ValentinaLa musique cumbia bon marché tape un rythme désespéré contre les murs du Cantina La Última Lágrima. L’air est saturé, une soupe grasse d’odeurs de bière renversée, de tabac froid et de friture rance. Je slalome entre les tables, un plateau chargé de bouteilles de Tecate et de petits bols de cacahuètes gluants collant à mes doigts. Ma robe, un vieux chemisier noir trop ajusté, est humide sous les bras, sur le bas du dos. Une seconde peau misérable. Ici, je ne suis pas Valentina, la fille qui rêvait de peindre des ciels immenses sur de grandes toiles blanches. Ici, je suis la güera, la serveuse, un élément du décor, aussi invisible et interchangeable que la poussière qui danse, moribonde, dans les rais de lumière blafarde des néons.Tout se fige, se déchire, quand la porte s’ouvre.Ce n’est pas une entrée, c’est une invasion, une violation de l’équilibre précaire de ce lieu. Le vacarme de la nuit sur Avenida Insurgentes , klaxons, musique lointaine, cris , s’engouffre un insta
Last Updated : 2025-12-04 Read more