All Chapters of NEFILIMS, chroniques contemporaines: l'Entité: Chapter 11 - Chapter 20
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11
La loi n’a jamais rendu les hommes un brin plus justes, et par l’effet du respect qu’ils lui témoignent les gens les mieux intentionnés se font chaque jour les commis de l’injustice. (Thoreau)—Eh bien… commença Charmard en feuilletant ses notes.Il suait à grosses gouttes. Les feuilles dans ses mains tremblaient au rythme de son angoisse.—En premier lieu, je tiens à rappeler que nous avons affaire à un mineur…—Depuis la loi Protero promulguée en juin dernier, hurla le procureur qui ne se remettait pas de l’intransigeance du juge, tout mineur impliqué dans des actes pénaux est considéré comme majeur dès ses quatorze ans !—Demandez la parole, hurla à son tour le juge en tapant et tapant de son maillet, surp
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12
Le jet venait de passer la frontière Française. Chacun des cinq hommes – et femmes – de l’équipe, travaillait au succès de l’opération baptisée « Électron Libre », nom de code donné par le Bureau 09 à la capture du Recruteur. Ida Kalda, enfoncée dans son siège, observa son second installé en face d’elle. — Lieutenant Boorman, briefez-moi sur les trois autres. Elle indiqua d’un léger mouvement de tête les militaires installés au fond du jet, réunis autour de cartes et de plans qu’ils annotaient avec des feutres de différentes couleurs. Sur les sièges de l’autre rangée, leurs sacs militaires comprenaient une tonne de matériel de tout type et des armes allant du simple Glock au chargeur rallongé de 15 cartouches aux fusils d’assauts H&K a
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13
« Comme un chien qui retourne à son vomissement, le stupide réitère sa sottise » (Bible : Proverbes, 26-11)L’Hospice des Saints-Justes de l’Espérance se trouvait à plus de cinq heures de voyage, dans un trou paumé à côté de Fontainebleau. On y accédait par car à partir de la gare routière située devant la sortie du train aux banquettes pourries, lacérées à coups de cutter et jamais changées par la compagnie ferroviaire privée.L’hospice vieux d’un siècle et demi, venteux et démesuré comme on les faisait dans le temps, se trouvait au milieu des champs plats jusqu’à l’horizon, et n’accueillait que des patients sans ressources (les indigents, comme ils disaient dans leur jargon administratif).Cet hospice pour pauvres avait été le seul, vingt et un an plus tôt, à accepter son grand-père, qui commençait à perdre doucement la boule.Impossible de trouver plus proche, a moins d’avoir 200
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14
Stan avait téléphoné la vieille à l’hospice pour prévenir de sa venue, annoncer qu’il serait suivi par des journalistes ou des tarés de toutes sortes et qu’il fallait absolument préserver son grand-père de tout ça.Le personnel comprit qu’ils allaient devoir gérer une situation inhabituelle. Trois infirmiers en tenue blanche, baraqués, surveillaient l’imposante grille en fer forgé.Ils l’ouvrirent à l’arrivée de Stan et la refermèrent aussitôt, obligeant la trentaine de journalistes qui couraient avec leurs caméras à rester dehors. Ces rapaces avaient deviné qu’il allait venir ici et s’étaient préparés.Stan descendit du car, les vit se précipiter sur lui depuis leurs vans truffés de paraboles et n’eut d’autre choix que de courir avec sa canne pour leur échapper.Les infirmiers agirent vite et bien. Ils le chopèrent par les épaules, le soulevèrent et l’emmenèrent
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15
Stan, au bout de ce qui restait de son patio précieusement entretenu par sa mère, au milieu des ruines qui s’étendaient à perte de vue, regardait un monticule de pierres, de bois, de lattes et de meubles brisés dans la nuit tombante. Il n’était rentré que depuis une heure de Fontainebleau.De là où il se trouvait, le paquet de journalistes plantés devant sa maison 24 heures sur 24 ne pouvait pas le voir.Il entendit des pas arriver derrière lui et Jeanne Kross, sa mère, planta ses sabots à côté de lui, dans la boue et la gadoue. Juste au-dessus d’eux, sur le périphérique de la Défense, roulaient dans un bruit monstrueux des milliers et des milliers de voitures.—Ça va, Stan ?—Je me demandais où se trouvait la cabane de papy, là où il faisait ses inventions.D’abord surprise par la q
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16
L’appartement Haussmannien de huit pièces leur était désormais connu de fond en comble. Depuis six jours qu’ils étaient là, les membres de l’opération Électron Libre se relayaient pour surveiller l’activité du Recruteur dans la suite de l’autre côté de l’avenue George V.Depuis leur arrivée, leur cible n’avait fait qu’une chose : dormir et méditer. Rien d’autre. Il n’était pas sorti une seule fois, n’avait pas passé de coup de fil, pas envoyé de SMS, rien.De temps en temps il mangeait, et encore, jamais plus d’un repas léger par jour.—Plus il dort et médite, plus il voyage dans les rêves des autres. Il est en train de préparer un coup, dit Prax que confirma Santoro depuis Bruxelles, dans leurs oreillettes qu’ils ne quittaient jamais.—Dormir est une arme pour eux, dit calmement Prax. C’est comme braquer le
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17
Stan se retrouva Place Clichy avec une centaine d’autres délinquants de droit mineur, vers cinq heures trente le dimanche matin, équipé de ses deux cannes et de plusieurs cachetons de morphine en réserve dans sa poche. Bibi l’avait quitté la veille vers vingt-trois heures pour le laisser pioncer après avoir tout tenté pour reprendre contact avec le Mutant, sans succès. Ils se saluèrent avec leur traditionnel Pour André, mon pote ! et Bibi s’éclipsa par l’arrière de la maison pour rejoindre la sienne, à travers une série de passages secrets qu’ils s’amusaient à mettre en place dans les ruines, depuis des mois. Stan reçu un SMS quelques minutes plus tard : « bien arrivé. T’as le bjr de Grigi et Malko », qu’il avait dû croiser autour des fûts. Des camions de poubelles alignés les uns à la suite des autres éclairaient de leurs gy
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18
Stan reprit enfin ses esprits. Est-ce qu’il devait courir vers la fille ou prendre ses jambes à son cou en se sauvant dans l’autre sens ?Derrière lui, un crissement de pneus lui fit tourner la tête.Un van rouge venait de piler juste devant la bite en béton. Au volant, Stan reconnu l’homme aux cheveux à la Richard Gere, vu au BibiBar dans son rêve et dans la salle d’audience, au milieu des fumigènes.La porte latérale gauche du van s’ouvrit en glissant.Un homme aux cheveux rouges, tenant une M60 dans les mains, lui fit signe de se baisser.Stan bondit derrière un tas de poubelles.Les balles fusèrent du van comme des fusées, explosant l’arrière du camion de poubelles dans des gerbes d’étincelles dignes d’un feu d’artifice.La fille aux couettes bleues mit les gaz et c’est à fond qu’elle
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19
Ils volèrent cinq voitures pour faire soixante-quinze kilomètres en tout.La fille blonde en treillis de vingt ans à peine consultait son smartphone en permanence – on aurait dit un Bibi féminin avec pas mal de dizaines de kilos en moins et beaucoup de charme en plus – pour savoir où se trouvaient les flics, les postes de contrôle et tout le reste.A la quatrième voiture, une Prius hybride piquée sur le parking de Velizy 2, chacun avait retrouvé son calme.Les présentations furent faites officiellement :Le vieux s’appelait bien Théophile. C’était le boss. La fille, Annabelle.Le Japonais, Akihiro.Ils se changèrent sur le parking devant Auchan pour une tenue plus discrète, genre jeans-basket-polo. Annabelle aussi s’était changée derrière une voiture en jeune femme tranquille qui sort un soir avec des potes, robe
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20
BibiBar. Il faisait nuit. Le troquet sur le toit était plein à craquer.Des filles en mini-jupe ou en robe du soir dansaient entres elles en regardant d’un œil enflammé les grappes de mecs qui buvaient leur verre d’un œil vicieux sur ce que pourrait être le reste de leur nuit.Sur l’estrade, Old Boy faisait monter la pression avec son jazz vieux d’un siècle, mais ça marchait.Plusieurs planches supplémentaires avaient été installées pour gérer l’afflux nocturne entre les échafaudages et l’entrée du bar.Ça n’empêchait pas quelques gorets bourrés à mort de basculer dans le vide.Les plus chanceux s’écroulaient un ou deux étages en dessous en faisant rire tout le monde, un bras ou une jambe de cassé tout au plus, les malchanceux visitaient les neuf étages qui les séparaient du vieux bitume de l’ancien monde sans jamais se relever.Blon
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