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Chapitre 5

Author: Marine About
Quand j'ai ouvert les yeux, j'ai découvert que j'étais déjà à l'hôpital.

La chambre était silencieuse, déserte.

De la pièce voisine, la voix d'Éric me parvenait, étouffée mais reconnaissable.

Je me suis levée, serrant ma plaie de ma main tremblante, et j'ai avancé en titubant jusqu'à la porte entrouverte.

Sur le lit, Margaux, le visage pâle, le poignet enveloppé de bandages épais.

Tous les médecins de l'hôpital semblaient avoir été appelés ici, regroupés autour d'elle pour vérifier son état.

Assis à son chevet, Éric lui tenait la main avec une tendresse infinie.

« N'aie pas peur. Tout va bien maintenant. Et le bébé aussi. »

Leurs doigts entrelacés, leurs regards complices… Il n'y avait plus de place pour une troisième personne.

Mon cœur s'est serré si fort que je n'ai plus pu supporter cette scène.

Alors, c'était donc ça, avoir le cœur brisé : une douleur si aiguë qu'elle coupait le souffle.

Ignorant les protestations de l'infirmière, j'ai signé ma sortie et quitté l'hôpital.

De retour à la villa, j'ai continué à faire mes valises, jetant les objets inutiles et ne gardant que mon passeport, mes papiers, et quelques vêtements.

Tout le reste, y compris les cadeaux qu'Éric m'avait offerts, je les ai laissés derrière moi, intacts.

Sur la table de chevet, il y avait encore notre photo. Je l'ai prise, l'ai regardée un long moment, puis j'ai déchiré ma moitié. Le reste, je l'ai froissé avant de le jeter dans la poubelle.

Quand tout a été prêt, j'ai traîné ma valise jusqu'à la porte et je suis partie sans me retourner.

Ce jour-là, mon visa pour le pays A venait tout juste d'être approuvé. Enfin, je pouvais quitter cet endroit qui n'était plus qu'une terre de chagrin.

« Mademoiselle Garnier, félicitations ! Je vous souhaite un excellent voyage ! » m'a dit la préposée, en me tendant mon passeport.

« Merci. »

En regardant ce document tout juste délivré, une étrange sérénité m'a envahie.

Avant de partir, j'ai effacé toutes mes informations d'identité, puis j'ai acheté un billet aller simple.

Je me suis souvenue de ce qu'Éric m'avait dit, huit ans plus tôt, en serrant ma main :

« Claire, tu es à moi. Tu resteras à mes côtés pour le reste de ta vie. »

Mais Éric, tu t'es trompé.

Pour le reste de ma vie, il n'y aura plus jamais de place pour toi dans mon monde.

Après avoir veillé sur Margaux, l'avoir fait prendre ses médicaments et l'avoir aidée à s'endormir, Éric s'est enfin souvenu de moi.

Il est allé jusqu'à la chambre voisine, mais il n'a trouvé qu'une jeune infirmière en train de ranger les draps.

Le lit où je m'étais allongée n'était plus qu'un espace vide, froid et impersonnel.

Une inquiétude sourde a commencé à monter en lui. Il a arrêté l'infirmière :

« Où est la patiente qui occupait cette chambre ? »

La jeune femme lui a jeté un regard surpris avant de répondre :

« Vous êtes de la famille ? Elle est sortie ce matin, très tôt. »

« Quoi ? »

L'angoisse a serré sa poitrine. Pris de panique, il a sorti son téléphone et a composé mon numéro.

Mais mon téléphone affichait sans cesse « en cours d'appel », sans jamais décrocher.

Ce n'est que lorsqu'il a essayé de m'envoyer un message qu'il a compris : je l'avais bloqué.

Il s'est levé d'un bond, le visage fermé, sombre à en faire peur.

Il lui a fallu un long moment avant de se rappeler de composer le numéro du majordome de la villa.

« Madame est là ? Passe-la-moi, je veux lui parler ! »

Au bout du fil, le majordome s'est éclipsé quelques instants, puis est revenu, la voix tremblante :

« Monsieur Valmont… Madame est partie. La gouvernante l'a vue partir avec une valise… Elle a pris un taxi. »
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