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Chapitre 3 : Soufflé coupable 3

作者: Darkness
last update 最終更新日: 2025-12-09 06:32:19

CARLA

Ce n’est pas un baiser. C’est une déclaration de guerre, une capitulation, une explosion. C’est tout ce qui a monté en pression depuis qu’il a franchi la porte : la peur, la rage, la frustration, et cette attirance sauvage, immédiate, que je refuse de nommer. Ma bouche est avide, exigente. La sienne répond avec une égale voracité, mais avec une maîtrise diabolique qui me fait chavirer. Ses mains se posent sur mes hanches, puis remontent le long de mon dos, m’écrasant contre lui. Je sens la chaleur de son corps à travers nos vêtements, la tension de ses muscles.

Quand nous nous séparons pour respirer, un souffle rauque nous échappe à tous les deux. Son front repose contre le mien. Ses yeux scrutent les miens, cherchant une réponse, une permission.

— La cuisine, halète-je, le cerveau en ébullition. Pas ici.

Il répond par un nouveau baiser, plus profond, plus possessif. Puis il se détache, prend ma main, et c’est moi qui le guide, cette fois, hors du bureau. La cuisine est en plein coup de feu pour le service des plats principaux, mais nous passons comme des ombres, détournés par l’activité frénétique, jusqu’au coin des approvisionnements, une petite alcôve à moitié cachée par des sacs de farine de 25 kilos empilés et des cageots de légumes.

L’odeur y est terreuse, concrète. La lumière y est tamisée, venant d’un unique néon clignotant. C’est absurde. C’est parfait.

Sans un mot, il me plaque doucement contre un sac de farine, le corps coincé entre la toile rude et le sien. Ses mains cherchent les boutons de ma veste de chef, les défont avec une dextérité déconcertante. Le tissu lourd glisse de mes épaules et tombe à nos pieds dans un froissement sourd. Il reste en chemise, le velours bordeaux déjà froissé. Sa bouche trouve mon cou, y dépose une traînée de baisers brûlants qui me font courber la nuque en arrière avec un gémissement étouffé. Je m’accroche à ses épaules, mes doigts s’enfonçant dans le tissu du costume.

— Mathis… chuchoté-je, le nom étranger et excitant sur ma langue.

— Carla… répond-il dans un souffle contre ma peau.

Ses mains glissent sous mon t-shirt de coton, ses paumes larges et légèrement callleuses remontent le long de mes côtes, effleurent le bord de mon soutien-gorge. Un frisson violent me secoue. Tout est amplifié par le lieu, par l’interdit, par l’urgence. Le murmure des cuisines à quelques mètres, le cliquetis des couverts, les ordres criés… tout se fond en une symphonie lointaine, écrasée par le bruit de notre respiration haletante et le froissement frénétique de nos vêtements.

Il fait glisser la bretelle de mon soutien-gorge, libérant mon sein. L’air frais de la réserve me fait frissonner, mais sa bouche, chaude et experte, vient aussitôt le réchauffer, m’arrachant un cri étouffé que j’enfouis dans son épaule. Le goût de lui, le gingembre et le sel, envahit mes sens. Mes propres mains sont occupées à déboutonner sa chemise, à découvrir la peau tendue sur des muscles fermes, une toison brune qui descend vers son pantalon.

C’est brutal. C’est primitif. C’est une conflagration pure, sans fioritures, alimentée par l’adrénaline du désastre et la tension sexuelle qui nous a électrocutés dès le premier regard. Nous luttons contre les vêtements, contre le temps, contre la raison. Le monde se réduit à cette alcôve poussiéreuse, à l’odeur de la farine et de la sueur, au contact de sa peau contre la mienne.

Et quelque part, au-dessus de nous, accroché de travers sur le mur, le portrait sépia de ma grand-mère, ancienne propriétaire du bistrot qui était ici avant, semble nous regarder avec une expression de scandale parfait, ses yeux peints fixés sur cette scène d’abandon total au milieu des sacs de patates et des casseroles empilées.

La folie nous a saisis. Et pour la première fois de la soirée, je ne pense plus à l’étoile. Je ne pense plus à rien. Je ne fais que sentir. Brûler. Exister.

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