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Le journal de Barbara Dolce
Le journal de Barbara Dolce
Author: Millie

Chapitre 1: Tu vas rire mais…

Author: Millie
last update Last Updated: 2025-05-08 05:03:59

⁃ Tu vas rire, mais j’ai encore couché avec Erwane . Ouais. Erwane. Le même Erwane que j’ai ghosté pendant deux mois, qui n’a pas su me choisir lorsque je l’ai posé un ultimatum ( moi ou l’autre fille ), qui m’a traitée de ‘dépendante affective’ - j’adore ce terme - et qui revient toujours quand sa meuf le délaisse. Bref. Je sais ce que tu vas dire. Je suis faible. J’ai besoin de thérapie. Et de lubrifiant de qualité. Je sais.”

La voix de Barbara résonne dans le silence de sa chambre, capturée par le dictaphone de son téléphone. Elle s’est mise à enregistrer des mémos vocaux au lieu d’écrire un journal. C’est plus rapide, plus vrai, plus… elle. En face d’elle, son reflet dans le miroir la juge. Soutien-gorge noir jeté au sol, cheveux encore en bataille : elle ressemble à une mauvaise idée en pleine gueule de bois émotionnelle.

“C’est pas que le sexe était mauvais, hein. C’est même ça, le problème. Erwane, c’est comme une chanson qu’on a trop écoutée : on connaît tous les refrains par cœur, mais on y revient quand même, juste pour la sensation. Je devrais vraiment me faire exorciser, ou au moins supprimer son numéro définitivement.”

Elle soupire. Le genre de soupir qui dit “je suis fatiguée de moi-même”.

⁃ Il m’a appelée hier soir à 2h35, je n’ai pas répondu et il a envoyé un audio

Numéro enregistré, mais voix inconnue. Tu sais, ce ton tout doux qu’il utilise quand il veut qu’on oublie les fois où il a disparu. Genre “Barb, je pensais à toi.” Non, tu pensais à ta bite. Et elle, elle pense à moi. C’est ça le vrai triangle amoureux.

Barbara se lève, elle attrape la bouteille de vin entamée de la veille, boit une gorgée sans élégance.

Son téléphone clignote. Rien de lui.

⁃ Tu vois, c’est ça le truc : il me baise, puis il disparaît. Et moi, je me laisse faire. C’est comme si mon corps avait un raccourci clavier : Ctrl+E = Erwane. Chaque fois qu’il revient, j’oublie les larmes, les insomnies, les notes vocales que je n’envoie jamais.

Elle s’allonge sur son lit, jambe repliée, un coussin contre le ventre.

Elle ferme les yeux un instant. Revoit la scène.

Ses mains sur ses hanches. Sa voix rauque qui murmure “Tu m’as manqué.”

Son parfum. Cette odeur insupportable de manque.

Et puis le silence après. Le vide. Le retour à la réalité, version solo.

⁃ Tu vas rire, mais j’ai fait semblant de dormir quand il a mis son jean. Je ne voulais pas qu’il dise au revoir. Je préférais l’entendre partir que l’écouter mentir.

Un rire amer lui échappe. Elle le coupe en plein vol.

⁃ Je parle comme une héroïne de film français. Tout ce qui manque, c’est la clope. Bref.

J’ai toujours trouvé ça ridicule les gens qui font des journaux vocaux. Genre… t’es seule au monde et tu décides de parler à ton téléphone ? Sérieusement ? Mais me voilà. Quatre heures du matin, perchée sur mon lit, en t-shirt, sans culotte, à parler à un micro. Et le pire dans tout ça ? C’est que je trouve ça presque normal.

Ce soir, j’ai craqué. Enfin, cette nuit. Deux heures quarante pour être précise.

J’ai réécouté son message. Trois fois. Peut-être quatre. Je me suis dit que ça devait sortir. Que j’allais enfin raconter. Depuis le début. Ou au moins depuis cette rechute-là.

Il a laissé un message vocal. Encore un. Et moi, comme une idiote pleine d’espoir et de vin rouge, je l’ai écoutée. Et pire : j’ai répondu. Tu veux savoir comment une femme brillante finit toujours par redevenir une gamine de dix-sept ans avec des papillons dans le ventre ? Attends, j’explique comment ça s’est passé.»

***

« J’espère que tu dors pas. »

Sa voix.

Rauque. Fatiguée. Peut-être un peu ivre. Peut-être juste pleine de regrets.

Barbara a pressé pause. Elle a fixé son écran, les yeux mi-clos, la tête posée contre le mur glacé de sa chambre

2 h 36 du matin.

Elle n’aurait pas dû l’écouter. Elle savait que ce genre de message ne menait jamais à rien de bon. Mais l’espoir, ce petit enfoiré, continue de rôder même quand l’amour est déjà en train de pourrir dans une boîte oubliée.

Elle a appuyé de nouveau sur “play”.

« Je sais que j’ai merdé. Et franchement, je sais même plus comment me faire pardonner… »

Mensonge. S’il ne savait pas, il n’enverrait pas de message à cette heure. Il dormirait dans les bras d’une autre. Ce qu’il a probablement fait, d’ailleurs. Barbara le savait, parce qu’elle avait appris à traduire les silences et les soupirs trop longs.

Elle a ri. Un petit rire sec, coupant, qui aurait pu facilement glisser en sanglot si elle n’avait pas cette foutue fierté plantée entre les dents.

Et puis elle a pensé :

Comment on en arrive là ?

Comment une femme comme elle, 24 ans, belle, brillante, avec un diplôme de droit et des robes qui épousent son corps comme une deuxième peau, pouvait se retrouver à écouter un message vocal minable à 2 h 36 du matin d’un homme qui ne savait même pas ce qu’il voulait ?

L’ironie. C’est ça qui lui tenait compagnie. Pas l’amour. L’ironie.

Parce qu’elle, Barbara Dolce, croyait au grand amour. À celui qui bouleverse. Qui chavire. Qui donne envie de vivre, de mourir, de crier, de jouir.

Elle avait été élevée par une mère qui disait :

— Ne donne jamais ton cœur à un homme qui ne sait pas tenir le sien.

Mais elle l’avait fait. Elle lui avait tout donné. Son cœur, son corps, ses silences, sa tendresse, sa putain de vulnérabilité.

Et lui, il avait pris.

Pris, et foutu le camp.

Et maintenant il revenait. Comme les types qui reviennent toujours. Pas parce qu’ils t’aiment, mais parce qu’ils se sentent seuls.

Barbara a ouvert son carnet, celui en cuir rouge qu’elle gardait pour ses pensées les plus crues. Elle a griffonné :

“Je suis fatiguée d’aimer à l’envers.

De me pencher vers des hommes qui ne savent que s’effondrer.

Je suis fatiguée de donner quand je crève d’envie d’être prise.

Sauvagement. Doucement. Totalement.”

Elle s’est relue. Et elle s’est trouvée dramatique. Mais lucide.

Barbara était ce genre de femme. Une tragédie habillée en robe noire, une sensualité armée de sarcasme.

Elle n’avait jamais su aimer à moitié.

Et ça, c’était peut-être sa malédiction.

Elle a repris son téléphone.

Il avait laissé un deuxième message.

« Si tu veux me parler, je suis là. Je dors pas non plus. »

Elle s’est dit : Tu veux une médaille ?

Elle marque une pause, cherche ses mots.

Sa gorge se serre. Elle continue, parce qu’elle ne sait faire que ça : continuer.

« T’as cette manie de toujours revenir quand je commence à respirer normalement. Comme un rappel d’urgence. Comme si t’étais le seul à avoir le droit de me faire mal. »

Un silence. Une gorgée de vin. Elle fixe son plafond.

« Tu veux savoir ce que je ressens ? J’ai envie de t’étrangler et de t’embrasser dans la même minute. J’ai envie de t’oublier, mais t’es là. Toujours là. Dans mes musiques, dans mes fringues, dans mon foutu lit. »

Elle appuie sur “supprimer”.

Elle a souri amère et elle a répondu en une seule phrase :

⁃ « tu peux venir si tu veux »

Le message part.

30 minutes plus tard, quelqu’un cogne à sa porte. Elle n’hésite pas à ouvrir parce qu’elle sait que c’est lui. Elle l’incite à rentrer et prendre place mais après plusieurs regards insistants et profonds …. ils ne pouvaient plus supporter de ne pas s’embrasser et ont sauté le pas. Ils font des préliminaires d’environ 10 minutes pour bien profiter du moment et il la pénètre. C’est à la fois intense, délicat et exquis. Quelques minutes plus tard il atteint son point sensible et elle succombe avec un orgasme transperçant qui a pour conséquence de le faire jouir aussi. C’était souvent comme ça, il prenait plaisir en lui donnant du plaisir. Elle ressenti une forte tension presque qu’électrique sur sa fleur elle se délectait en fermant les yeux, pour mieux profiter du moment.

Après avoir récupéré, il l’a regardé longuement avant de se rhabiller et de rentrer chez lui. Il craignait trop l’ambiance du réveil avec elle a ses côtés. Elle ne dormait pas, elle faisait semblant ! Trop gêné pour affronter son regard après ces moments de faiblesse.

Il est reparti aussi vite qu’il est venu.

Elle est restée là, étalée sur le lit, le cœur en vrac.

Il est 4h du matin.

Et elle vient de se donner à un homme qui a déjà refermé la porte mille fois.

***

Barbara appuie sur pause. Elle soupire. Son téléphone lui demande si elle veut enregistrer ou supprimer le message. Elle hésite. Finalement, elle clique sur « enregistrer »

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