Qu’il garde son premier amour, moi je pars

À Solméra.

Il était huit heures du soir.

Lors de la réception de célébration du Groupe Thomas, chacun a levé son verre et a conversé avec enthousiasme.

Alex, entouré par la foule, avait autrefois connu la misère mais avait reconstruit sa vie de ses propres mains. Il avait relancé le Groupe Thomas, qui avait été au bord de la faillite, et l'avait fait entrer à nouveau en bourse, un exploit qui méritait toutes les félicitations.

« Félicitations, M. Thomas, vous avez vraiment accompli beaucoup à votre jeune âge ! »

« Nous devrons collaborer davantage à l'avenir. »

« M. Thomas, non seulement votre carrière est brillante, mais votre famille est également épanouie. Ma femme dit toujours qu'un bon foyer facilite toutes choses. Je vous envie d'avoir une épouse si admirable. »

Les autres hommes l'avaient naturellement envié : Mme Thomas, si jeune, avait accepté de devenir belle-mère et avait élevé les deux enfants d'Alex avec tant de soin. Quel homme n'aurait pas rêvé d'une telle situation ?

À la mention de Léa, Alex, au centre de toutes les attentions, a balayé la salle du regard.

Au loin, parmi la foule, se tenait la femme élégante en robe noire et aux manières raffinées : Mme Thomas, Léa.

Depuis un mois, Léa avait elle-même organisé et décoré la réception. Malgré son emploi du temps chargé, elle avait pris soin des enfants.

Les enfants avaient grandi vigoureusement, la carrière d'Alex s'était stabilisée, et Léa avait joué un rôle indispensable dans cette réussite.

Alex en avait pleinement conscience.

À ce moment, Léa s'est avancée avec les deux enfants et a pris le bras d'Alex dans le sien.

Les invités se sont empressés de les complimenter : « M. Thomas et Mme Thomas, avec vos deux adorables enfants, vous formez vraiment une famille heureuse. »

« Vous êtes tous vraiment des gens chanceux ! »

Léa a esquissé un léger sourire : « Vous m'avez trop complimentée, merci à tous pour le soutien que vous avez apporté à Alex toutes ces années, j'espère que cela continuera à l'avenir… »

Avant qu'elle n'ait pu finir, une voix s'est élevée à l'entrée : « Isabelle Laurent ? C'est bien toi, Isabelle Laurent ? »

Le gardien a ajouté : « Madame Lepont, elle est restée ici à se faufiler pendant un bon moment, vous la connaissez ? »

Leurs voix étaient suffisamment fortes pour parvenir aux oreilles de tous les invités.

Au moment où Léa avait entendu le prénom d'Isabelle, son cœur a fait un bond.

Avant qu'elle n'ait pu réagir, le bras d'Alex s'était libéré.

Alex a filé à grands pas vers l'entrée, le visage tendu et plein d'espoir.

Isabelle ?

Combien d'Isabelle pouvaient exister dans ce monde ?

Et combien d'Isabelle auraient pu apparaître ici ?

À l'entrée, le gardien a saisi le bras d'une femme, « Qui êtes-vous ? Avez-vous une invitation ? »

« Laissez-la ! » a crié Alex.

Les invités s'étaient précipités pour s'approcher.

Personne parmi eux n'était étranger à ce prénom.

C'était l'amie d'enfance d'Alex, autrefois fiancée à lui, et surtout la mère biologique des deux enfants élevés par Mme Thomas !

« Isabelle ? C'est vraiment toi ? » Alex s'est précipité et a saisi le bras d'Isabelle, étonné.

Son inquiétude et son émotion s'étaient reflétées dans les yeux de Léa, faisant battre son cœur un peu plus fort.

« Alex, je… j'ai tellement envie de voir les enfants que je suis venue, je ne voulais pas vous déranger… désolée, désolée… »

Isabelle était vêtue simplement, les yeux rouges, regardant avec tendresse les deux enfants aux côtés de Léa.

Alex a senti son cœur se serrer en la regardant.

Autrefois extravertie et rieuse, pleine de confiance, Isabelle n'avait jamais été aussi prudente et démunie que maintenant.

Alex l'a fixée intensément, comme s'il craignait qu'elle disparaisse à nouveau sans raison, « Où es-tu allée toutes ces années ? »

La foule s'est soudain tuée et un certain silence s'est installé.

« Qui est cette femme que M. Thomas tient par le bras ? C'est sa maîtresse ? »

« C'est Isabelle, la fille de la famille des Laurent. La crise financière avait détruit ces deux familles. Ils avaient été fiancés depuis l'enfance, mais, pour une raison inconnue, Isabelle avait disparu après avoir donné naissance à des jumeaux et elle n'avait finalement jamais épousé Alex. »

« Elle est donc la mère biologique des jumeaux de M. Thomas ? Et Mme Thomas… »

Tous les regards se sont immédiatement tournés vers Léa.

À ce moment-là, Léa a tenu les deux enfants par les mains et a vu son mari manifester des attentions envers une autre femme sans tenir compte d'elle.

Les yeux d'Isabelle étaient remplis d'impuissance, de douleur et de supplication, « Je… je suis tombée malade après l'accouchement. À cette époque, nous n'allions pas bien et je ne pouvais plus t'encombrer. Je sais que c'était une erreur d'être partie sans prévenir, mais les enfants sont innocents. Maintenant que tu as réussi, je te prie de bien traiter nos enfants. »

Ces paroles semblaient aux autres comme si elle insinuait que Léa, la belle-mère, aurait pu maltraiter les enfants.

Alex a froncé les sourcils. Isabelle était tombée malade après l'accouchement ?

Elle était partie toutes ces années parce qu'elle avait craint d'être un fardeau à cause de sa maladie ?

Isabelle a lutté, « Je dois partir, Alex, lâche-moi… »

Alex a dit : « Ne pars pas tout de suite. »

Les invités avaient entendu ces mots, et chacun avait de diverses pensées, beaucoup ont regardé Léa.

Mais comment Léa aurait-elle pu empêcher cette scène ?

Isabelle était la mère biologique des enfants, c'était un fait qu'on ne pouvait pas changer.

À ce moment, Zoé, l'aînée des jumeaux, a levé la tête et a demandé à Léa : « Maman, qui est la tante que papa tient ? »

Son frère Léo a posé naïvement la question : « Comment papa peut-il tenir une autre femme dans ses bras ? »

La scène était silencieuse, et les paroles des deux jeunes enfants s'étaient presque propagées aux oreilles de tous.

Alex a été surpris, comme s'il venait de se rappeler quelque chose, et il a dit : « Pardonnez-moi, il se fait tard. Je vous inviterai une autre fois chez moi. »

« Oui, oui, M. Thomas, je vous laisse ! »

Le calme est revenu, Alex a levé la main pour essuyer les larmes d'Isabelle, « Ne pleure pas. Puisque tu veux voir les enfants, reste ce soir pour les accompagner. »

Isabelle a levé la tête, surprise et légèrement timide : « Vraiment ? C'est possible ? »

Puis elle a immédiatement regardé Léa, « Mme Thomas, désolée, je voulais juste voir mes enfants. J'espère que cela ne vous dérange pas. »

Après tout ce qu'elle avait dit, comment Léa aurait-elle pu dire qu'elle y voyait un problème ?

C'était naturel qu'une mère biologique vienne voir ses enfants.

Léa a baissé les yeux et a dit : « Je ne vois aucun inconvénient. »

Alex a vu son accord, a éprouvé une rare satisfaction dans ses yeux et a ordonné au majordome : « Réaménage la chambre d'invité et assure-toi qu'elle soit propre, Isabelle est maniaque de la propreté. »

En entendant qu'il se souvenait de sa manie, Isabelle a eu un regard rempli de gratitude et de joie.

Léa a baissé les yeux et est restée silencieuse.

Isabelle est entrée, s'est accroupie devant les deux enfants. Elle était si émue et voulait toucher leurs petits visages.

Mais Zoé et Léo se sont instinctivement détournés d'elle et ont reculé de plusieurs pas.

Voyant cela, Isabelle avait l'air complètement désespérée, « Alex, est-ce qu'ils me détestent ? »

Alex s'est précipité pour dire aux enfants : « Zoé, Léo, c'est votre seule vraie mère, appelez-la maman. »

Le cœur de Léa s'est serré.

La seule vraie maman ?

Et elle, qu'était-elle donc ?

Les domestiques ont froncé les sourcils en entendant ces mots.

Mme Thomas n'était pas la mère biologique des deux enfants, mais elle les avait élevés depuis qu'ils étaient âgés de quelques mois.

Ces paroles d'Alex étaient quelque peu blessantes.

« Je ne veux pas ! » a crié Léo avec colère, « Elle n'est pas notre maman, notre maman est ici ! »

Après avoir parlé, il a agrippé le bras de Léa et s'est blotti derrière elle.

Comment Léa pouvait-elle ne pas être leur mère biologique ?

Papa devait leur mentir !

Alex a patiemment expliqué : « Léa n'est pas votre mère biologique, Isabelle l'est. C'est elle qui vous aime le plus au monde, et personne n'est plus important qu'une mère biologique. Comment pouvez-vous être aussi impolis ? »

Léa a brusquement levé les yeux vers Alex.

Elle ne pouvait pas nier qu'une mère aimait ses enfants, mais ces mots d'Alex l'avaient mise à l'écart.

Pendant toutes ces années, elle avait traité les deux enfants comme si c'étaient les siens, et pour s'occuper d'eux, elle n'avait même pas eu ses propres enfants !

Zoé a laissé échapper un petit grognement, « Je ne veux pas entendre ça ! Tout ce que je sais, c'est que celle qui nous aime le plus, c'est maman. Celle qui s'occupe de nous, c'est aussi maman. Notre maman, c'est Léa, pas une autre femme ! »