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Chapitre 3 : Le Défi 3

Auteur: Déesse
last update Dernière mise à jour: 2025-12-04 05:07:49

Valentina

Je reste muette, le cœur battant la chamade. Son expression change. Le philosophe cruel disparaît. Ce qui émerge à la place dans son regard me glace le sang, m’arrête le souffle. C’est la nudité absolue de la menace. Ce n’est plus de la curiosité, ni du désir. C’est un abîme de noirceur pure, organisée, une promesse de violence si fondamentale qu’elle en devient calme.

— Ne me regarde jamais avec cette lueur curieuse dans les yeux. Pas si tu veux continuer à dormir la nuit. Parce que moi, je vois dans le noir. Et j’ai faim de tout ce qui brille.

Je recule d’un pas, instinctif. L’instinct de survie hurle en moi, soudain assourdissant. Fuis. Maintenant.

C’est à cet instant précis que l’équilibre fragile se brise. La porte de la cantina s’ouvre à la volée, heurtant le mur avec un bang sonore. Deux hommes entrent, l’air non pas fébrile, mais au bord de la panique. Leurs traits sont tirés, leurs yeux injectés de sang cherchent frénétiquement. Ils repèrent Diego et se dirigent droit vers lui comme des condamnés vers leur bourreau. Je reconnais l’un d’eux, un petit trafiquant du quartier, toujours souriant, toujours un peu chanceux. Il s’appelle El Ratón. Aujourd’hui, il ne sourit pas. Il tremble de tout son corps, comme agité par un séisme intérieur.

— Patrón, por el amor de Dios… je vous en supplie… le paiement… j’ai eu un problème…

Diego n’a même pas tourné la tête vers eux. Son regard est encore posé sur moi, comme s’il terminait sa pensée silencieuse. Puis, avec une lenteur exaspérante, il détourne les yeux vers son verre qu’il se remet à faire tourner entre ses doigts, le faisait danser, l’ambre du liquide capturant la lumière.

— Tu as eu un problème. Sa voix est douce, presque apaisante, d’une douceur de soie sur une lame de rasoir. Trop douce.

— Oui, patrón, ma fille, elle était très malade, l’hôpital, les frais… vous comprenez…

— Et tu as pensé, l’interrompt Diego de la même voix douce, posant son verre, que la santé de ta fille était plus importante que ma parole ? Que ma parole n’était qu’une suggestion ?

El Ratón blêmit, devenant couleur de cendre. Une sueur froide perle instantanément sur son front, sur sa lèvre supérieure. L’homme derrière lui, un type massif, se met à suyer à grosses gouttes, les mains ouvertes et fermées nerveusement. L’atmosphère est devenue subitement étouffante, chargée d’une menace si palpable qu’elle a chassé le peu d’air respirable de la pièce. On n’entend plus que le ronflement misérable de la climatisation.

Sans prévenir, dans un silence devenu assourdissant, d’un geste d’une rapidité aveuglante qui contredit sa nonchalance précédente, Diego saisit la bouteille de Don Julio par le goulot. Et, avec la même désinvolture effrayante que s’il servait un autre verre, avec l’élégance froide d’un mouvement répété mille fois, il l’abat, non pas en frappant, mais en appliquant le lourd cul de la bouteille sur le crâne d’El Ratón.

Le CRACK est sec, net, horrible. Un bruit d’os qui cède, de bois qui se fend. Le verre épais ne se brise pas. L’homme n’a pas le temps de lever les bras. Ses yeux roulent vers le ciel, un souffle « mi niña » s’échappe de ses lèvres, et il s’effondre comme un pantin désarticulé, lourd, sur le sol carrelé. Un filet de sang, puis un flot plus généreux, coule immédiatement dans ses cheveux noirs, brillant sous les néons d’un rouge vif et obscène.

Je porte les deux mains à ma bouche, étouffant un cri qui se transforme en haut-le-cœur. Un goût de bile et de métal envahit ma bouche. Mes jambes se dérobent sous moi, je dois m’agripper au dos d’une chaîne pour ne pas tomber. Personne ne bouge dans la cantina. Personne ne respire. C’est un tableau vivant de la terreur.

Diego repose la bouteille, tachée d’un rouge sombre à la base, sur la table. Avec un calme surréel, il tire un mouchoir en lin immaculé de sa poche intérieure et s’essuie méticuleusement les doigts, un à un, comme un chirurgien après une opération. Puis il lève enfin les yeux vers le deuxième homme, figé dans une terreur catatonique.

— Tu l’emmènes. Sa voix a retrouvé sa tonalité normale, neutre, presque ennuyée. Et tu lui dis que la prochaine fois, ce sera ma parole que je ferai respecter. Pas avec une bouteille. Compris ?

L’homme hoche la tête frénétiquement, des larmes de peur mêlées à sa sueur. Il se baisse, empoigne son compagnon inerte sous les bras et le traîne vers la sortie, les talons de la victime raclant le sol, laissant derrière eux une traînée rouge, humide, qui brille d’une lueur infernale.

Le silence qui suit est plus assourdissant, plus lourd que le bruit de l’impact. Il pèse une tonne. Mon cœur bat à tout rompre contre mes côtes, un oiseau affolé pris au piège. Je fixe la tache de sang qui s’étale, se diffuse dans les joints du carrelage, puis mes yeux, malgré moi, remontent vers le visage de Diego. Il n’a pas un battement de cils. Aucune tension dans sa mâchoire. Il se ressert simplement du tequila, le fait tourner, le sent, et l’avale. Calmement. Comme si de rien n’était. Comme

s’il venait d’écraser un insecte.

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