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Chapitre2- nuit rouge et premier pacte

Author: dainamimboui
last update Last Updated: 2025-06-02 05:05:50

Chapitre 2 – La nuit rouge

C’était un soir d’orage, un de ces soirs où le ciel semblait vouloir prévenir qu’un drame se préparait. Lisa avait dix-huit ans ce jour-là. Elle portait encore ses cheveux longs en tresses fines, comme sa mère aimait les lui faire. Elle riait avec naïveté dans les couloirs de la villa familiale, ignorant que ce serait la dernière fois.

Son père, Raphaël Wood, était l’un des parrains les plus respectés du pays. Trafiquant d’armes, négociateur d’élite, homme de parole et de principes, même dans un monde aussi sale que le leur. Lisa l’admirait, même si elle ne comprenait pas tout ce qu’il faisait. Il avait toujours protégé sa fille comme une princesse enfermée dans sa tour d’ivoire. Elle n’avait jamais vu de sang. Jamais entendu de cris. Il lui avait toujours évité la face noire de leur monde.

Mais ce soir-là, la tour s’effondra.

Tout avait commencé par un cri. Un cri rauque.

Celui de l’un des gardes.

Puis un second, plus proche.

Lisa était dans sa chambre quand elle entendit les premiers coups de feu.

Elle se leva, paniquée, courut jusqu’à la porte mais l’un des domestiques la repoussa violemment à l’intérieur en lui criant :

— Reste ici ! Ne bouge pas !

Elle obéit. Elle était figée, glacée. Son cœur battait si fort qu’elle en avait mal à la poitrine.

Dehors, les tirs se multipliaient.

Elle entendait les pas, les cris étouffés, les ordres hurlés.

Puis le silence. Un silence surnaturel.

Et soudain… une voix.

Grave. Calme. Tranchante.

— Où est la fille ?

Lisa recula instinctivement, comprenant qu’ils la cherchaient. Elle n’était plus seulement la princesse à protéger. Elle était devenue un pion. Ou pire, un trophée.

La porte s’ouvrit dans un fracas.

Et c’est là qu’elle le vit pour la première fois.

Sesar Mcgir.

Il était jeune. À peine plus vieux que son père. Il avait des yeux comme deux gouffres, noirs, insondables, et un sourire qui n’avait rien d’humain. Il s’avança sans dire un mot. Les hommes qui l’accompagnaient restèrent à la porte.

Lisa recula, tremblante. Elle portait un tee-shirt trop grand, ses jambes nues, les pieds nus sur le sol froid. Elle serrait contre elle une peluche de son enfance, geste instinctif, ridicule, mais vital.

— Où est mon père ? murmura-t-elle.

Sesar la fixa longuement, puis s’approcha jusqu’à lui frôler le visage.

— Mort.

Le mot claqua comme un fouet.

Lisa sentit son monde s’effondrer. Elle cria, hurla, tenta de se débattre quand il posa les mains sur elle. Mais il était plus fort. Plus rapide. Plus cruel.

— Non ! Ne me touche pas ! hurla-t-elle.

Il la plaqua contre le mur, l’une de ses mains serrant sa gorge tandis que l’autre déchira le tissu de son tee-shirt. Elle pleura, supplia, griffa, mordit. Mais rien n’y fit.

Il la viola.

Là, dans cette chambre qu’elle avait connue comme un sanctuaire, elle perdit tout : sa dignité, son innocence, sa paix.

Quand il eut fini, il la laissa là, recroquevillée sur le sol, nue, sale, brisée.

Avant de quitter la pièce, il s’agenouilla et lui murmura à l’oreille :

— Tu es le souvenir vivant de ma victoire. Tu porteras ma marque, à jamais.

Puis il sortit.

Lisa resta là des heures, incapable de bouger. Sa gorge était sèche, son corps en feu, son âme… dissoute.

Ce n’est que le lendemain, à l’aube, qu’une femme du personnel osa entrer. Elle trouva Lisa tremblante, muette, le regard vide. Elle la lava, l’habilla, la serra contre elle comme on serre un enfant perdu. Mais elle ne parla pas.

Pas ce jour-là.

Pas les semaines suivantes.

Et même quand elle comprit qu’elle était enceinte… elle ne cria pas.

Elle décida simplement que, tôt ou tard… elle reviendrait.

La chambre était sombre, à peine éclairée par la lumière vacillante d’un vieux chandelier au coin du mur. L’ambiance était feutrée, presque irréelle, comme un décor de théâtre dans lequel elle allait jouer son rôle le plus douloureux.

Lisa Wood n’existait plus. Ce soir, elle s’appelait Dolce.

Sesar Mcgir, le roi de ce monde souterrain, l’avait convoquée dans sa chambre. Pas un mot de plus, juste un ordre lancé du bout des lèvres :

— Dis à Dolce de me rejoindre. Maintenant.

Elle avait hoché la tête, docile. À l’extérieur, personne ne voyait les tremblements de ses mains, ni les déchirures de son cœur. Elle n’avait que 23 ans, mais son regard portait déjà les cicatrices d’un passé qu’il ignorait totalement.

Il ne savait pas que c’était elle, la fille de Raphaël Wood.

Il ne savait pas que cinq ans plus tôt, dans cette même maison, il l’avait prise de force alors qu’elle n’était qu’une adolescente terrorisée.

Et il ne savait pas que de cette nuit était né Bobby, un petit garçon aux yeux trop sages pour son âge.

Lisa était revenue. Pas pour le plaisir. Pas pour l’argent.

Pour se venger.

Elle entra lentement dans la chambre, portant une robe noire fendue, ses longs cheveux bruns remontés en chignon flou. Son parfum enveloppait la pièce d’une douceur amère. Sesar l’attendait, torse nu, un verre de whisky à la main. Assis dans un fauteuil, il la dévisagea, un sourire narquois au coin des lèvres.

— Approche, Dolce.

Elle obéit. Sans un mot.

Il posa son verre, se leva et marcha jusqu’à elle. Il était grand, puissant, sûr de lui. Sa main rugueuse glissa le long de son bras, et elle réprima un frisson. Non de plaisir, mais de rage contenue. Il ne voyait rien. Il ne sentait rien. Il ne reconnaissait pas son crime. Pour lui, elle n’était qu’un jouet de plus, offert par ses hommes pour le satisfaire.

— On m’a dit que tu savais te faire désirer, murmura-t-il contre son oreille.

— Je ne suis là que pour vous plaire, monsieur Mcgir, souffla-t-elle d’une voix douce, brisée.

Il la saisit par la nuque et l’embrassa. Un baiser brutal, sans tendresse. Elle se laissa faire. C’était le prix à payer. Elle avait promis à son fils, chaque nuit, qu’elle lui rendrait justice.

Leurs vêtements tombèrent au sol. Elle s’allongea sur le lit, les yeux ouverts fixant le plafond. Il la posséda comme on écrase une proie. Elle ne dit rien. Ne gémit pas. Elle voulait qu’il pense qu’elle était vide. Qu’elle n’était rien d’autre que Dolce, sa putain du moment.

Mais en elle, un feu brûlait. Un feu noir. Froid.

Elle comptait chaque seconde. Chaque mouvement. Chaque gémissement.

Quand tout fut terminé, il s’allongea à ses côtés, satisfait, le torse nu recouvert d’une fine sueur.

— Pas mal, Dolce. Tu pourrais me rendre accro.

Elle sourit sans sincérité. Il ne la regardait même plus, déjà occupé à reboire un whisky, détendu comme après une séance de sport.

— Tu peux rester, si tu veux, murmura-t-il d’un ton las. Ou partir. Ça m’est égal.

Elle se leva lentement, rassemblant ses vêtements, masquant sa nudité comme elle pouvait.

— Bonne nuit, monsieur Mcgir.

Il ne répondit pas. Elle quitta la pièce, fermant la porte doucement derrière elle.

Et une fois seule dans le couloir, elle s’effondra en silence, ses poings crispés contre son ventre.

Elle sentait encore son odeur. Ses mains. Sa peau.

Mais ce n’était rien comparé à ce qu’elle préparait.

“Tu m’as volé mon enfance. Tu m’as volé mon père. Tu m’as volé ma dignité. Tu crois que je suis à toi, mais je suis ton piège, Sesar. Je suis ta fin.”

Elle retourna dans sa chambre, s’assit devant le miroir et regarda son reflet.

Ses yeux étaient rougis, son maquillage coulé.

Mais elle se força à sourire.

Dolce était née.

Lisa, elle…

préparait sa vengeance.

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