Chapitre 8

Les trois jours suivants, Ghislain n'est pas rentré.

Nadège a fait ses valises et a expédié toutes ses affaires chez ses parents.

Après une longue hésitation, elle a appelé finalement sa mère : « Maman, je rentre dans quelques jours. »

« Ah, tu as des vacances ? Ghislain vient avec toi ? » a demandé Julia, joyeuse, « Ta préparation à la grossesse se passe bien ? Mange bien, il faut être en forme pour avoir un enfant en bonne santé. Et dis à Ghislain d'arrêter l'alcool et les cigarettes, et de ne pas veiller trop tard ! »

« Tu te souviens de Manon, en bas de chez nous ? Elle ne cesse de me vanter sa petite-fille, qu'elle est mignonne, adorable… Hum ! Ma fille est si belle, et mon gendre si beau, votre enfant sera bien plus joli ! »

Julia avait toujours tant de choses à dire. Mais cette fois, au lieu de bonheur, les paroles de sa mère lui ont serré le cœur, ses yeux se sont embués.

Percevant un sanglot étouffé, Julia a changé soudain de ton : « Qu'est-ce qui se passe ? Tu pleures ? Il est arrivé quelque chose ? »

Nadège a essuyé ses larmes et a dit la vérité : « Maman… Je vais divorcer. »

Un silence lourd s'est ensuivi. Puis la voix douce de Julia a repris : « Alors rentre chez nous. J'ai acheté une nouvelle parure de lit, tu vas l'adorer. »

« Merci, maman... »

Nadège n'a pas pu retenir ses larmes. Elle a raccroché rapidement, prétextant une occupation.

Puis, s'affaissant dans le canapé, elle a contemplé la photo de mariage accrochée au mur, son visage inondé de larmes : « Tu vois, Ghislain ? Même sans toi, il y aura toujours quelqu'un pour m'aimer inconditionnellement. »

Une notification a sonné, la tirant de ses pensées. Sur son téléphone, une photo envoyée par Liliane : elle et Ghislain, vêtus de leurs tenues de mariage. Liliane resplendissait dans une robe blanche sophistiquée, Ghislain élégant dans un queue-de-pie, évoquant un gentleman d'époque. Ils se serraient l'un contre l'autre, radieux.

Nadège a levé à nouveau les yeux vers leur photo de mariage d'une simplicité presque austère.

Huit années d'amour lui sont apparues soudain comme une vaste farce.

À l'époque, elle avait elle-même souhaité des photos plus élaborées. Ghislain avait refusé, prétextant la lourdeur du processus et son inconfort dans les costumes formels.

Et maintenant ? Le voilà qui enfilait un queue-de-pie sans sourciller, posant tendrement avec une autre femme.

Son « deux poids, deux mesures » l'a sidérée.

Une nouvelle notification a retenti. C'était un autre message de Liliane :

« Nadège, c'est demain notre mariage. J'aurais aimé t'inviter, mais ma maman est très fragile en ce moment… Elle ne souhaite pas te voir. Désolée ! Nous t'inviterons à dîner après tout ça. »

Quelle provocation jubilatoire !

Nadège a ricané et a répondu un seul mot : « Félicitations. »

Puis elle a bloqué immédiatement le numéro.

Elle a appelé ensuite l'entreprise de rénovation avec laquelle elle avait travaillé. Chaque détail de cette maison portait l'empreinte de son amour et de ses efforts. Puisqu'elle partait, tout cela devait disparaître.

...

Le lendemain, lors de la cérémonie, seuls les proches de Liliane étaient présents.

Ghislain a cherché du regard Nadège jusqu'au bout, en vain.

Le soir, après avoir raccompagné Brigitte à l'hôpital, il a annoncé son intention de rentrer à la maison. Liliane a insisté pour l'accompagner, prétendant vouloir remercier Nadège en personne.

Il n'a vu aucune raison de refuser, certain de leur innocence. Mais lorsqu'il a poussé la porte, c'était comme recevoir un coup de massue.

Le vaste appartement était vidé de toute trace de vie, jusqu'aux murs et au sol, brutalement rendus au béton brut. Seules quelques cartons contenant ses affaires personnelles trônaient au milieu du salon vide.

Sous le regard stupéfait de Liliane, Ghislain s'est approché d'un carton et, la main tremblante, a saisi une chemise posée dessus. À l'intérieur, c'étaient les papiers du divorce signés par Nadège… et son dossier médical de sa grossesse extra-utérine...