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Le palais bourdonnait d’une agitation contenue depuis l’annonce de l’union de Kael et Ismène. Les murmures se propageaient dans les couloirs comme une traînée de poudre, et si certains nobles influents avaient fini par se ranger du côté du prince, d’autres, en particulier parmi les femmes du palais, ne cachaient pas leur dédain envers cette union jugée indigne d’un futur roi.Ismène marchait dans la grande cour intérieure, une allée bordée de colonnes sculptées, son voile finement brodé retombant gracieusement sur ses épaules. Sa posture était droite, son regard calme, mais elle n’ignorait pas les messes basses qui fusaient à son passage.
— Regardez-la, souffla une servante à sa voisine, son ton venimeux perçant le silence. Une roturière qui se croit reine.
— Une hont
Ismène se figea. Kael avait les yeux ouverts, désormais éveillé. Il l’observait, un léger sourire sur les lèvres. Leurs regards se croisèrent et, bien que les mots n’aient pas encore franchi ses lèvres, elle sentit que quelque chose avait changé. Il n'était plus celui qu'elle avait connu, et elle n'était plus la même femme que la veille.Elle se mordit la lèvre inférieure, hésitante, avant de répondre :— Je… je voulais juste sortir un moment. Je me sens un peu perdue, Kael.Il se redressa alors, s'appuyant sur ses coudes, les yeux plongés dans les siens avec une intensité nouvelle. Il n'y avait plus de doute, plus d'hésitation dans son regard. Il était là, présent, et il semblait comprendre sans qu'elle n'ait besoin d'expliquer davantage.— Tu n’es pas perdue, Ismène, répondit-il d’une voix douce mais ferme. Je suis là. Et tout ce que tu ressens, je le ressens aussi. Mais tout ça prend du temps. Nous avons le temps de tout comprendre, ensemble.Ismène baissa les yeux, le poids des mo
Ismène, les yeux plongés dans les siens, n’eut pas la force de répondre immédiatement. Elle savait que ce n’était pas une simple déclaration de pouvoir. C’était une invitation. Une invitation à se laisser aller, à s’abandonner à lui, et à accepter que tout ce qu’ils avaient vécu jusqu’ici, toutes les luttes et les souffrances, étaient peut-être derrière eux. Ou peut-être étaient-ils juste à l’aube de quelque chose de plus grand, de plus difficile encore.Kael la prit alors doucement par la taille et la souleva légèrement. Elle sentit la fermeté de son corps contre le sien, sa respiration qui se faisait plus rapide, plus insistante. Il la déposa délicatement sur le lit, et le simple contact de la soie du drap contre sa peau lui donna un frisson. Ses mains glissèrent lentement le long de son corps, effleurant chaque courbe, chaque détail comme s’il redécouvrait un terrain inconnu. Ses yeux ne la quittaient pas, scrutant ses réactions, observant les frissons qui parcouraient son corps.—
Ismène rougit, ne sachant si elle devait rire ou s’étonner de cette nouvelle facette de sa vie. Elle n’avait jamais vraiment réfléchi à ces choses-là, mais Mariama la mettait face à une réalité dont elle ne pouvait plus détourner les yeux. Elle sentait son cœur battre un peu plus vite à l’idée de ce qui allait se passer ce soir.— Tu as l’air d’une femme qui sait de quoi elle parle, dit Ismène, mi-gênée, mi-curieuse. Tu… tu as vécu cela, toi aussi ?Mariama sourit tendrement, puis secoua la tête.— Chaque femme a son propre chemin. Mais tu n’as pas à avoir peur. La première fois, peut-être, mais après, ça devient plus naturel. Et souviens-toi, tu es sa femme maintenant. Il faut que tu t’affirmes. Ce n’est pas une question de séduire, c’est une question de connexion. Le corps, l’esprit, et le cœur. Quand tu es prête à tout donner, à lui offrir tout ce que tu es, il ne peut que te répondre de la même manière.Ismène ferma les yeux, se laissant envahir par cette idée de connexion, de com
La nuit tomba sur le palais, mais pour eux, l’aube d’une nouvelle vie venait de se lever.Dans la quiétude de la chambre de Mariama, alors que la nuit enveloppait le palais d’un calme presque étrange, Ismène se laissa tomber sur un siège, les yeux perdus dans le vide. Mariama s’approcha doucement, comme si elle ressentait le poids des pensées qui écrasaient son amie.— Alors, vous avez scellé le mariage ? demanda Mariama, d’une voix douce mais curieuse.Ismène secoua négativement la tête, ses mains tremblantes se joignant sur son ventre comme pour se donner un peu de force. Elle sentait encore le vertige de la cérémonie, la lourdeur de ce mariage qui, bien qu’officialisé, restait dans son esprit comme un fardeau qu’elle n’était pas encore prête à accepter complètement. Le regard de Mariama se fit plus insistant, mais sans jugement. Elle s'assit à côté d'elle, posant une main rassurante sur son épaule.— Il faut que tu comprennes, Ismène, lui dit Mariama d’une voix calme mais ferme. Ce
Le soir, après que les invités se furent dispersés et que la dernière musique se fut éteinte dans les couloirs, Kael trouva Ismène seule dans leur chambre, Kalem endormi dans son berceau. Ses yeux étaient fatigués, mais un sourire sincère illuminait son visage lorsqu’elle le vit entrer.— Alors, c’est fait… dit-elle doucement, les bras croisés, mais ses yeux brillants d’une émotion qu’elle n’arrivait pas à dissimuler.Kael s’approcha d’elle et prit sa main, la serrant fermement.— Oui, c’est fait, répondit-il. Et ça ne change rien. Nous sommes ensemble, Ismène, et je tiendrai toujours ma parole.Elle hocha lentement la tête, un léger sourire aux lèvres. Mais malgré ses paroles, elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander si ce mariage allait réellement apaiser toutes les tensions. Les murmures, les regards, tout cela allait-il s’estomper avec le temps ? Ou allait-elle toujours être l’objet de mépris de la cour, de la reine, de tout le royaume ?— Et maintenant ? demanda-t-elle, sa v
Le mariage de Kael et Ismène, bien que fastueux et empreint de la solennité que la cour exigeait, se déroulait sous un ciel lourd de tensions. Dans les couloirs dorés du palais, les murmures se propageaient comme un vent sec, glissant entre les nobles qui s'étaient rassemblés pour l'événement. Certains observaient, inquiets, les lèvres pincées, d'autres, à peine dissimulant leur mépris, chuchotaient des mots lourds de jugement. Mais tout ce qui importait à Kael, c’était qu’il ait lieu. Il n’était pas là pour écouter les chuchotements ni les ragots de la cour ; son regard ne se détournait jamais d’Ismène, sa future épouse, qu’il avait choisie, malgré les circonstances.Ismène, de son côté, était bien plus bouleversée qu’elle ne l’aurait voulu le laisser paraître. Son cœur battait fort, non pas à cause de l’ampleur de l'événement, mais plutôt du poids des regards qui pesaient sur elle. Ce n'était pas simplement une cérémonie, c’était un acte symbolique qui marquait une rupture avec tout