Chapitre 2

J'en suis restée stupéfaite. Il croyait vraiment que j'agissais par simple jalousie ? À cause de ce qui venait de se passer ?

Certes, mon attitude passée, pleine de complaisance envers lui, aurait pu laisser croire à quiconque que j'étais follement éprise de Gwenaël. Mais moi seule savais que j'aurais agi de la même manière avec n'importe qui à la place de mon petit ami.

Myriam, qui avait observé la scène en silence, a commencé à s'agiter : « Mme Duret, si ma présence vous dérange tant, je peux démissionner et promettre de disparaître à jamais de la vie de Gwenaël. Seriez-vous satisfaite alors ? Ne laissez pas la jalousie obscurcir votre jugement ! »

La jalousie ? Si Gwenaël m'accusait de jalousie, je pouvais encore le comprendre. Mais pourquoi Myriam ? Ne lui avais-je pas expressément dit que je la remplaçais comme mariée, jusqu'à faire retailler la robe à ses mesures ?

Avant que je ne puisse approfondir cette pensée, Gwenaël m'a arraché mon téléphone et l'a plaqué devant mon visage. D'un ton glacial que je ne lui connaissais pas, il a ordonné : « Supprime immédiatement le contact de cet agent. Sinon, notre mariage n'aura jamais lieu. »

J'ai repris mon téléphone et l'ai regardé, le cœur lourd.

Cet homme manquait décidément de logique. Même si je supprimais ce contact, rien ne m'empêcherait de le rajouter plus tard à son insu.

Mais mon état de santé m'interdisait toute colère. Pour l'apaiser, j'ai réprimé mon malaise et me suis exécutée sous son regard.

Voyant ma docilité, Gwenaël s'est détendu et a adouci sa voix : « Sonia, cesse de t'imaginer des choses. Si je ne t'aimais pas, t'épouserais-je ? Tu m'as vraiment blessé tout à l'heure. »

Il a marqué une pause avant d'ajouter : « Myriam et moi allons passer quelques jours ailleurs. Profites-en pour réfléchir à ton comportement. J'espère qu'il n'y aura pas de prochaine fois. »

Myriam l'a suivi vers la sortie, et m'a lancé par-dessus son épaule, avec une condescendance méprisante : « Tu as eu du flair, cette fois. »

La porte a grincé en se refermant, me laissant seule, immobile au milieu de la pièce.

J'ai poussé un soupir. En vérité, j'aurais dû comprendre dès la mort de mon père que je ne pouvais compter que sur moi-même en ce monde.

Après une nuit de repos, j'ai repris contact avec mon agent.

Les actions que je détenais représentaient une part considérable, convoitée non seulement par les autres actionnaires, mais aussi par des investisseurs extérieurs. En quelques jours à peine, une offre deux fois supérieure au prix du marché m'était proposée.

J'aurais pu attendre pour obtenir davantage, mais je n'en avais plus la patience. L'idée de les voir afficher leur liaison avec arrogance devant moi m'était insupportable.

Dès que les fonds étaient versés, j'ai réglé les honoraires de l'agent et me suis empressée d'entamer les démarches pour quitter le pays. Durant la semaine d'attente des documents, j'ai aussi transféré progressivement mes biens à l'étranger.

Gwenaël, fidèle à sa parole, ne m'avait pas contactée, voulant me donner une « leçon ».

Le jour de mon départ, alors que je rangeais mes affaires et m'apprêtais à glisser la photo de mes parents dans ma valise, la porte était violemment enfoncée.

Gwenaël a fait irruption, furieux, et m'a bombardé de reproches :

« Sonia ! Tu as vraiment osé ! Parce que je t'ai ignorée quelques jours, tu te permets de jouer les capricieuses ? Sais-tu seulement l'humiliation que j'ai endurée cette semaine à mendier des fonds de tous côtés ? »

« Je croyais que c'était les autres actionnaires qui s'unissaient pour me sanctionner, mais c'était toi, la maîtresse de ce complot ! »

Mendier des fonds ? Lui ?

Puis, en y réfléchissant, j'ai compris : pour devenir PDG, il devait absolument racheter mes parts. Si elles tombaient entre d'autres mains, il perdrait le contrôle de l'entreprise.

Ne voulant pas rater mon vol ni envenimer la situation, j'ai essayé alors de le raisonner calmement : « L'affaire est réglée, et tu as obtenu l'entreprise légalement. Tout le monde y gagne, non ? De plus, cet argent me servira à me soigner. »

Mon mal était guérissable. Seulement, je croyais que notre entreprise traversait des difficultés, que Gwenaël souffrait pour moi. Je n'avais donc jamais osé lui demander une somme aussi colossale pour me soigner.

Mais à ma grande surprise, cet homme considérait déjà tout ce qui m'appartenait comme sa propriété, avec une égoïsme sans borne.

Même un inconnu aurait pris en compte mon état cardiaque, évitant de me mettre en colère. Mais lui, pour parvenir à ses fins, n'a eu aucun scrupule à aggraver mon état, arrachant violemment la photo que je serrais contre moi.

« Tu me rappelles quelque chose, Sonia. »

Avec un bruit sec, il a jeté le cadre au sol, puis a tenté d'en extraire la photo.

Mes yeux se sont écarquillés de choc.

C'était l'UNIQUE photo de mes parents et moi !

La poitrine oppressée, je me suis ruée sur son bras pour l'en empêcher, haletante : « Gwenaël ! Tu as perdu la raison ? »

Il est resté de marbre, sortant simplement un contrat de transfert de biens et un stylo : « Signe. »

Devant mon silence, il a ricané : « Visiblement, il te faut une leçon pour obéir. »

Mais c'était pas que je refusais de parler… Ma gorge se serrait, chaque respiration devenait un supplice.

Alors, comme pour assouvir sa rage, il a déchiré la photo, détruisant ma dernière consolation.

Sans même avoir le loisir de m'affliger, je me suis effondrée à ses pieds, ma conscience commençant à se brouiller. L'instinct de survie m'a fait supplier, la voix brisée : « Mes… médicaments… Donne-moi mes médicaments... »

Un stylo a été fourré dans ma main, tandis qu'une voix glacée a résonné au-dessus de moi : « Signe, et tu les auras. »