souvent serrée, où s’accroche un sourire rare, tranchant, chargé d’arrogance.

Mes mains, longues et fortes, portent la marque de milliers de contrats signés, d’alliances nouées ou brisées.

Je suis un homme de pouvoir une légende dans les cercles où l’on murmure mon nom,

Salvatore Neri, l’inaccessible, l’ombre dans la lumière, le danger tranquille.

Je regarde le verre de whisky posé devant moi.

Le liquide ambré miroite, danse dans le creux du cristal,

promesse d’un oubli momentané ou piège d’une nuit sans fin.

Je sais que je devrais boire,

laisser mes pensées s’échouer dans l’oubli aléatoire de l’alcool.

Mais ce soir, je ne peux pas.

Parce qu’elle est là : Aya.

Son nom résonne dans ma tête comme un écho inattendu,

un grain de sable dans la mécanique bien huilée de ma vie.

Une fissure dans la forteresse que j’ai bâtie avec soin autour de moi,

une lumière fragile que je ne sais pas encore si je veux protéger ou détruire.

Je me souviens du premier instant où je l’ai vue.

Elle traversait la pièce comme une tempête contenue,

le corps fluide, sauvage, une énergie brute et indomptable.

Ses yeux, eux, brûlaient d’une flamme que je n’avais pas vue depuis longtemps.

Elle n’avait pas peur.

Pas vraiment.

Elle portait la douleur, oui,

mais aussi cette force primaire, presque animale, qui défie la fatalité.

J’ai senti au plus profond de moi que derrière ce corps fragile et meurtri,

se cachait une âme indomptable.

Une flamme que personne n’avait réussi à éteindre, ni même à apprivoiser.

Je ne suis pas un homme facile à comprendre.

Mon monde est un labyrinthe d’ombres, de calculs, de stratégies silencieuses,

où les mots sont des armes, où le moindre regard peut être une sentence.

J’ai appris très tôt à ne pas montrer mes blessures.

À cacher la peur derrière un masque d’arrogance glaciale,

à dominer plutôt qu’à supplier, à écraser plutôt qu’à plier.

Mais avec elle, c’est différent.

Elle éveille en moi une part que je croyais morte,

un désir incandescent, fragile, un appel à la lumière dans mon empire d’ombres.

Ce que je ressens n’est pas simple.

Ce n’est pas seulement du désir.

C’est un mélange électrique d’angoisse, de fascination et de colère sourde.

Un besoin viscéral de protéger, de dominer,

mais aussi la peur obsédante de me perdre, de tomber,

de devenir vulnérable.

Je veux qu’elle soit à moi, entièrement,

mais paradoxalement, je veux aussi qu’elle reste libre,

qu’elle garde cette force sauvage qui me fascine.

Cette contradiction me déchire.

Elle me fait vibrer, me rend plus vivant et plus fragile à la fois.

La nuit dernière, quand je l’ai tenue contre moi,

je ne pensais pas seulement à la chair, au désir charnel.

Je pensais à tout ce qu’elle représentait.

La survie, la renaissance, la force brute qui renaît de la cendre.

Je voulais qu’elle sente qu’elle pouvait exister pleinement,

que son corps était un temple sacré et qu’elle avait le droit d’en jouir,

de s’en nourrir, de s’en faire une armure.

Mais je voulais aussi qu’elle sache que je pouvais être son refuge,

qu’elle n’était pas seule dans cette bataille,

qu’elle pouvait se reposer dans mes bras, sans peur, sans jugement.

Je ferme les yeux un instant et revois son visage,

ses lèvres entrouvertes, son souffle lent et fragile.

Je me demande si je serai capable d’être cet homme qu’elle mérite,

ou si je ne serai qu’un autre fantôme, un autre poids dans sa nuit.

Je suis un paradoxe vivant,

un mélange d’ombre et de lumière, d’arrogance et de fragilité,

de puissance et de peur.

Le monde ne nous fera pas de cadeaux.

Les ombres sont partout, tapies dans les coins, prêtes à bondir.

Mais pour la première fois depuis longtemps,

j’ai envie de croire qu’il existe une lumière.

Et peut-être, juste peut-être,

que cette lumière s’appelle Aya.

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