PVD de NicolasJe garde les yeux rivés sur la route, mais tout mon corps est en alerte. Paula est assise à côté de moi, silencieuse. Ses bras sont croisés, son regard fixé droit devant. Elle est tendue comme si chaque seconde dans ce véhicule était une punition. Elle ne sait pas encore où je l’emmène, et je n’ai pas envie de parler pour combler le silence. Je veux qu’on parle… là-bas.Lorsque j’ouvre la porte de l’appartement, elle s’arrête sur le seuil. Son regard balaye l’espace comme si elle était en territoire ennemi. L’endroit est propre, lumineux, mais chargé de souvenirs. C’est ici qu’on se voyait à l’époque du contrat. Un endroit que j’ai acheté pour nous deux. Pour qu’on ait un espace à nous. Elle n’a jamais su que c’était à elle aussi, pas seulement à moi.Je vais droit à la cuisine, attrape une bouteille d’eau fraîche, puis reviens la lui tendre.___ Tiens. Bois un peu.Elle me jette un regard sec, presque froid.___ J’ai pas soif.Je reste figé une seconde,
PVD de Nicolas Honnêtement, je n’avais pas prévu ça. J’étais venu pour m’excuser, pour tenter ma chance, pour lui dire que je regrettais tout. Je voulais juste lui parler, lui dire que je m’étais planté, que j’avais été lâche. Que j’étais prêt à changer. Mais apprendre qu’elle est enceinte… ça m’a coupé complètement le souffle.Et puis elle m’a dit que je n’étais pas le père. Je vois bien le jeu qu'elle essaie de jouer avec moi. Paula veut me faire croire qu'elle a couché avec d'autres hommes pourtant elle n'est pas ce genre de filles. Elle se tient encore devant moi, la tension entre nous est palpable. Ses mains tremblent comme si elle allait lâcher son sac d’une seconde à l’autre. Son téléphone sonne encore. Elle jette un coup d’œil, puis fonce hors de la pièce sans me regarder. J’ai encore le test de grossesse dans la main. Et mon cœur bat à tout rompre.Je lâche un juron et me précipite derrière elle. Je ne peux pas la laisser partir comme ça sans explicati
PVD de PaulaLa semaine a repris plus vite que prévu. Depuis ma conversation avec maman, je me sens un peu moins angoissée. Elle a même proposé de m’accompagner chez la gynécologue aujourd’hui. Une première depuis longtemps que je me sens un peu soutenue.Ce matin, pourtant, l’air me semble lourd, presque étouffant. J’enfile ma blouse blanche, j’accroche mon badge, je souris aux patients, je donne les instructions avec toute la douceur du monde… mais je le sens. Le masque que je porte depuis des jours est sur le point de tomber.Aujourd’hui est un jour crucial. Un jour décisif. Celui où je décide, enfin, de me délester d’un poids que je n’ai jamais vraiment eu la force de porter.10h 000, j’ai rendez-vous avec la gynéco que Jimena m’a recommandée. Une femme douce, compréhensive, surtout éloignée de l’hôpital où je travaille. Hors de question de croiser un collègue, d’entendre des chuchotements, des suppositions. Le secret doit rester bien enfoui.Quand ma collègue m
PVD de l'auteure Le week-end arrive plus vite que prévu. Paula tente tant bien que mal de rester discrète à l’hôpital. Elle redouble d’efforts pour éviter les regards insistants de ses collègues. Elle cache son mal-être derrière un sourire crispé et une blouse légèrement plus large que d’habitude. Chaque pas, chaque mouvement semble réveiller une douleur sourde dans le bas-ventre. Son ventre est encore plat, mais elle le sent, il y a quelque chose qui pousse doucement, en elle. Une vie qu’elle ne pourra pas garder dans ces conditions. Mais les malaises, les vertiges, les absences, ils deviennent de plus en plus fréquents. Elle souffre physiquement, mais ce n’est rien comparé à ce qui se passe à l’intérieur.Jimena est absente ce week-end. Son agence a organisé un petit voyage d’équipe pour évacuer le stress du boulot. Paula ne lui en veut pas. Elle aurait aimé, elle aussi, disparaître un peu de tout ça.Paula passe donc le week-end avec sa mère. Elles cuisinent
PVD de Andres La musique jazzy emplit l'air feutré du bar. Les verres tintent, les conversations s’entrelacent, mais moi, je suis seul à ma table, le coude posé nonchalamment sur le dossier en cuir. Mon verre de whisky est presque vide. J’ai déjà bien picolé depuis que je suis arrivé. Ce bar, c'est l'un des endroits les plus discrets et huppés de Madrid. Je regarde autour de moi, observe la lumière tamisée du bar privé, les fauteuils en cuir, les serveurs tirés à quatre épingles, et les clients tous aussi riches que célèbres. C’est le genre d’endroit où tu payes un cocktail plus cher que ton loyer.Je fixe le liquide ambré dans mon verre. Mon téléphone vibre sur la table. Je cligne des yeux en regardant l’écran. C’est Nicolas. Je soupire longuement, attrape le téléphone et décroche.___ Allô ?___ T’es où, mec ?Sa voix est grave, mais il y a quelque chose de différent ce soir. Comme une tension dans le ton. Je regarde autour de moi, comme si je devais vérifier
PVD de Paula Je n'ai pas fermé l'œil la nuit dernière. J'ai retourné sans cesse dans le lit, me demandant ce que je dois faire. J'ai essayé de faire comme tout va bien ce matin, en quittant la maison. Ma mère ne se doute de rien pour le moment. Je suis au boulot comme si de rien n’était. Le visage maquillé, le dos droit, les lèvres étirées en un sourire vide. Pourtant, je suis à bout. Mes jambes tremblent parfois sans raison. Mon ventre me tire. Mon cœur bat trop vite. À chaque malaise, je prétends que c’est un manque de sommeil, ou un simple vertige. Les autres ne posent pas trop de questions. Tant mieux. Si quelqu’un ose me regarder un peu trop longtemps, je détourne les yeux. Je ne veux pas qu’on devine. À la pause, je me précipite aux vestiaires. Je fais claquer la porte derrière moi et m’adosse contre le mur carrelé, respirant à peine. Mes doigts tremblants fouillent dans mon sac à main jusqu’à trouver ce que je cherche. Le test. Toujours là, caché dans