LOGINLe silence était revenu.Mais ce n’était pas le silence apaisé d’après la bataille. C’était un silence blanc, aseptisé, mortel. Plus de voix métallique. Plus de texte rouge défilant devant mes yeux. Plus de SYNC.Juste le bourdonnement sourd de la ventilation.J'ouvris les yeux.Je reconnus immédiatement le plafond. Ce n'était pas ma chambre. Ce n'était pas non plus l'infirmerie standard.C'était le Bloc de Confinement Biologique. Une cellule de verre et d'acier conçue pour les Lycans atteints de la Rage Rouge ou les Vampires en manque de sang.Je voulus porter la main à ma tête, qui me lançait horriblement, mais un cliquetis métallique m'arrêta.Mes poignets étaient entravés. Pas par des menottes ordinaires, mais par des bracelets de suppression en argent runique, fixés aux montants du lit.J'étais attachée. Comme un animal dangereux.« Elle est réveillée. »La voix venait de l'interphone. Je tournais la tête vers la vitre blindée qui me
L'ascenseur montait en silence, une capsule de verre glissant le long de la colonne vertébrale illuminée de la tour.Je ne regardais pas la vue magnifique de Lyon. Je regardais les données qui défilaient sur la vitre, superposées à mon reflet pâle.ÉTAGE 12... 15... 20.SYNC : 42%.MENACE DÉTECTÉE : FAÇADE SUD.Je fermai les yeux et me connectai aux caméras extérieures. L'image apparut instantanément dans mon esprit, nette, sans latence.Je vis l'escouade de mercenaires en rappel, suspendue à cinquante mètres du sol. Ils se positionnaient au-dessus des fenêtres du deuxième étage, là où Kael et ses hommes progressaient. Ils posaient des charges explosives sur le verre.Ils allaient les prendre en sandwich. Faire sauter les vitres, saturer le couloir de tirs croisés. Kael survivrait, mais ses hommes seraient massacrés.« Analyse des contre-mesures, » pensa la voix froide en moi. « Option A : Alerte sonore. Option B : Surcharge des systèmes de maintenance. »Je choisis l'Option B.Je n'a
Lyon était une ville de lumières, mais à travers mes yeux infectés, elle était une grille de données.Le camion de commandement banalisé était garé dans une ruelle sombre, à deux blocs de la tour Nexus-4. À l'intérieur, Zander et deux techniciens du Réseau surveillaient une douzaine d'écrans montrant les flux de caméras de surveillance piratés.Moi, je voyais autre chose.Je voyais des lignes rouges traverser les murs du camion. Je voyais le flux d'énergie de la tour pulser comme une artère malade. Et surtout, je voyais des mots s'afficher dans mon champ de vision, superposés à la réalité comme des sous-titres de cauchemar.CIBLE : NEXUS-4.DISTANCE : 300 M.SYNC : 22%.Le virus progressait. Il cartographiait mon environnement. Il optimisait mes sens pour la mission, transformant mon cerveau humain en processeur de combat. C’était efficace. C’était terrifiant.« L’équipe Alpha est en position, » annonça la voix de Kael dans les haut-parleurs. « E
La Salle du Conseil Stratégique n'avait pas de fenêtres. C'était un bunker enterré sous la Forteresse, un cube de béton et d'acier éclairé par la lueur bleutée des holocartes.Lorsque j'entrai, le silence tomba comme un couperet.J'avais soigné mon apparence. Je portais un tailleur-pantalon noir, coupe stricte, col haut pour cacher la cicatrice de mon auto-chirurgie. Mes mains étaient gantées de cuir fin. Personne ne pouvait voir qu'il manquait une phalange à ma main gauche.Pourtant, je sentais les regards des cinq généraux peser sur moi. Ils ne voyaient pas la Reine Guerrière de Genève. Ils voyaient l'épouse convalescente, la "Sorcière Éteinte" que l'Alpha traînait par pitié.Kael se tenait en bout de table. Il me jeta un coup d'œil bref, clinique, vérifiant probablement si je tenais debout, avant de reporter son attention sur la carte 3D de la ville de Lyon.« Asseyez-vous, » ordonna-t-il à la salle.Je pris place à sa droite. La chaise était froide.
Le plomb a un goût sucré.C’est une vieille vérité d'alchimiste que j'avais lue quelque part, et qui me revint en mémoire alors que je flottais dans les limbes de la détoxification. Saturne – le métal de la mélancolie et de la lourdeur – s'était déposé dans mes reins, dans mon foie, dans mon cerveau, érigeant un mur impénétrable contre les intrusions psychiques, mais tuant lentement l'hôte au passage.Quand j'ouvris les yeux, je sus immédiatement que je n'étais plus dans ma chambre. L'air était filtré, stérile. Les machines bipsaient avec une régularité agaçante.Je tournai la tête.Kael était là.Il n'était pas assis. Il était debout, adossé au mur opposé, les bras croisés. Il me regardait comme on regarde un inconnu dangereux qu'on vient de capturer.Sur la table roulante à côté de lui, alignées comme des pièces à conviction lors d'un procès, se trouvaient mes affaires :Le Codex Venenis, avec ses pages en peau humaine.Mon scalpel ensanglanté.
Le retour à la Forteresse se fit dans une atmosphère de fausse victoire.Les soldats célébraient la destruction du Puits des Âmes. Ils parlaient de la puissance de Kael, de la précision de sa frappe. Personne ne parlait de la petite femme humaine qui avait jeté une lampe torche pour sauver leur peau.Tant mieux. L'invisibilité était ma nouvelle armure.Dès que nous fûmes arrivés, Kael fut happé par ses généraux. La destruction d'un site antique avait des répercussions géopolitiques qu'il fallait gérer.« Va te reposer, » me dit-il, m'embrassant distraitement sur la tempe. « Le médecin passera te voir pour ton bras. »« Non, » dis-je un peu trop vite. « Je veux dormir. Juste dormir. Pas de médecins, Kael. Je ne supporte plus l'odeur de l'éther. »Il me regarda, ses yeux d'or plissés. Il sentait ma nervosité.« D'accord. Mais je laisse une garde double devant ta porte. Personne n'entre, personne ne sort. »C'était une prison, mais c'était ce que je voulais. J'avais besoin de m'enfermer.







