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MA MAÎTRESSE
MA MAÎTRESSE
Author: Seth

Trois heures du matin

Author: Seth
last update Last Updated: 2025-11-08 22:37:45

Le silence de la nuit enveloppait la maison. Seul le bruit régulier de l’horloge murale troublait la quiétude. John était allongé, les yeux ouverts, fixant le plafond dans la pénombre. Depuis des mois, il ne dormait presque plus. Son esprit tournait en rond, prisonnier d’un manque, d’un vide qu’il n’osait plus nommer.

À ses côtés, Joseanne dormait profondément, le visage paisible, presque angélique. Elle semblait si douce, si parfaite — du moins, c’est ce qu’elle laissait paraître devant sa belle-famille. Chacun la voyait comme une épouse modèle, élégante, polie, attentive. La belle-fille que tout le monde rêverait d’avoir.

Mais John, lui, connaissait une autre Joseanne. Celle des silences froids, des regards durs, des soupirs lassés dès qu’il parlait trop. Celle qui rentrait le soir avec un sourire de façade pour son fils, puis s’enfermait dans un mutisme blessant.

Ce soir-là, ou plutôt cette nuit-là, John n’en pouvait plus. Cela faisait deux ans et demi qu’il supportait cette distance, cette froideur qui s’était installée entre eux. Il avait besoin de tendresse, de chaleur, de cette proximité qu’ils avaient autrefois. Alors, sans trop réfléchir, il se tourna vers elle et murmura son prénom :

— Joseanne…

Elle ne bougea pas. Il toucha doucement son épaule.

— Joseanne, réveille-toi…

Elle grogna, tira la couverture sur elle, visiblement agacée.

— Qu’est-ce qu’il y a encore, John ? Il est trois heures du matin…

Sa voix était sèche, lasse.

— J’ai besoin de toi, dit-il d’une voix hésitante, presque coupable. Juste un peu de toi…

Elle se redressa brusquement, les yeux mi-clos, mais déjà animés d’une colère froide.

— Tu es sérieux, là ? À trois heures du matin ? Tu n’as pas honte ?

John resta silencieux, cherchant ses mots.

— Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas rapprochés… J’ai juste envie de te sentir près de moi, c’est tout.

Elle éclata d’un rire amer.

— Tu veux me sentir ? Tu n’as qu’à aller chercher ta maîtresse, non ? Peut-être qu’elle, au moins, ne te dira pas non !

Le mot tomba comme un coup de poignard. Maîtresse.

John sentit quelque chose se briser en lui.

Il détourna le regard, blessé, incapable de répondre.

Joseanne, sans remords, se rallongea, tournant le dos à son mari.

— Laisse-moi dormir, John. J’ai un rendez-vous demain matin, je suis fatiguée.

Le silence retomba, lourd, suffocant. Dans le noir, John serra les poings. Les paroles de sa femme résonnaient dans sa tête. Il ne voulait pas de maîtresse. Il voulait juste sa femme, celle qu’il avait aimée, celle qu’il avait cru connaître.

Mais cette nuit-là, il comprit que quelque chose s’était éteint depuis longtemps. Et qu’il ne suffirait plus de tendresse pour rallumer la flamme.

Le jour s’était levé sur la maison, apportant avec lui la chaleur d’un nouveau matin. Dans le salon, la famille s’affairait déjà : la mère de John préparait le petit-déjeuner, le père lisait le journal, et Joseanne, radieuse, servait le café avec un sourire qui aurait pu tromper n’importe qui.

Elle riait, plaisantait avec ses beaux-parents, parlait de la recette qu’elle voulait essayer pour le dîner. Sa voix chantait dans la pièce, légère, agréable. Personne n’aurait pu deviner qu’à peine quelques heures plus tôt, cette même femme avait repoussé son mari avec des mots glacials.

John, lui, observait la scène en silence. Assis au bout de la table, il regardait sa femme rire avec sa mère, échanger des gestes tendres avec leur fils de deux ans. Tout semblait parfait. Mais dans son cœur, tout sonnait faux.

Il but une gorgée de café, sans goût. Ses yeux se posèrent sur Joseanne : si belle, si élégante… et pourtant si loin. Elle s’était arrangée, maquillée, comme toujours lorsqu’elle savait qu’elle passerait la matinée avec ses beaux-parents. C’était sa manière de se faire aimer, d’entretenir cette image de belle-fille exemplaire.

John le savait, et cela le blessait davantage. Elle n’était attentive et douce qu’en présence des autres. Dès qu’ils se retrouvaient seuls, elle redevenait froide, distante, presque étrangère.

Il termina son café, en silence.

Sa mère, souriante, s’approcha de lui.

— Mon fils, tu fais une drôle de tête ce matin. Tu es fatigué ?

Il força un sourire.

— Non, maman, juste un peu de sommeil en retard.

Puis, se levant pour attraper ses clés, il ajouta doucement :

— Maman… quand je rentre ce soir, je vais vous parler d’un truc.

Elle fronça les sourcils, un peu surprise, mais avant qu’elle ne puisse répondre, la voix grave de Jonathan, son père, retentit depuis le couloir :

— Parler à ta mère ? Et ta femme, tu la laisses tranquille ?

Tout le monde éclata de rire. Même Joseanne, feignant la complicité, posa la main sur son cœur en riant :

— Ah, papa Jonathan, laissez-le donc respirer un peu !

John esquissa un sourire mécanique. Il savait que son père plaisantait, mais au fond, ses mots touchaient juste. Oui, il voulait parler à sa mère, pas à sa femme. Parce qu’il ne se sentait plus écouté, plus compris.

Il embrassa son fils, salua tout le monde, et sortit. Le soleil déjà haut frappait la carrosserie brillante de la voiture.

Jonathan arriva derrière lui, la clé à la main.

— Allez, on y va, fiston ? On va arriver en retard à la réunion.

— Oui, papa.

Ils montèrent en voiture. Le moteur ronronna doucement. Pendant que son père parlait de travail, John regardait la route défiler, perdu dans ses pensées.

Chaque virage semblait l’éloigner un peu plus de la maison, un peu plus d’elle.

Un silence s’installa. Jonathan jeta un regard vers son fils.

— Tu sembles préoccupé, John. Tout va bien ?

John força un sourire.

— Oui, papa… tout va bien.

Mais au fond de lui, il savait que ce n’était qu’un mensonge de plus.

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