CHAPITRE 7

Jasmine POV

Pleurer n'était pas prévu, mais je ne peux m'en empêcher alors que je réprime la vague étouffante de panique qui monte en moi.

Cela n'arrive pas.

Sous mes yeux, ma vie a été bouleversée et je me sens impuissante. Que puis-je faire quand les parents ne reconnaissent même pas leur propre enfant ?

Ils semblent avoir peur de lui aussi, tout comme moi.

Qui est cet homme ? Un diable incarné ?

Mon corps tremble d'une peur extrême tandis qu'un sanglot m'échappe, et avant que je ne m'en rende compte, je commence à pleurer bruyamment.

C'est étonnamment satisfaisant de pleurer ici. Je suppose que cela me fait prendre conscience que je suis dans une situation désespérée, non seulement parce que j'ai été kidnappée, mais aussi parce que je serai mariée à cet homme maléfique demain matin.

Je n'arrive pas à trouver autre chose à lui dire pour le convaincre que je ne suis pas elle. Est-il aveugle ? Est-il stupide de m'avoir prise pour elle ? Est-il obsédé à ce point par elle qu'il ferait n'importe quoi pour satisfaire son ego débile ?

La texture douce du siège en cuir de la voiture ne va pas me consoler lorsque je m'y enfoncerai davantage.

Je le déteste.

En ce moment, j'aimerais avoir le courage de lui percer la peau avec mes doigts pour le blesser physiquement ou de lui tirer dessus avec une arme à feu.

Je le déteste.

Mes larmes montent en flèche en réalisant que pleurer et haïr un homme assis à côté de moi, sans qu'il ne se sente perturbé par mes larmes, est la seule chose que je puisse faire. Je ne peux pas lui tenir tête. Je ne peux pas m'échapper de la prison où il me ramène.

Dois-je juste accepter ? Lui dire que je suis André pour qu'il me laisse tranquille ? Accepter toutes ces absurdités ne servirait à rien. Il est tellement en colère parce qu'il me prend pour elle que reconnaître ses suppositions stupides ne ferait qu'empirer la situation.

Que dois-je faire ? me demandai-je en pleurant dans ma paume, savourant mes larmes et espérant qu'un miracle se produise pour que je puisse retourner à ma vraie vie.

Pourquoi tout cela m'arrive-t-il ? Est-ce parce que j'ai désespérément souhaité et prié pour un changement dans mon mode de vie ?

Je savais que j'en avais assez de cette vie misérable de femme de ménage où plusieurs hommes nous reluquaient et nous draguaient, et où j'avais encore du mal à payer mes factures. J'avais envie de changement, mais ce n'est clairement pas ce que je voulais.

En ce moment, je préférerais redevenir aussi propre plutôt que d'être ici, avec ce diable incarné qui se soucie peu de mes sentiments, ou quelqu'un qui se fiche totalement de savoir si je pleure à en mourir.

Apparemment, il est sans cœur et dérangé.

Alors que je sanglote, les pensées errantes, une idée me vient soudain. Devrais-je lui dire de m'accompagner à Chicago pour enquêter sur moi ? J'y ai passé toute ma vie, il pourrait enquêter ou interroger mes voisins et mon patron à mon sujet.

Peut-être que ça aidera.

Oui, ça peut aider, mais je sais qu'il ne m'écouterait jamais.

Cette pensée me chatouille les nerfs et je gémis, me sentant blessée comme si j'avais été victime d'une douleur physique.

« Tu vas la fermer ?! » aboie-t-il avec colère à côté de moi.

Je baisse les mains, indifférente à mon apparence physique, avant de le fixer du regard.

« Non, je ne le ferai pas », lui réponds-je d'un ton aigri.

Il semble choqué par mon éclat, mais celui-ci est soudainement remplacé par un sourire sardonique.

Ce genre de sourire qui me donne l'impression qu'il s'attendait à cette explosion ou qu'il fait tout ça pour obtenir cette réaction de ma part.

« Je t'ai dit que je n'étais pas elle. Que veux-tu que je fasse d'autre pour te le prouver ? » Ma voix est étonnamment calme maintenant. Je suis encore pleine de rage, mais j'ai l'impression que lui parler avec maturité et calme l'aiderait.

Il ne répond pas, alors je continue à pleurer.

« Je ne suis pas elle. Je suis Jasmine ! » Je me redresse et hurle en frappant du pied le sol de la voiture.

« J'ai un travail à reprendre chez moi. Quelle excuse veux-tu que je donne à mon patron pour mon absence ? Comment veux-tu que je paie mes factures s'il me vire ? Pourquoi me fais-tu ça ? »

Son silence me tue, me remplissant d'un profond sentiment de chagrin.

Que dois-je dire d'autre ?

Je renifle, pleure encore avant d'essuyer mes larmes et de regarder par la fenêtre de la voiture.

« Je te déteste de m'avoir fait ça. »

Un ricanement s'échappe de ses lèvres, ce qui me fait me tourner vers lui.

« Tu as l'air intelligent, mais tu ne l'es pas. Si tu l'étais, tu ferais bien tes recherches pour ne pas confondre quelqu'un d'autre avec la femme qui t'a largué ! » dis-je entre mes dents serrées.

Je ne sais pas d'où vient tout ça, mais je suis sûre que ça vient de ma volonté de survivre. Quand j'ai dit que je le détestais, je le pensais vraiment.

Pensant que ma déclaration toucherait un point sensible en lui, je suis sur le point de le quitter des yeux quand il m'attrape instantanément, ses doigts s'enfonçant dans la région de mon cou pour tenter de m'étrangler.

Mon dos heurte le siège de la voiture et je m'y enfonce à nouveau en luttant contre lui, mais son emprise sur moi est plus ferme. Son regard est si froid qu'il ravive en moi un sentiment de peur.

Ses yeux dansent, parcourus d'émotions que je ne parviens pas à identifier. Des émotions que je cherche désespérément à comprendre.

Son souffle me caresse le visage, me faisant fermer les yeux tandis qu'il serre les dents avec fureur et hurle d'une voix rauque :

« Tu n'oseras plus jamais me répondre comme ça ? Tu as perdu ce droit dès l'instant où tu t'es enfuie, comme un lâche, on ne sait où ! »

Il ne croit rien de ce que j'ai dit.

Même si je suis tentée de crier et de lui dire que je ne suis plus elle, je m'étouffe.

Je n'arrive pas à respirer. Ses doigts serrent fermement mon cou et la stupeur me traverse le voile. Je crois qu'il veut vraiment me tuer.

Je ferme les yeux tandis que davantage de larmes coulent, attendant que les mains froides de la mort frappent à ma porte, alors qu'il aspire la vie de moi avec ses mains autour de mon cou. Mais au lieu de cela, il me libère, me faisant tousser et prendre autant d'air que possible.

Il s'assoit à côté de moi, ajuste sa veste et prend le gros téléphone pour continuer ce qu'il faisait avant que je ne l'interrompe avec mes stupides larmes.

Heureusement que je ne suis pas encore morte, les larmes continuent de couler sur mes yeux.

Cet homme ne croira jamais un mot de ce que je dis. Je suppose qu'il vaut mieux que j'accepte mon sort, que je reste muette et que je le laisse faire ce qu'il veut de moi.

Je vais faire mes propres recherches et retrouver la femme qui m'a mise dans cette situation. Peut-être qu'alors je pourrai reparler, ou attirer son attention, et il...

Crois-moi.

Je ne le déteste pas seulement, je la déteste aussi.

André Moore. La vraie femme qui était censée être mariée à ce crétin, mais qui s'est enfuie comme une lâche.

Je vais lui faire payer pour ça.