L'épouse indésirable et ses jumeaux secrets

Point de vue de Mia

« Félicitations », a dit le Dr Ray en souriant doucement, « vous êtes enceinte. »

J'ai cligné des yeux rapidement, tentant de me concentrer. Son sourire ne vacillait pas, guidant mon regard vers l'écran, où elle a désigné deux petits points battant à l'unisson.

« Des jumeaux », a-t-elle ajouté, « vous attendez des jumeaux. »

Des jumeaux ? Je n'arrivais même pas à accepter l'idée d'être enceinte. J'avais toujours été très prudente - extrêmement méticuleuse. Les pilules que Kyle m'avait fait prendre chaque jour étaient censées éviter cela. Nous avions un contrat - un contrat interdisant la grossesse. Après tout, c'était notre accord.

« Je… je prenais les pilules », ai-je murmuré, ma voix à peine audible. Mes mains tremblaient, posées sur le bord de la table d'examen, tandis que je tentais de me calmer.

Le Dr Ray a froncé les sourcils en me regardant. « Si vous les avez prises régulièrement. Vous êtes certaine que vous ne les avez pas interrompus ? »

J'ai hésité, pas vraiment certaine. Ma mémoire était floue. Il y a eu quelques moments où je m'étais laissée distraire. « Je… » Ma voix s'est brisée, et j'ai secoué la tête. « Je ne suis pas sûre. »

L'expression du Dr Ray est devenue plus sérieuse. « Eh bien, même avec une contraception, il est possible de tomber enceinte, mais… » Elle s'est interrompue, me regardant avec préoccupation. « Ne voulez-vous pas de ces bébés ? »

« Non », ai-je murmuré. « Je ne pensais pas que je pouvais tomber enceinte. »

Elle a essuyé le gel froid sur mon ventre. « Bon, maintenant, il est important de garantir votre santé et celle de vos bébés. Mais je dois vous avertir », son expression s'est durcie, « l'état de votre utérus nécessite une attention particulière. Vous aurez besoin d'une nutrition appropriée, de repos régulier et de visites fréquentes chez le médecin. »

J'ai hoché la tête mécaniquement, ma main se dirigeant sans y penser vers mon ventre toujours plat. Deux petites vies. Deux petites vies qui grandissaient en moi. Les enfants de Kyle, nos enfants.

Après avoir remercié le Dr Ray, j'ai quitté l'hôpital. Je me suis installée dans la voiture, serrant fermement le volant, m'efforçant de respirer calmement. Le chemin de retour m'apparaissait flou. Je ne pouvais cesser de penser aux termes du contrat. Clause 6 - contraception régulière. Interdiction de tomber enceinte. Les termes de notre mariage étaient clairs, comme tout dans notre relation, sans aucune émotion. Je n'aurais pas dû tomber enceinte, car ma vie entière reposait sur le fait de prétendre être sa femme, alors que, aux yeux de tous, y compris les siens, je n'étais que sa secrétaire.

Je me suis garée dans notre allée et, après avoir coupé le moteur, je suis restée dans la voiture. Le mariage devrait parler d'amour, de confiance et de construire une vie commune. Mais lorsque votre mari considère cela comme un arrangement commercial, ces rêves deviennent des illusions. Kyle l'avait bien précisé dès le départ.

« C'est un accord », avait-il dit en glissant le contrat sur son bureau en acajou. « J'espère que tu n'as pas d'autres idées. » Mais j'avais d'autres idées. J'avais un amour caché, dissimulé pendant des années. Alors j'ai signé, espérant, peut-être, juste peut-être, que le temps finirait par changer son regard sur moi.

Trois ans plus tard, cet espoir était aussi irréel que la brume du matin. Notre relation se limitait principalement à des moments mécaniques et sans émotion dans l'obscurité de la chambre. En journée, je n'étais qu'une employée ordinaire de K.T. Entreprises, et notre mariage restait un secret, connu seulement de son assistante personnelle, Linda.

En rentrant chez moi, j'ai préparé un repas simple, mes mains tremblant légèrement. Peut-être c'était la nervosité, mais j'avais plus faim que d'habitude. Je me suis forcée à manger davantage, sachant que je devais garder des forces.

Après avoir mangé, je me suis rapidement douchée. Devant le miroir, j'ai fixé mon reflet. Mon corps n'avait pas encore changé de manière évidente, du moins en surface. Mon ventre restait plat, sans signe extérieur que deux vies grandissaient en moi. Mais la réalité me frappait : deux petites vies en développement. Est-ce qu'ils me ressembleraient ? Auraient-ils mes yeux verts ? Où hériteraient-ils du regard sombre et orageux de leur père ?

Je ne pouvais m'empêcher de penser à eux. Que signifierait cette grossesse pour notre avenir ? Apporteraient-ils de l'espoir ? Ou juste plus de déception ?

Une fois habillée, je me suis assise sur le canapé, attendant le retour de Kyle. Je ne savais pas combien de temps je suis restée là. Ma tête tournait à toute vitesse, passant en revue toutes les façons possibles de lui annoncer la nouvelle. La nuit semblait sans fin. Mes mains reposaient continuellement sur mon ventre, cherchant à établir un lien avec les vies qui y grandissaient. Mais Kyle est rentré tard ce soir. Le temps passait, quelques heures se sont écoulées, et j'ai commencé à somnoler.

Je me suis réveillée en sentant une main familière toucher ma peau, et mon cœur s'est accéléré immédiatement.

Quand j'ai ouvert mes yeux, je me trouvais déjà allongée sur le lit, et Kyle m'avait enlevé mes vêtements. « Kyle, tu es rentré », ai-je dit, nerveuse, une légère douleur au bas-ventre.

« Tu n'es pas allée travailler aujourd'hui », a-t-il murmuré près de mon cou, sa respiration chaude contre ma peau. Ses lèvres ont frôlé ma peau, puis il m'a mordillée légèrement. Je me suis tendue.

« Je ne me sens pas bien, alors j'ai pris un jour de congé. »

La langue de Kyle s'est glissée dans ma bouche. Je savais ce qu'il voulait, mais pas aujourd'hui. J'ai détourné le visage. « Kyle », ai-je levé les yeux vers son visage, si beau. Il avait des pommettes dignes d'un sculpteur et une mâchoire presque sans fin. Ses yeux, d'un gris époustouflant, étaient remplis de désir.

« Écarte les jambes », a-t-il dit, son érection contre mon intimité.

« Non, Kyle. Pas aujourd'hui. » Il s'est arrêté.

Il a reculé, ses yeux gris devenant sombres. « Pourquoi ? »

« J'ai mal au ventre. » ai-je dit, une demi-vérité au goût amer.

La tendresse sur son visage a disparu instantanément. Il s'est levé, a enfilé son peignoir et est allé dans la salle de bain. « Va voir John pour ça », a-t-il lancé en se retournant. John était notre médecin privé. Je n'étais pas assez naïve pour aller le voir pour un test de grossesse. J'ai mordillé ma lèvre.

« Kyle, il y a quelque chose que je dois te dire. » ai-je ouvert la bouche, mais mes paroles ont été noyées par le bruit de l'eau.

Je me suis lentement assise, décidant de l'attendre pour lui en parler après sa douche. Mais à ce moment-là, son téléphone sur la table de chevet a vibré. Une notification a attiré mon attention. Bien que je ne veuille pas regarder, je n'ai pas pu m'en empêcher.

Le nom m'a glacé le sang : Taylor.

« Tu me manques, chéri. Viens me voir jeudi. »

Ce nom m'était familier. Tout le monde qui travaillait chez K.T. Entreprises connaissait ce nom. Kyle Branson avait construit l'entreprise la plus légendaire en dix ans. Ce type apparemment froid et rationnel avait nommé son entreprise d'après lui et la femme qu'il aimait. Les initiales de leurs prénoms formaient K.T. Entreprises. Un rappel constant de la femme qu'il aimait vraiment, imprimé sur chaque immeuble, chaque document, chaque chèque.

Je connais peut-être Taylor un peu mieux que les autres parce qu'elle est ma demi-sœur cadette.

Puis le téléphone de Kyle a sonné à nouveau : un appel de Taylor.