MAËVALe silence s’épaissit, saturé d’électricité. Ses yeux brûlent, son souffle gronde, chaque muscle de son corps se tend pour contenir ce qu’il refuse encore d’admettre. Mais je sais. Je sens. Chaque seconde qu’il lutte, il m’appartient un peu plus.Je me penche vers lui, lentement, mes cheveux glissant comme une caresse sur son visage. Son regard suit, prisonnier, et je murmure, moqueuse :— Vous tremblez, Monsieur… Vous n’êtes donc pas aussi maître de vous-même que vous le prétendiez.Un spasme passe sur sa mâchoire. Il détourne les yeux, mais le mouvement n’est qu’une fuite ridicule. Quand ses prunelles reviennent, elles s’accrochent à ma peau, avides, incapables de se détacher. Je le caresse lentement .— Vous… jouez avec le feu, dit-il, mais sa voix tremble.Je ris. Un rire bas, qui claque comme une gifle et effleure comme une caresse.— Non. Je suis le feu. Et vous… vous brûlez déjà.Je laisse mon corsage s’entrouvrir un peu plus. L’air de la pièce se charge, lourd, suffocant
MAËVAL’eau encore brûlante dégouline de ma peau quand je sors de la douche. Je me sens lavée, mais pas apaisée. Chaque goutte roule sur mes courbes comme une promesse. Je m’essuie lentement, avec une précision presque religieuse. Ce n’est pas une toilette. C’est un rituel. Une préparation.Le miroir renvoie mon image, nue, offerte à ma propre évaluation. Mon corps est mon arme. Je le sais. Je le vois. Il suffit de choisir les bonnes munitions pour que chaque regard masculin devienne une faille.J’ouvre mon armoire. Mes doigts effleurent les tissus comme on choisit une lame. Trop sage. Trop transparent. Trop criard. Non. Là. Une robe sombre, sobre en apparence, mais taillée pour moi : moulante juste assez pour souligner ma taille, s’ouvrir légèrement sur ma poitrine, laisser deviner sans tout donner. Une promesse. Une menace.Je l’enfile lentement, sentant le tissu épouser ma peau. Mes hanches. Mes seins. Ma gorge. Je respire profondément : la transformation est en marche.Viennent en
MAËVALa lumière du matin filtre à travers les rideaux, trop claire, trop crue. Elle dévoile tout : la sueur séchée sur ma peau, les marques laissées par sa bouche, les traces de ses mains sur mes hanches. J’ai à peine dormi. Mon corps est lourd, encore douloureux, chaque muscle saturé de fièvre. Chaque pas me rappelle la nuit, la brutalité d’Eliaz, cette faim qu’il a plantée en moi comme une lame.Je ramasse mes vêtements, froissés, jetés à la hâte au sol. Je les enfile en silence, en serrant les dents. Je me sens encore imprégnée de lui, et pourtant… déjà ailleurs.Je veux rentrer. Me laver. Oublier son odeur pour en choisir une autre, plus mienne, plus dangereuse.Je m’éclipse, pensant qu’il dort encore. Mais à peine ai-je franchi la porte qu’il surgit derrière moi. Ses cheveux en bataille, ses yeux brûlants, il ressemble à un fauve mal repu.— Tu pars déjà ? souffle-t-il, la voix rauque.Je serre ma veste contre moi, sans ralentir.— Oui. J’ai besoin de rentrer.Il s’approche, tro
MAËVAJe devais dormir. Juste quelques minutes. Le corps vidé, étendu contre lui, je m’étais laissée glisser dans un demi-sommeil trouble, bercée par le rythme régulier de sa respiration.Je ne sais pas combien de temps a passé. Une heure peut-être.Mais soudain, je le sens bouger. Ses doigts s’égarent déjà sur ma peau nue, impatients, fébriles. Son souffle s’alourdit contre ma nuque, chaud, insistant, et je comprends immédiatement qu’il n’a pas trouvé de repos, qu’il ne peut pas.— Encore…, murmure-t-il d’une voix basse, rauque, pleine d’une faim qui ne connaît pas de satiété.Mes paupières s’ouvrent à peine, lourdes. Tout mon corps proteste, encore engourdi, douloureux d’avoir déjà cédé à la fièvre. Je voudrais lui dire non, le repousser.— Eliaz… laisse-moi…, soufflai-je dans un souffle cassé.Un rire sombre, étouffé, roule contre mon oreille. Pas moqueur. Plus dangereux.— Impossible. Pas après toi. Pas après ça.Ses lèvres mordent doucement ma nuque, aspirent ma peau avec une len
MAËVALa journée s’étire comme un fil trop tendu, prêt à rompre. Chaque son du bureau m’agace, chaque mot échangé avec mes collègues n’est qu’un voile pour masquer mon impatience. Je me surprends à relire le même paragraphe trois fois sans en saisir le sens. Mon esprit n’est pas ici. Il est déjà ailleurs. Avec lui.À 18h43, la vibration sous mon bureau me coupe presque le souffle. Mes yeux se posent sur l’écran, et je sens un courant électrique me traverser.Eliaz : "20h. Hôtel Ardent. Chambre 709."Aucune hésitation dans ce message. Une injonction, plus qu’une invitation.Je laisse échapper un léger sourire, presque nerveux. Mes doigts tapent simplement :"J’y serai."L’hôtel est à son image : discret, élégant, sans fioritures inutiles. Les lumières tamisées du hall effleurent les visages des rares clients présents. Je croise mon reflet dans une vitrine : tailleur noir, lèvres teintées de rouge sombre, regard décidé. Pourtant, sous cette assurance étudiée, je sens mon cœur battre tro
MAËVALe lendemain matin, je pousse la porte du bureau avec une assurance feinte. Extérieurement, je suis irréprochable : tailleur sombre, chignon soigné, démarche mesurée. Intérieurement, je suis un chaos maîtrisé. Chaque battement de mon cœur résonne comme un rappel du baiser d’hier, de son goût, de cette brûlure qu’aucune nuit de sommeil n’a éteinte.Le hall résonne de cliquetis de claviers et de murmures polis. Les regards glissent sur moi, certains curieux, d’autres envieux. Je les ignore. Je n’ai qu’une pensée en tête : lui.Et puis, comme appelé par mon désir, je le vois. Eliaz, debout près de la baie vitrée de son bureau, téléphone à l’oreille. Costume impeccable, allure détendue mais attentive. Il tourne légèrement la tête, m’aperçoit.Un simple regard.Il ne sourit pas, ne bouge pas. Mais son regard accroche le mien, le retient, l’électrise. C’est subtil, maîtrisé. Invisible pour quiconque autour. Mais moi, je sens tout : la chaleur qui monte, la promesse silencieuse derrièr