Chapitre 4

Madame Guérin m'a lancé un regard surpris, puis, voyant que je ne montrais aucun signe de colère, son expression s'est un peu adoucie.

« Tant mieux si tu comprends, après tout, la famille Guérin ne peut pas rester sans descendance. »

« Heureusement que Yann est un homme loyal, sinon je n'aurais jamais eu la chance d'avoir bientôt un beau petit-fils dans les bras. »

En parlant, elle caressait doucement le ventre de Clémence, les yeux brillants de bonheur.

Moi, je ne ressentais qu'un immense sarcasme.

Loyal ?

Si Eliott savait, là où il est, que Yann avait 'pris soin' de sa veuve au point de lui faire un enfant… il en retournerait dans sa tombe.

Voyant que je gardais le silence, Clémence m'a jeté un regard timide.

« Claire, tu m'en veux encore pour ce qui s'est passé avec Yann ? »

« Je voulais juste avoir un enfant à moi… J'ai tellement peur, toute seule chez moi. »

Elle a commencé à sangloter à voix basse, comme si elle avait été la victime la plus malheureuse du monde.

Madame Guérin s'est précipitée pour lui tendre un mouchoir, puis s'est tournée vers moi avec irritation :

« Claire, une poule incapable de pondre un œuf n'as pas de mot à dire ici. Ce que porte Clémence, c'est l'enfant de notre famille, et il doit naître. »

Je les ai regardées, toutes les deux, jouant leur comédie avec une froideur tranchante.

« Parfait, alors je laisse officiellement ma place à Clémence. Comme ça, quand le bébé naîtra, il pourra l'appeler maman au grand jour, au lieu de m'appeler tante. »

J'étais sur le point d'ajouter autre chose, mais Clémence s'est soudain agenouillée devant moi, agrippant le bas de mon pantalon en pleurant.

« Claire, je sais que tu es en colère, mais ce bébé est innocent. Tu ne peux pas… tu ne peux pas le tuer. »

Je ne savais pas si elle faisait semblant de ne rien comprendre ou si elle était réellement stupide. J'ai froncé les sourcils et tendu la main pour la relever, mais une voix furieuse a tonné dans la pièce :

« Ne la touche pas ! »

Yann venait tout juste d'entrer et la première chose qu'il avait vue, c'était Clémence à genoux en larmes, parlant de bébé.

Sans réfléchir, il a cru que je voulais lui faire avorter.

Sans réfléchir, il a levé le pied, et m'a violemment frappée au bas-ventre. Ma chaise a basculé. Je suis tombée lourdement au sol.

Mon utérus, déjà affaibli par une IVG récente, n'aurait jamais pu supporter un tel choc.

Un frisson glacial m'a envahie de la tête aux pieds. J'avais l'impression de tomber dans un lac gelé. Ma vision se brouillait. Une douleur sourde perçait mon ventre.

J'entendais encore, à peine, la voix de Yann me hurler dessus :

« Claire Sabatier ! Tu veux encore forcer Clémence à avorter ? Tu ne t'es pas assez acharnée à l'hôpital la dernière fois ? Tu es vraiment une femme sans cœur ! »

Je me suis redressée avec ce qu'il me restait de forces. J'ai sorti les papiers de mon sac et les ai jetés à la figure de Yann.

« Yann, je veux divorcer ! »

Son regard était figé, incrédule. Je me suis tournée, titubant vers la sortie. Mais je n'ai même pas fait deux pas avant que tout devienne noir. Je me suis écroulée.

Avant de perdre connaissance, j'ai entendu des cris affolés :

« Madame saigne énormément ! »

« Appelez une ambulance, vite ! »

« Claire ! »