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Chapitre 7 : La Marque

Autor: Darkness
last update Última atualização: 2025-11-10 17:52:13

Ariana

La douleur est une étoile blanche et brûlante au creux de mon épaule. Chaque battement de cœur envoie une pulsation ardente le long de mon bras. Le métal de la broche est un froid mensonger au centre de cette fournaise.

Je titube hors du pavillon, laissant derrière moi l'ombre de Nikos et l'écho de sa voix. Rends la chasse intéressante. Je cours. Non pas par espoir, mais par instinct animal. Mes pas résonnent sur les sentiers déserts, se mêlant au bruissement des lauriers-roses, ces témoins silencieux de ma honte.

Le sang coule le long de mon bras, tiède et poisseux. Je m'engouffre dans une ruelle en contrebas, loin des lumières du front de mer. Je m'effondre contre un mur de pierre humide, le souffle court, la vision brouillée. De ma main valide, je touche la broche. L'épingle est enfoncée profondément. L'arrière est sécurisé. Il ne l'a pas simplement plantée ; il l'a fixée sur moi. Comme on marque le bétail.

Un rire hystérique menace de jaillir de ma gorge. Ariana, le top model, le visage qui vend le rêve. Maintenant, je ne suis plus qu'une bête blessée, marquée au fer de mon propriétaire.

Je dois l'enlever. Je dois.

Je serre les dents, attrape délicatement la feuille de laurier entre le pouce et l'index. Un frisson de nausée me submerge. J'essaie de faire pivoter, de desserrer. Rien. C'est une broche de sécurité, conçue pour ne pas s'ouvrir accidentellement. Il faut appuyer sur un petit levier. Un levier qui est maintenant enfoui dans ma chair enflammée.

Je pousse un gémissement étouffé. La douleur est si vive que des taches noires dansent devant mes yeux. Je vais vomir. Je vais m'évanouir ici, dans cette ruelle, et ils me trouveront au petit matin, morte avec son bijou maudit planté dans la peau.

Non.

La colère, soudain, est plus forte que la douleur. Une colère noire, désespérée. Il ne gagnera pas comme ça. Il ne me réduira pas à une chose qui attend de mourir.

Je me redresse, chancelante. Je fouille dans mon sac, en retire un petit couteau suisse, le dernier vestige de ma vie d'avant. La lame est minuscule, mais elle est tranchante.

Je défais ma veste, déchire la manche de mon t-shirt au niveau de l'épaule. La blessure est un petit trou rouge et en colère, la broche dressée en son centre comme un étendard pervers. Je prends une profonde inspiration, la gorge serrée.

Je ne peux pas l'enlever par l'avant. Alors je vais devoir… passer par derrière.

Je positionne la lame juste à côté de la tige métallique. La peau est tendue, enflammée. Je pousse.

La douleur est si atroce, si absolue, qu'un cri rauque et animal s'échappe de mes lèvres. Des larmes coulent sur mes joues, chaudes et salées. Je pousse encore, sentant la chair se déchirer, le métal racler contre la lame. Le monde se réduit à cette étoile de feu dans mon épaule, à la sensation de mon propre sang inondant ma main.

Soudain, la pression cède. La tige métallique, sectionnée, sort par l'arrière. La broche, la feuille de laurier maudite, tombe par-devant et atterrit sur le sol pavé avec un léger cling.

Je m'effondre à genoux, pantelante, suante, couverte de mon propre sang. La douleur est maintenant une vague sourde et battante, atroce, mais c'est ma douleur. Plus la sienne.

Je ramasse la broche tachée de sang. Je pourrais la jeter. Mais non. Je la serre dans mon poing, le métal froid et tranchant me mordant la paume.

C'est une relique. Un trophée. La preuve que j'ai saigné, que j'ai crié, mais que je lui ai arraché sa marque du corps.

Je me relève, déchire un morceau de mon t-shirt et le presse tant bien que mal sur la blessure. Ce n'est pas propre. Ce n'est pas stérile. Mais c'est un bandage. C'est un début.

Je ressors de la ruelle, chancelante mais debout. Le monde extérieur semble différent. Les lumières de Monaco ne sont plus des joyaux, mais des braises. L'air marin ne sent plus la liberté, mais le sel sur une plaie ouverte.

Nikos croyait m'avoir brisée. Il croyait que cette marque allait me rappeler mon statut de propriété.

Il a eu tort.

En l'arrachante, je me suis rappelée qui j'étais. Une voleuse. Une survivante. Une femme qui avait déjà volé un lion, et qui venait de lui arracher une griffe.

La chasse a changé, une fois de plus. Ce n'est plus une fuite. C'est une guerre.

Et je viens de remporter la première bataille.

Je serre plus fort la broche dans mon poing, sentant les contours du laurier s'imprimer dans ma chair.

Il veut son trophée ? Il va devoir venir le chercher.

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