LOGINMarc avait appris par Évan que Julien avait été blessé et hospitalisé.Vers onze heures du matin, il a trouvé la chambre. Sans même frapper, il a tourné la poignée et a ouvert la porte d’un geste nonchalant.Julien discutait encore avec Charles. En entendant le bruit, tous deux se sont retournés.Charles a salué aussitôt, avec ce ton respectueux qu’il prenait toujours devant les supérieurs : « Bonjour, M. Véran. »« Oui. »Marc s’était contenté d’un grognement bref avant de tirer une chaise et de s’y laisser tomber, l’air faussement détendu. Son regard, chargé d’ironie, parcourait le blessé de haut en bas avant qu’il ne hausse un sourcil.« Alors comme ça, ta blessure serait grave ? »Julien savait parfaitement quel genre de type il avait en face de lui. Il n’a pas répondu.« Tu peux retourner au bureau, » a dit simplement Julien à Charles.« Ok. »Charles a pris les contrats signés et est sorti, en refermant la porte derrière lui.Dans la chambre, il ne restait plus qu’eux deux.
« Ce n’est pas grave. On se verra quand tu seras moins occupée. »Manon a simplement acquiescé d’une voix douce.Depuis quelque temps, il lui suffisait d’entendre la voix d’Antoine pour sentir la joie lui revenir.Ce soir-là, elle a failli avoir des ennuis.En y repensant, quelque chose s’éclaircissait en elle : une idée floue, presque une décision.« Tu viendras bien au concert, hein ? »Ce n’était pas la première fois qu’il lui posait la question.Elle a souri : « Tu ne serais pas en train de me préparer une surprise ? »« Je te le dirai le soir du concert. »« D’accord, » a-t-elle répondu en riant. « J’y serai, c’est promis. »Dans quelques jours, son pied irait sans doute beaucoup mieux.Ils ont encore discuté un moment ; quand elle a raccroché, elle se sentait plus légère, presque heureuse.……Le soir, il n’y avait que Gia pour venir la voir.Le matin, Manon se débrouillait seule.Le petit réfectoire privé permettait de commander ce qu’on voulait, et les plats étaient ensui
Le médecin, après avoir refait le pansement, a quitté la chambre avec l’infirmière.En passant près de Manon, il lui a adressé un sourire complice : « Un homme prêt à risquer sa vie pour toi, ça ne court pas les rues. Garde-le bien : avec lui, tu seras sûrement heureuse. »Puis il est sorti, refermant doucement la porte derrière lui.Elle est restée un instant immobile, les lèvres serrées.Elle l’avait déjà épousé autrefois, et pourtant le bonheur n’avait jamais été au rendez-vous.Julien a remis sa chemise et, en la voyant figée, a deviné ce qui lui passait par la tête. Son regard s’est assombri.« Manou… tu peux me verser un peu d’eau ? »« Oui. »Elle s’est approchée du lit, a pris la bouteille et versé un verre avant de le lui tendre.Il l’a pris, a murmuré : « Merci. »Elle est restée debout à côté, le temps qu’il boive, puis a repris le verre pour le reposer.Après une seconde d’hésitation, elle s’est assise sur la chaise tout près.Leurs regards se sont croisés de nouveau.
Dès qu’il l’a aperçue, son visage s’est aussitôt fermé.En le voyant sortir de cette chambre, Manon a compris tout de suite qui s’y trouvait.Ces derniers jours, elle ne s’était pas souciée de l’état de Julien — même s’il l’avait sauvée, même s’il avait été blessé à cause d’elle.Elle ne voulait tout simplement pas le voir.Elle ne s’était pas doutée qu’il était hospitalisé… juste à côté de sa propre chambre.« Sans cœur », a lâché Évan d’une voix froide en passant près d’elle, le thermos à la main.Un pincement lui a serré le cœur.« Et… il va bien ? » elle a demandé à mi-voix.Évan s’est arrêté net, a tourné la tête : « Tu ne peux pas aller le voir toi-même ? »Puis il est reparti sans se retourner.Elle est restée là, immobile, à le regarder s’éloigner jusqu’à ce qu’il disparaisse au bout du couloir.Elle s’en est presque voulue d’avoir ouvert cette porte.Mais comment allait Julien ?L’image du sang répandu sur le sol ce soir-là lui revenait.Elle revoyait ce moment où il s’é
Après le départ d’Évan, Gia est passée au commissariat.Les policiers avaient déjà interrogé le chauffeur.Elle a lu le procès-verbal, puis a parcouru le rapport d’enquête.L’homme était bien un récidiviste. Avant Manon, il avait été impliqué dans plusieurs affaires d’enlèvement, d’agression sexuelle et d’extorsion.À chaque fois, il repérait des femmes dont l’allure laissait deviner une certaine aisance, il les suivait, les enlevait, les agressait et les filmait. Ensuite, il les relâchait et se servait des photos et vidéos pour les menacer et leur soutirer de l’argent.Trois cas similaires avaient déjà eu lieu, mais aucune victime n’avait porté plainte.Grâce à ses aveux, la police avait retrouvé ces trois femmes, qui avaient confirmé l’exactitude de ses déclarations.S’il s’en était pris à Manon, c’était à cause du bruit qui circulait récemment sur Facebook : il savait qu’elle était la fille de la famille Robert, soutenue par les Leroux et les Bernard, deux grandes familles de Nor
Depuis quelque temps, Manon ne mangeait plus de fruits frais.Elle n’a même pas touché à la soupe : elle a commencé par un morceau de fruit bien sucré.La saveur sucrée du fruit lui a fait plisser les yeux ; un petit sourire de contentement a effleuré ses lèvres.Gia a relevé la tablette du lit.Manon a bu un bol de soupe claire, grignoté deux petits pains encore tièdes et goûté à la moitié de la coupelle de fruits.Gia déjeunait à ses côtés, le regard attentif, de peur qu’une ombre ne vienne assombrir son visage.En la voyant retrouver de l’appétit, elle s’est enfin rassurée.Elle avait bu pas mal de soupe, et l’envie d’aller aux toilettes est venue très vite.Elle regardait ses deux pieds encore bandés, hésitait à les poser par terre : la douleur lui faisait encore un peu peur.Elle ne pouvait pas y aller sans se lever, et il n’était évidemment pas question de rester dans le lit pour ça.Elle a réfléchi un instant, puis a soulevé la couverture.Gia, qui revenait juste après avoir







