Home / Mafia / LE SANG SUR L'ENCRE / Chapitre 1 – La Proie

Share

LE SANG SUR L'ENCRE
LE SANG SUR L'ENCRE
Author: Darkness

Chapitre 1 – La Proie

Author: Darkness
last update Last Updated: 2025-07-30 06:29:33

Alayna

Je cours pour survivre .

La pluie déchire le ciel en torrents tranchants, violente, furieuse, comme si le monde lui-même voulait m’engloutir. Mes bottes glissent sur le bitume ruisselant. Mon souffle se déchire à chaque inspiration. Ma cage thoracique hurle. Mes cuisses brûlent.

Mais je ne m’arrête pas.

Il est là , derrière moi .

Je ne l’entends pas courir. Il n’en a pas besoin. Il me suit avec la patience des prédateurs. Sans un bruit, sans une ombre, juste cette sensation électrique dans mon dos qui me hurle qu’il est proche , trop proche.

Les néons clignotent au loin, halos verdâtres sur des murs déglingués. Les vitrines sont mortes, les rues abandonnées. Je connais ce quartier. Il pue l’abandon, la drogue et le sang séché.

Mais ce n’est pas ce qui me fait peur . C’est lui.

Je tourne à l’angle d’un immeuble, frôle un container. Mes doigts s’y accrochent. Je manque de tomber. Mon genou heurte le sol. J’étouffe un cri, me relève. Continue.

Un éclair fend le ciel, éclaire un instant mon reflet dans une vitrine cassée : des cheveux trempés plaqués sur un visage hagard, les yeux écarquillés. Une folle. Ou une proie.

Une porte entrouverte. Un vieux hangar rongé par le temps. Je m’y glisse sans réfléchir, referme doucement. Un silence épais s’y étire, moite, collant. L’odeur de rouille et de vieux cuir me soulève le cœur.

Je plaque mon dos contre le mur. Chaque battement de mon cœur cogne dans mes tempes comme un tambour de guerre. J’ai l’impression que la pluie continue de tomber à l’intérieur de moi. Que je me noie de l’intérieur.

Et alors je l’entends.

Un murmure.

Rasoir et soie.

Une voix grave, râpeuse, qui s’infiltre sous ma peau.

— Tu cours très mal, Alayna.

Je me fige. Mon sang se glace.

Mon souffle se suspend.

Il est là. Derrière moi.

Et je n’ai plus nulle part où fuir.

Kael

Elle sent la pluie, la peur… et ce petit quelque chose de plus obscur encore.

L’odeur du conflit intérieur.

Elle veut vivre.

Mais une part d’elle veut mourir entre mes mains.

Je l’observe. Elle tremble, mais ne bouge pas. Elle est à moi déjà, même si elle refuse encore de l’admettre.

Je ne l’ai pas touchée. Pas encore. Je la laisse mordre sa propre panique, danser avec le gouffre.

Je fais glisser une mèche détrempée de sa joue, lentement, avec la douceur d’un bourreau amoureux.

Elle frissonne.

— Tu ne devrais pas courir, chaton. Tu attises mon appétit.

Je me colle à elle. Mon torse contre son dos. Mon souffle contre son oreille.

Je sens sa colonne se tendre sous ma main, comme une corde prête à se rompre.

Mais elle ne fuit pas.

Alayna

Chaque nerf de mon corps hurle. Chaque cellule lutte entre fuite et abandon.

Mais je reste.

Je ne comprends pas. Je ne veux pas comprendre.

J’ai peur. Mais ce n’est pas la peur qui me fige.

C’est lui.

Il ne me touche presque pas. Mais il est partout.

Dans mon dos, dans ma gorge, entre mes jambes.

Il n’a pas encore bougé et je suis déjà à genoux, à l’intérieur.

Je me retourne lentement.

Son regard m’attrape. M’éventre.

Je murmure :

— Pourquoi moi ?

Il sourit. Ce sourire-là, c’est une lame. Et je suis prête à la sentir s’enfoncer.

Kael

— Parce que tu mens avec ton corps, Alayna.

Et moi, je ne laisse pas les mensonges survivre.

Je la pousse doucement contre le mur. Mon genou se glisse entre ses cuisses. Juste là.

Je sens sa chaleur. Son hésitation. Son besoin.

Je saisis sa nuque, l’attire contre ma bouche. Je la goûte sans l’embrasser. Je m’imprègne.

Elle gémit. Presque inaudible. Mais c’est là. Ce son.

C’est mon signal.

Je mords sa lèvre inférieure, doucement, jusqu’à sentir la tension céder, jusqu’à ce qu’elle cesse de réfléchir.

— Tu sais ce que je suis. Et tu viens quand même.

Et elle sait. Elle le sait si bien que son corps se cambre contre le mien.

Alayna

Il est un piège. Et je suis déjà dedans.

Pas de chaînes. Pas de menottes. Juste sa voix. Son regard. Son odeur.

Mes mains s’accrochent à son manteau trempé. Mes jambes se dérobent, mais il est là pour me retenir.

Pour me faire tomber à l’intérieur de moi.

Sa langue glisse le long de ma mâchoire, descend dans mon cou.

Je ne résiste plus.

Il me soulève. Mes jambes s’enroulent autour de lui, comme si mon corps avait toujours su où il voulait aller.

Ses mains s’égarent sous mon cuir. Trouvent la peau.

Il grogne contre ma gorge. Je ferme les yeux.

Je suis en train de sombrer. Et je veux sombrer plus encore.

Kael

Je l’ai maintenant.

Pas seulement entre mes bras, mais dans mes veines.

Cette fille…

Elle va goûter à l’enfer.

Et en redemander.

Je plaque son dos contre le mur. Mon bassin contre le sien. Nos souffles se mêlent, s’entrechoquent.

Elle me cherche. Je la sens.

Ma main glisse entre ses cuisses. Un effleurement. Juste ce qu’il faut pour l’entendre haleter.

Ses lèvres se posent contre les miennes.

Mais ce n’est pas un baiser. C’est une reddition.

— Ce n’est que le début, Alayna. Tu vas m’appartenir.

Et ce n’est pas une promesse.

C’est une prophétie.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • LE SANG SUR L'ENCRE    Chapitre 31 — Petit-déjeuner et présences

    AlaynaLe parfum du café emplit encore la cuisine lorsque des pas résonnent derrière moi. Kael apparaît dans l’encadrement de la porte, les cheveux encore ébouriffés, le visage détendu par le sommeil mais illuminé d’un sourire chaleureux. Ses yeux rencontrent les miens et, pour un instant, tout le reste disparaît.— Bonjour, dit-il d’une voix encore grave de sommeil.Je me lève légèrement sur la pointe des pieds, dépose le couteau sur le plan de travail et lui offre un sourire.— Bonjour… Dormi comme un roi ?Il hoche la tête, les épaules se détendant un peu plus, et vient déposer un baiser furtif sur ma joue. Je sens le contrecoup de cette proximité, un mélange d’habitude et de désir, et je me rends compte que le petit-déjeuner va devenir bien plus qu’un simple repas.Isolde, toujours en peignoir ivoire, me jette un regard qui semble dire : « Observe, apprends », tout en plaçant un plateau supplémentaire sur la table. Elle ne commente pas, mais je devine qu’elle apprécie ces moments

  • LE SANG SUR L'ENCRE    Chapitre 30 — Aube et connivences

    AlaynaLa lumière du matin s’étire comme un voile d’or sur la chambre. Elle glisse entre les rideaux à demi fermés, caresse la commode, accroche les verres d’eau restés sur la table de nuit. Je m’éveille lentement, enveloppée d’une chaleur familière, et la respiration régulière de Kael me parvient comme une rumeur apaisante. Son bras repose sur ma taille, lourd et protecteur.Je ferme les yeux un instant. Les souvenirs de la nuit reviennent en fragments : des éclats de rire étouffés, la moiteur de sa peau, nos cœurs battant à l’unisson. Une langueur douce m’envahit, une certitude d’avoir trouvé un abri, ne serait-ce que pour quelques heures. J’effleure sa joue du bout des doigts. Il sourit dans son sommeil, un sourire presque enfantin qui me serre le cœur.Le parfum du café, lointain mais précis, me tire doucement du lit. Je dépose un baiser discret sur son épaule, glisse hors des draps encore chauds et me faufile hors de la chambre. Dans le couloir, la maison respire déjà, planchers

  • LE SANG SUR L'ENCRE    Chapitre 29 — L’aube en nos corps

    AlaynaJe me réveille dans la pénombre encore tiède de la chambre, enveloppée par son corps chaud contre le mien. L’air est doux, parfumé d’ambre et de sueur mêlés, chargé de l’odeur de nos corps mêlés dans la nuit. La lumière filtrée par les rideaux teinte nos peaux de reflets dorés. Chaque souffle que je prends est encore lourd, chaque mouvement me rappelle les traces brûlantes de notre union.Ses doigts glissent sur ma taille, effleurent mes flancs, explorent avec une lenteur presque cruelle. Je frissonne malgré moi, un frisson qui court le long de ma colonne vertébrale et jusque dans mes reins. Ses caresses sont plus que du désir, elles sont une affirmation silencieuse : il est là, présent, vulnérable à sa manière, mais toujours maître de sa faim.Je ferme les yeux et me laisse guider, laissant mon corps répondre à ses gestes, mais mon esprit reste attentif, calculateur. Chaque soupir que je laisse échapper est une petite victoire, chaque mouvement de mes hanches un signe que je p

  • LE SANG SUR L'ENCRE    Chapitre 28 — Les cendres du feu

    AlaynaLe silence est presque assourdissant après la tempête. Pas un bruit, sinon nos souffles heurtés, la plainte discrète des draps froissés sous nos corps encore emmêlés. Sa chaleur m’écrase, me brûle, me rassure malgré moi. Ma peau est maculée de sueur, perlée d’éclats de fièvre, et marquée de ses doigts, de ses dents, de son emprise. Mais je reste immobile.Je sens ses tremblements légers. Pas assez pour que lui-même s’en rende compte. Juste une secousse, presque imperceptible, qui trahit un état qu’il déteste : la faiblesse.Je passe ma main dans ses cheveux sombres, encore humides, collés par la sueur. Il ferme les yeux, son front appuyé contre mon épaule, et ce geste intime me donne l’impression d’avoir gagné une bataille invisible. Lui, le maître des ombres, réduit à chercher refuge dans ma chair.Je me garde bien de sourire. Mais à l’intérieur, chaque battement de son cœur que je compte est une victoire.KaelJe hais cette sensation. Mon souffle est saccadé, incontrôlable, c

  • LE SANG SUR L'ENCRE    Chapitre 27 — La morsure du désir

    AlaynaIsolde avait raison. Ne combats pas toujours. Laisse-le croire qu’il te dévore, et glisse ton venin au moment exact.Alors je me lève, doucement, comme une proie qui choisit de se livrer au prédateur. Mes doigts effleurent la soie de ma robe, la font glisser sur mes épaules. Le tissu tombe, révélant ma peau nue à la lueur tremblante des chandelles. Je ne détourne pas le regard. Je veux qu’il voie, qu’il sente que c’est moi qui décide de l’instant.KaelDieu… Elle ose. Elle me provoque, elle joue avec un feu dont elle ne mesure pas l’ampleur. La voir ainsi, offerte, me met au bord de la folie. Mon souffle se bloque, puis se fait rauque, animal.Je franchis la distance en un battement de cœur. Mes mains saisissent ses hanches, mes doigts s’enfoncent dans sa chair tendre. Elle étouffe un gémissement quand je la plaque contre le mur froid. J’ai besoin de sentir son corps contre le mien, de la posséder, de m’assurer qu’elle est bien là, à moi, à cet instant.Ses lèvres s’entrouvrent

  • LE SANG SUR L'ENCRE    Chapitre 26 — Sous la même nuit

    AlaynaLe couloir semble interminable, étouffé par le silence. Je marche lentement, comme si chaque pas me ramenait un peu plus à ma solitude. Derrière moi, la voix d’Isolde persiste, fil invisible qui s’enroule autour de ma mémoire. Observer. Lire. Attendre. Ses mots me poursuivent, coulent dans mes veines comme un poison dont je ne veux déjà plus me défaire.Lorsque j’atteins mes appartements, deux gardes s’écartent en silence pour me laisser entrer. La porte se referme, et aussitôt le monde extérieur disparaît. La chambre m’accueille dans une pénombre apaisante, rythmée par le souffle discret d’une lampe suspendue. Mais ce qui attire mes yeux, c’est la salle attenante, d’où s’élève une vapeur légère.Une servante est passée par là. Elle a préparé ce qui ressemble moins à un bain qu’à un sanctuaire.Je m’avance, mes pieds nus frôlant les dalles fraîches. L’alcôve s’ouvre sur une salle de bains ultramoderne, disproportionnée pour une simple captive. Des murs de marbre clair miroitent

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status