Chapitre 6 – Danse avec le Diable
Gloria
Le silence est presque religieux dans le bureau de Rafael. Le seul bruit vient des pages qu’il tourne lentement, analysant mes notes. Son regard glisse sur chaque ligne, chaque nom, chaque détail que j’ai consigné avec une précision chirurgicale.
Je retiens mon souffle. J’attends son verdict. Puis, enfin, il referme le dossier avec une lenteur calculée et me regarde droit dans les yeux.
Rafael : « Tu es encore plus précieuse que ce que j’imaginais. »
Je ne bouge pas. Ce n’est ni un compliment, ni une flatterie. C’est une déclaration de fait. Une nouvelle pièce vient de se verrouiller autour de moi.
—
Le jeu commence.
Rafael m’explique la suite : il veut des preuves, des confirmations, des actions. Je ne suis plus seulement une analyste. Je vais devoir agir.
Mon estomac se serre. J’écris sur mon carnet :
*Comment comptes-tu utiliser ces informations ?*
Il sourit. Un sourire lent, mesuré, presque amusé.
Rafael : « Tu crois que je vais te le dire ? »
Je serre les dents.
Il poursuit :
Rafael : « Mais je peux t’assurer une chose : ce sera efficace. »
Je regarde ailleurs. Je sais ce que cela signifie. Des têtes vont tomber. Peut-être même des gens que je connaissais, que j’ai côtoyés à l’agence.
Mais est-ce que je devrais encore me soucier d’eux ?
Ils ne se sont pas souciés de moi.
—
L’engrenage tourne. La première mission arrive plus vite que prévu. Rafael ne me laisse pas le temps de douter, de réfléchir trop longtemps.
Un de ses hommes – Javier – m’accompagne. Grand, silhouette musclée, un air impassible. C’est un tueur, je le devine au premier regard.
Javier : « Reste près de moi. Suis mes instructions. »
Je hoche la tête.
L’objectif : infiltrer un entrepôt où l’agence stocke des fichiers sensibles. Rien de bien dangereux… en théorie. Mais avec Rafael, tout peut virer à la catastrophe en un instant.
—
L’entrepôt. Nuit noire.
Le vent glacial siffle entre les containers. Javier et moi avançons à couvert, silencieux. Mon cœur bat trop vite. Je ne suis plus sur le terrain depuis mon accident. Mais les réflexes ne s’oublient pas. Javier s’arrête près d’une porte latérale, sort un kit de crochetage.
Javier : « Combien de temps nous avons avant une patrouille ? »
Je vérifie mon téléphone.
Trois minutes. Je lui montre à l’aide de mes doigts.
Il hoche la tête, se met au travail.
Clic.
La porte s’ouvre.
—
À l’intérieur.
Des rangées de serveurs, des caisses empilées, une lumière rouge clignotante dans un coin. Je repère l’ordinateur principal.
Javier : « À toi. »
Je m’approche, connecte un périphérique de transfert. Les fichiers se téléchargent. Le temps s’étire. Chaque seconde est une éternité.
Puis…
Bip.
Transfert terminé.
Je retire la clé.
Javier : « On dégage. »
—
Mais la sortie ne sera pas aussi simple. Une voix résonne dans mon oreillette.
Rafael : « Problème. Deux gardes arrivent vers vous. »
Je me fige. Javier sort une arme, prêt à tirer. Je l’arrête. Tirer alerterait tout le monde. Il me regarde, intrigué. Je saisis une boîte en métal sur une étagère et la laisse tomber lourdement au sol.
Bruit sourd.
Javier comprend immédiatement. Il m’entraîne vers un recoin sombre, juste avant que les gardes n’arrivent en courant.
Garde 1 : « T’as entendu ? »
Garde 2 : « Ouais… sûrement un foutu rat. »
Ils s’éloignent. Javier me lance un regard.
Javier : « Malin. »
Je hausse les épaules. On se faufile dehors.
Mission accomplie.
—
Retour à la base.
Rafael nous attend. Il récupère la clé USB, la fait tourner entre ses doigts. Puis il me regarde, amusé.
Rafael : « Alors, c’était comment ? »
Gloria : Je prends mon carnet, écris :
Pas trop rouillée.
Il rit doucement.
Rafael : « Parfait. Parce que ce n’est que le début. »
Un frisson me parcourt. Je suis entrée dans son jeu. Et je ne sais pas encore comment en sortir.
La nuit est courte. À peine quelques heures de sommeil entre le moment où nous sommes rentrés et celui où Rafael m’a convoquée de nouveau.
Je suis fatiguée, mais je ne le montre pas. Il est là, dans son bureau, installé dans son fauteuil en cuir. Son regard est fixé sur l’écran de son ordinateur. Le disque dur que nous avons volé est branché, et les fichiers défilent à une vitesse vertigineuse.
Rafael : « Félicitations. »
Sa voix est neutre, presque absente. Mais il lève enfin les yeux vers moi et ajoute :
Rafael : « Tu viens de nous donner une longueur d’avance. »
Je ne réponds pas. À vrai dire, je ne sais même pas ce que je ressens. Un soulagement d’avoir réussi ? De l’appréhension sur la suite ?
Un mélange des deux.
Rafael : « Regarde. »
Il pivote son écran vers moi. Je m’approche.Ce que je vois me donne des sueurs froides.Des centaines de rapports. Des noms. Des lieux. Des codes d’accès. Et surtout…
Une liste noire.
Je reconnais des noms. Des agents. Certains sont morts. D’autres sont encore en service.Mais le plus troublant…
Mon propre nom y figure. Je sens mon estomac se nouer. Rafael observe ma réaction, impassible.
Chapitre 46 – Frissons d'incertitudeGloria & RafaelGloriaLes premières lueurs de l’aube traversent les rideaux, effleurant ma peau encore tiède. La chambre est silencieuse, mais dans ce silence, il y a quelque chose de lourd, de suffocant. Je reste allongée, les yeux rivés sur le plafond. La douceur de ses bras autour de moi me calme, mais il y a une étrange sensation, une tension invisible que je n’arrive pas à saisir.Ses doigts jouent toujours dans mes cheveux, comme une caresse répétée, mais il n’y a plus de confort dans ce geste. C’est devenu un signe de possession. Un marqueur, un contrôle. Et pourtant, ce contrôle ne m’effraie pas, il m’apaise.Je sais que tout cela n’est qu’une illusion. Une illusion fragile, un équilibre que je n’arrive pas encore à comprendre. Une partie de moi le sait. Mais l’autre, celle qui est encore en lui, dans la chaleur de sa peau, dans le parfum de son corps qui m’entoure, refuse de l’admettre.RafaelJe n’arrive pas à la laisser partir. Pas tout
Chapitre 43 – L’aube fragileGloria & RafaelGloriaJe me réveille avant lui.Pas brusquement. Pas comme ces fois où la peur me ramenait à la surface comme un coup de tonnerre.Non. Cette fois, c’est une remontée douce. Comme si mon corps savait qu’il pouvait prendre son temps. Qu’il n’avait rien à craindre.La lumière filtre à peine à travers les rideaux. Une lueur pâle, gris-bleu, qui effleure les contours de la chambre.Je reconnais cette heure silencieuse, fragile, entre la nuit qui meurt et le jour qui hésite encore.C’est comme un souffle suspendu.J’entends sa respiration. Régulière. Profonde. Elle emplit l’espace, me berce encore un peu.Elle me rappelle que je ne suis pas seule. Que je ne suis plus en fuite.Je n’ose pas bouger. J’ai peur que ce moment s&rsquo
Chapitre 45 – Murmures d’absoluGloria & RafaelGloriaLe souffle court.Le corps vidé.Mais l’âme en feu.Je reste allongée, ma joue contre sa poitrine. Il ne bouge pas.Il me berce sans le savoir. De ses doigts dans mes cheveux, de la cadence calme de son cœur.Je ferme les yeux.Pour la première fois depuis des mois, peut-être des années, je me sens en sécurité.C'est étrange de se sentir à la fois toute petite et infinie, fragile et invincible dans ses bras. Comme si l'univers entier n'existait plus, que lui, et ce moment suspendu, parfait et éternel.RafaelElle respire contre moi. Sa peau moite collée à la mienne.Ses doigts dessinent des cercles lents sur ma cage thoracique.Je pourrais rester là, comme ça, pour toujours.Elle ne dit rien.Mais ce silence
Chapitre 44 – Le feu sous la peauGloria & RafaelRafaelJe ne dis rien de plus.Je la garde contre moi.Et je me fais la promesse silencieuse de ne plus jamais l’abandonner.Même quand elle me repoussera. Même quand ses peurs reviendront.Je resterai. Pour elle. Pour nous.Parce qu’à cet instant précis, je comprends :Ce n’est pas elle qui est à moi.C’est moi qui veux lui appartenir.Et si c’est ça, aimer… alors je suis prêt.GloriaIl ne m’a pas quittée. Pas même une minute.Et c’est ça qui me déstabilise le plus. Ce calme. Cette constance. Comme si, pour une fois, le monde ne cherchait pas à me faire tomber.Mais le calme est traître. Je le sens. Juste sous ma peau, une tension monte. Un besoin. Une brûlure.Le silence dans cette ch
Chapitre 42 – L’abandonGloria & RafaelGloriaJe ne dors pas.Je suis restée là, figée, après qu’il a prononcé ces mots. "Pour toi, je pourrais apprendre."Ils résonnent encore dans ma tête, comme une mélodie dissonante qui refuse de s’éteindre. Ce n’est pas qu’un aveu. C’est un tremblement de terre. Une faille béante dans l’homme que je croyais connaître.Et quelque chose en moi s’est effondré.Pas de douleur. Pas de peur. Juste cette retenue qui a craqué comme un barrage trop longtemps tenu. Comme si toutes mes résistances, toute ma rage soigneusement contenue, fondaient d’un coup sous cette chaleur inattendue.Je l’ai regardé. En silence.Parce qu’il n’y avait rien à ajouter. Parce qu’on était arrivés à ce point précis où les mots ne servent plus à se défendre. Plus à se justifier.Il ne reste que les gestes.Ceux qui trahissent. Ceux qui révèlent. Ceux qui sauvent.Alors j’ai reculé. Lentement.Mes pieds nus sur le parquet froid m’ancrent à la réalité. Je sens chaque fibre de boi
Chapitre 41 – L’Emprise du FeuGloriaIl ne bouge pas. Et moi non plus. On reste figés dans cette proximité qui dévore tout. L’air est chargé, dense, saturé de non-dits, d’envies brûlantes et d’une peur que je n’arrive plus à cacher. Je sens mes jambes me trahir, pas par faiblesse, mais par fatigue de lutter contre ce que je ressens. Je voudrais hurler, pleurer, frapper… Mais rien ne sort. Juste le feu. Le feu qu’il a mis en moi, et qui refuse de s’éteindre.Je détourne les yeux. Un instant. Une brève tentative de reprendre le contrôle. Mais sa main, toujours là, me maintient dans cet entre-deux, ce territoire où je ne suis plus tout à fait moi-même.Gloria : « Tu crois que tu as gagné. »Rafael : « Je ne gagne pas, Gloria. Je m’assure simplement que tu ne me fuis pas. »Il glisse lentement ses doigts le long de ma nuque. C’est un geste qui aurait pu être tendre s’il n’était pas chargé de tant de pouvoir. J’ai l’impression qu’il appuie sur chaque nerf, chaque fibre sensible de mon êtr
Chapitre 40 – Le Poids du DétourGloriaLa nuit tombe plus lourdement que d’habitude, comme si le ciel lui-même pesait sur mes épaules, une pression invisible mais bien réelle. Le silence est presque suffocant dans l’appartement. J’entends mon souffle, mes pensées qui s’entrechoquent, mais tout semble distant, comme si j’étais plongée dans un état semi-conscient, un entre-deux où mes décisions m’échappent. J’ai l’impression de glisser dans un abîme, emportée par une force que je n’ai pas choisi. Et lui, toujours là, toujours observant, comme un prédateur patient, mais qui attend tout de même le moment propice pour frapper.
Chapitre 39 – L’Emprise de l’OmbreGloriaLa nuit s’étend comme une couverture pesante sur la ville, une mer noire où je me noie chaque soir un peu plus. Je ne sais pas comment je suis arrivée ici. Comment mes pensées sont devenues un enchevêtrement de fils brûlants, ni comment ce jeu dangereux entre Rafael et moi est devenu un combat que je ne peux plus arrêter. Mais une chose est certaine : il est là, et il ne me laissera jamais partir.Je me lève du canapé, les mains tremblantes, le cœur battant la chamade dans ma poitrine. Tout en moi hurle de fuir, de tout quitter, mais mes jambes restent figées, clouées au sol par une force invisible. Il est toujours là, quelque part, dans l’ombre. Cette ombre qu’il porte avec lui, insaisissable mais omniprésente. Une partie de lui qui m’env
Chapitre 38 – L'Incendie du CœurGloriaLe silence m’envahit. Une lourde chaleur imprégnée de tension flotte dans l’air, étouffant tout autour de moi. Rafael a quitté la pièce, mais il est toujours là, omniprésent, comme une ombre qui ne quitte jamais totalement la lumière. Je le sens dans chaque souffle que je prends, dans chaque battement de mon cœur. Et je déteste cela. Parce que tout ce que je ressens pour lui, je le déteste. Je déteste avoir ce désir, ce besoin de le comprendre, de percer son masque, de le toucher… de le posséder.Mais je ne peux pas. Pas maintenant. Pas de cette manière.Je m'assieds sur le canapé, mes mains serrées sur mes genoux. Je dois me reprendre. Ce n’est qu’un homme, après tout. Un homme comme les autres.