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Author: Liam Fost
last update Last Updated: 2021-06-29 15:20:45
À peine une semaine avant la rentrée, alors que j’ai repris le chemin de l’école afin de la préparer, je croise une femme à l’entrée d’un centre commercial. Elle me regarde avec insistance, puis me sourit. Un sourire forcé, qui ne me semble pas naturel, pas de ceux que vous lancez aux gens que vous rencontrez simplement. Elle me sourit comme si elle me connaissait, et la crispation de ce dernier semble accréditer ma thèse.

Elle s’approche et me salue. Elle a la peau métissée, elle est jolie, brune, et est accompagnée d’une petite fille. Je suis tellement occupé à rechercher dans mon esprit qui elle peut être, que j’en oublie de répondre. Elle doit le remarquer car elle précise :

— Je suis la maman de Sarah.

Je regarde la petite, mais ne la reconnais pas. Je m’en souviendrais si elle avait été dans mon école.

— Je suis vraiment désolée de ce qui est arrivé, reprend-elle, ça a été très dur pour Sarah, elle adorait Eléanore et appréciait aussi beaucoup votre épouse.

C’est à ce moment que les détails me reviennent. Sarah, c’était le prénom de la meilleure amie d’Eléanore. Je regarde la petite fille, elle m’observe d’un regard froid, puis je me retourne vers la maman.

— Merci.

— Je…

— Je dois y aller, la coupé-je.

Elle me présente ses excuses, que je refuse, avant de lui dire que c’est de ma faute, que je dois partir. Ce que je fais.

Je m’enfonce dans les rayons du grand magasin, repensant à Eléanore, lorsqu’elle me racontait ses moments partagés avec sa copine Sarah. Puis mes pensées se tournent vers Célia, elle gérait la classe des grandes sections maternelles et a donc été la maîtresse de cette petite en même temps qu’Eléanore. Cette rencontre fait ressurgir quelques souvenirs, des bons. Je revois ma fille, enjouée, me racontant ses journées. Je crois qu’elle aimait beaucoup Sarah. Je regrette à cet instant de ne pas avoir échangé avec cette dernière lorsque j’en ai eu l’occasion quelques minutes plus tôt. Peut-être aurait-elle pu me parler d’Eléanore, me raconter des choses que je ne sais pas. Car c’est difficile à accepter, le fait que vous ne découvrirez plus jamais rien de nouveau sur votre fille, que vous ne serez plus surpris.

Je repense au regard de la petite, froid. Je ne suis pas certain qu’elle aurait voulu m’en parler. Et je ne suis pas certain non plus que sa maman aurait apprécié, elle a précisé que ça avait été très dur pour sa fille.

Je cherche alors à me sortir cette entrevue de la tête, à me concentrer sur ce que je viens faire, sur ce dont j’ai besoin d’acheter. Je n’y parviens pas et comprends que les courses sont terminées avant même de les avoir commencées. Eléanore ne quittera plus mes pensées de la journée.

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  • Sans Elles   41 + Remerciements

    Plusieurs jours passèrent avant que toute l’affaire ne soit rendue publique. Ils ne furent pas si simples que je l’espérais. Eléanore pleurant celle qui avait été sa mère de substitution durant deux longues années, ainsi que Célia, sa maman, comme si elle ne découvrait qu’aujourd’hui qu’elle était réellement morte dans l’accident.C’est difficile de la voir souffrir. J’aimerais qu’elle soit toujours heureuse, au moins autant que je le suis de la retrouver. Seulement elle pleure sa mère comme je l’ai fait ces dernières années. Alors que c’est ensemble que nous aurions dû surmonter cette épreuve, je ne peux maintenant que compatir et la soutenir.Nous avons attendu quelques jours avant de faire revenir Sarah, et même après cela, il nous faut la tempérer afin qu’elle laisse Eléanore respirer et retrouver peu à peu une vie normale. Mais les voir jouer ensemble me fait fondre sur place. Maud suit cela avec distance, elle sait disparaître pour me laisser seul av

  • Sans Elles   40

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  • Sans Elles   39

    Je laisse un message sur le répondeur de Maud pendant le trajet où je lui explique mes sérieux doutes suite à la déclaration de la femme de ménage. C’est quelques minutes plus tard que je vois qu’elle essaie de me rappeler, seulement j’arrive à la gendarmerie. Je la rappellerai.À mon entrée, je réclame aussitôt le commandant Vail. On me demande la raison et je réponds que j’ai une question urgente à lui poser. C’est le jeune homme de la dernière fois et il me reconnaît, aussi il n’insiste pas et s’en va prévenir son supérieur. Cette fois-ci, le commandant vient en personne à l’accueil.—En quoi puis-je vous aider? me demande-t-il après les salutations d’usage.—Je voudrais faire appel à vos souvenirs concernant l’accident.Le gendarme paraît gêné, puis hésite quelques secondes, avant de m’inviter à le suivre.La porte de son bureau refermée derrière moi, il s’exclame:—Ne me faites pas regretter de vous avoir lais

  • Sans Elles   38

    C’est assez bizarre de me rendre chez quelqu’un que je ne connais pas afin de lui poser des questions. Caroline me déconseille d’avertir la personne de mon passage et de tout miser sur la compassion. Ce qui lui semble naturel par son métier est loin de l’être pour moi, mais je suis motivé et je m’interdis de repartir sans rien avoir appris.Il est 9 heures lorsque je frappe à la porte. Une dame âgée d’une cinquantaine d’années m’ouvre et me sonde de bas en haut.—Bonjour Madame.—Bonjour…Elle me regarde d’un air méfiant, craignant probablement un représentant.—Vous êtes Myriam Lafarge?—Oui, je peux vous aider?—Je pense que oui, je m’appelle Adam Weiss.Me présenter ne déclenche aucune réaction particulière de sa part, sinon celle de l’interrogation.—J’ai perdu ma femme et ma fille dans un accident de voiture il y a deux ans, peut-être vous souvenez-vous?—&nb

  • Sans Elles   37

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  • Sans Elles   36

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