Chapitre 6

Rachel a senti son sang se glacer. Émettant des sons inarticulés, elle a agité frénétiquement les mains pour se disculper.

Mais Lamar n'a même pas daigné la regarder. Il a examiné le chèque sous toutes ses coutures avant de laisser échapper un rire froid et de le jeter au sol.

« Tu as osé extorquer de l'argent à Bette dans mon dos ? À peine vous connaissez-vous, et te voilà déjà en train de tendre la main comme une mendiante ? Visiblement, j'ai sous-estimé ta cupidité. »

Il s'est rapproché lentement, sa silhouette imposante plongeant Rachel dans une ombre menaçante. Ses yeux habituellement si froids, semblaient désormais chargés d'une tempête prête à éclater.

Rachel connaissait ce signe. Elle avait déjà subi la colère de Lamar, une fureur dont elle portait encore les stigmates, tant physiques que psychologiques.

Recroquevillée sur le lit, elle reculait en tremblant, secouant la tête dans une muette supplique.

Mais la patience n'était pas la vertu de Lamar. D'un mouvement brusque, il l'a attrapée et l'a projetée au sol sans ménagement.

La honte l'a submergée alors qu'elle gisait là, nue et vulnérable. Elle a tenté de se recroqueviller pour préserver les derniers vestiges de sa dignité.

« Qu'est-ce que tu cherches à cacher ? » a ricané Lamar avec mépris, « Ne t'imagine pas que tu pourrais m'intéresser. Même entièrement nue au milieu de la rue, tu ne susciterais que du dégoût ! »

Les paupières closes, Rachel a senti des larmes brûlantes couler le long de ses tempes. Elle savait trop bien que Lamar ne voyait en elle qu'une infirme, un simple substitut pour assouvir ses fantasmes avec Bette. Chaque fois qu'il la prenait, il enfouissait son visage dans l'oreiller, comme pour mieux imaginer qu'elle était une autre.

Serrant les dents jusqu'à s'en faire mal, elle a ravalé son humiliation. Tendant une main tremblante, elle a tenté d'attraper les morceaux de chèque éparpillés. Cette somme représentait son unique espoir, elle était prête à sacrifier sa fierté pour la sauver.

Ce geste désespéré n'a fait qu'attiser la rage de Lamar. Son visage s'est décomposé en une expression sinistre. D'un mouvement précis, il a écrasé sa main sous sa chaussure, appuyant avec une cruauté calculée.

Rachel a blêmi de douleur, son corps secoué de tremblements silencieux.

Le regard toujours aussi glacial, Lamar a ramassé les fragments de chèque et les a réduits en confettis d'un geste théâtral.

Les confettis sont tombés sur Rachel comme une neige cruelle. Elle a tenté désespérément d'en rassembler les morceaux, ses larmes de détresse redoublant.

Cette obsession pour l'argent n'a fait qu'accroître le dégoût dans le regard de Lamar : « La cupidité des pauvres... Si tu es si désespérée, pourquoi ne pas bien me supplier ? Je pourrais peut-être t'accorder quelque chose. Au moins tu ne ferais pas honte à mon nom en quémandant ailleurs. »

D'un geste vif, il lui a agrippé le menton, forçant son visage à se relever. Sous les traces de larmes, ses traits pâles et fragiles dégageaient une solitude pathétique qui, contre toute attente, a éveillé chez Lamar une pulsion étrange. Son pouce cailloux a écrasé brutalement ses lèvres tremblantes.

Rachel a détourné la tête avec un gémissement de douleur, un réflexe qui a mis le feu aux poudres.

Les yeux obscurcis par une colère noire, Lamar l'a projetée violemment sur le lit avant de l'écraser de tout son poids.

Quand Rachel a compris ses intentions, la terreur l'a submergée : et l'enfant ?

Elle s'est débattue comme une lionne prise au piège.

Dans un sursaut instinctif, sa paume a connecté avec la joue de Lamar.

Un silence de mort s'est abattu.

Le visage de Rachel s'est figé d'horreur tandis que Lamar tournait lentement la tête vers elle, révélant des yeux glacés de promesses mortelles. Elle a entamé un geste de supplication, trop tard, ses poignets étaient cloués au-dessus de sa tête.

« Frapper ton mari ? » a-t-il murmuré avec une douceur terrifiante, « Tu cherches la mort ? »

Rachel sanglotait de peur, ses gémissements plaintifs tels des miaulements de chaton n'ont fait qu'attiser la frustration de Lamar.

Comme à son habitude, il l'a retournée brutalement, enfouissant son visage dans l'oreiller avant de s'appesantir sur elle malgré ses faibles protestations.

Soudain, son téléphone a vibré avec insistance.

« Quoi ?! » a-t-il grondé en décrochant.

Un silence gêné a précédé une voix fragile : « Lamar... Tu devais juste chercher des affaires. Je... Je suis seule à l'hôpital, j'ai peur... »

Lamar a éloigné le combiné et a réalisé que c'était Bette. Conscient de sa brusquerie, il a modéré son ton : « Je suis occupé. Je viendrai plus tard. »

« Je comprends... » a murmuré Bette avant de raccrocher.

Mais dès que la communication s'est interrompue, elle a projeté son téléphone contre le mur, les yeux injectés de rage.

Elle n'était pas stupide. Cette voix rauque de désir, ces pleurs étouffés en arrière-plan... Elle visualisait parfaitement la scène.

« Sale traînée ! » a-t-elle craché, tremblante de colère, « Elle ose accepter mon argent puis me voler mon homme ? Une muette sans dignité... Tu l'auras voulu ! »

Ramassant son portable, elle a composé un message à un contact bien particulier.

À la réponse immédiate, un sourire cruel a déformé ses traits.