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Le matin des illusions

Author: Seth
last update Last Updated: 2025-11-21 00:21:52

Il était un peu plus de 7h lorsque John ouvrit les yeux.

Sa tête pesait encore légèrement, mais son esprit était clair.

Il tourna la tête… et son regard se posa sur Joseanne, encore profondément endormie.

Elle paraissait calme, paisible, presque douce dans son sommeil.

Rien à voir avec la femme distante qu’elle devenait chaque fois qu’elle ouvrait les yeux.

John resta là, à l’observer quelques minutes.

Comme si, juste quelques secondes, il pouvait croire que tout allait bien.

Qu’ils étaient encore ce jeune couple amoureux, avant les non-dits, avant les refus, avant les années froides.

Il se pencha lentement et posa un baiser sur son front.

Joseanne cligna des yeux, se réveilla.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? demanda-t-elle d’une voix sèche, légèrement agacée.

John sourit, un sourire triste mais sincère.

— Parce que je t’aime encore, Joseanne.

Elle détourna aussitôt le regard vers la fenêtre, sans répondre.

Ce silence-là lui fit plus mal que n’importe quelle insulte.

Pour cacher sa blessure, John changea de ton.

— Tu peux me préparer un petit déjeuner rapide ? J’ai une matinée chargée aujourd’hui.

Joseanne se redressa brusquement.

— Mais tu ne vois pas que je viens de me réveiller ?

— Va dans la cafétéria proche de ton bureau. Moi je vais m’occuper de l’enfant.

John soupira.

— J’aurai pas le temps pour le café ce matin…

Elle ne répondit pas.

Elle attrapa son téléphone sous l’oreiller, comme à son habitude.

À ce moment-là, le téléphone de John vibra.

Un message de son ami Christophe.

> CHRISTOPHE :

« Mon pote bonjour. J'espère que tu vas bien… Moi j’ai un problème sérieux dans mon couple.

Il faut qu’on se voit pour en parler. J’ai besoin de conseils.

C’est toi l’ancien dans le mariage. »

En lisant ça, John fit un sourire amer.

"Ancien dans le mariage ?"

Si seulement Christophe savait…

Il secoua la tête doucement et se dirigea vers la salle de bain.

Pendant qu’il se douchait, Joseanne, restée au lit, ouvrit W******p et envoya un message vocal à une amie :

— « Non ma chérie, j’étais en vacances chez la belle-famille avec John et le petit.

C’est pour ça que tu ne me voyais plus.

Il n’y avait plus moyen de sortir tout le temps.

Mais là je suis libre. »

Libre.

Le mot résonna encore quand John sortit de la douche.

Il ne dit rien.

Il s’habilla soigneusement : chemise propre, parfum discret, chaussures lustrées.

Il voulait avoir l’air en contrôle, même si son cœur était un chaos.

En prenant ses clés, il écrivit à Christophe :

> JOHN :

« Tu veux qu’on se voit à quelle heure et où ?

Moi je vais aller déjeuner à la cafétéria À Votre Service, juste à côté du bureau. »

Réponse presque immédiate :

> CHRISTOPHE :

« D’accord, mon frère. On se croise là-bas. »

John rangea son téléphone, prit son sac et s’avança vers la porte.

— Je pars. À plus tard, dit-il simplement.

Joseanne ne répondit même pas.

Elle continua à regarder son téléphone.

Au moment de sortir, John sentit une lourdeur dans sa poitrine.

Un mélange de tristesse, de résignation… et un écho du parfum de Falonne qui lui traversa l’esprit.

Il referma la porte derrière lui.

Et dans le silence du couloir, il murmura :

— Je ne sais plus combien de temps je vais tenir comme ça…

Puis il descendit, direction la cafétéria, là où une vérité allait être partagée — peut-être pour la première fois depuis longtemps.

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