All Chapters of SOMBRE TÉNÈBRE : Chapter 91 - Chapter 100

NAHIALe silence dans la villa est une couverture lourde, trop parfaite pour être vraie. Je suis debout devant la baie vitrée de ma chambre, je sens chaque fibre de mon corps vibrer d'une tension contenue. Les murs de marbre me renvoient l'image d'une spectatrice dans ma propre vie, figée. Un an. Le mot résonne, creux. Une promesse de fin qui semble soudain aussi lointaine qu'une étoile éteinte.La première détonation n'est pas un bruit, mais un séisme. Un OMPH sourd et profond qui part des entrailles de la terre et remonte le long de ma colonne vertébrale. Le plancher vibre sous mes pieds. La vitre devant moi tremble, mon propre reflet se brise en mille morceaux dans un grésillement cristallin. Les lumières s'éteignent, plongeant mon monde dans un bleu nocturne soudainement menaçant, avant qu'un rougeoiement d'urgence n'envahisse l'espace, striant les murs de sang.Mon cœur cogne sa cage thoracique, un tambour affolé. Ce n'est pas la peur contrôlée, presque familière, que j'éprouve f

NahiaLe pire est déjà là. Je le sens dans l’air, dans le silence qui précède ses gestes. Mon corps entier se tend, anticipant la douleur, l’humiliation. Tout ce à quoi je m’étais préparée.Il sort une petite trousse noire de sa poche avec une froideur mécanique. Le clic de l’ouverture résonne dans la pièce close, un son sec qui scelle quelque chose d’irrévocable.Mon sang se glace dans mes veines.—Qu’est-ce que c’est ?—Ma voix est rauque, étranglée par une peur que je ne cherche même plus à cacher.Il ne répond pas. Il sort une seringue, un flacon. Ses mains, ces mains couvertes de cicatrices que je commence à connaître, manipulent l’aiguille avec une précision chirurgicale. Le liquide qu’il aspire est clair, presque innocent. Une tromperie.Il s’approche. Je recule instinctivement, mais mon dos heurte déjà le mur froid. Aucune échappatoire. Son ombre m’engloutit. Sa main , cette main qui a tué, qui a torturé , se referme autour de mon poignet comme un étau. La piqûre est rapide, p

Ténèbre La lumière bleutée des écrans me brûle les yeux. Elle est la seule chose chaude dans ce hangar désaffecté, ce tombeau de béton et de rouille qui sent la sueur froide et le métal. Soixante-douze heures. Soixante-douze heures que l’oxygène a été coupé de nos poumons. Soixante-douze heures que le monde est une coquille vide, un bourdonnement sourd où ne résonne plus que leur absence.Mon frère, mon autre moitié, est une statue de tension à mes côtés. Je sens sa rage comme une fièvre, une vibration dans l’air qui nous sépare et nous lie. Nous ne sommes plus Ténèbre et Sombre, les maîtres de l’ombre. Nous sommes deux bêtes blessées, attachées au poteau de notre impuissance.La première vidéo est arrivée il y a six heures. Un fichier crypté, intraçable. Aucune rançon. Aucun message. Juste un titre. Cours de rééducation : Leçon 1.C’est Sombre qui a cliqué. L’image a tremblé, montrant une cuisine sordide. Nahia. À genoux. Le regard vide, perdu dans le néant d’un mur fissuré. Un homm

Ténèbre.L’avant-poste est un mensonge. Le mot suggère le temporaire, l’intermédiaire, la périphérie. Mais le bâtiment, une ancienne usine de conditionnement de viande abandonnée, plantée au cœur pourrissant de la zone industrielle, respire une pourriture éternelle. L’odeur de la rouille et du vieux sang a imprégné le béton, persistant même dans l’air glacé qui griffe la peau et gèle la respiration. Ce n’est pas un lieu de passage. C’est un abattoir. Où l’on découpe autre chose que de la bête.Nous approchons comme la peste, utilisant l’ombre elle-même comme camouflage. La sécurité ici est d’une autre trempe que celle de l’Abysse. Ce ne sont pas des nervis. Ce sont des hommes organisés, des machines à tuer en uniforme. Des patrouilles avec des fusils d’assaut, des mouvements précis, des regards vides de toute émotion, de toute humanité. Des professionnels. Cela confirme les informations du Silure. Nous nous rapprochons de la source, du cœur noir de l'infection.Je suis allongé à côté

Nahia La porte de la cellule refermée derrière eux, Ténèbre et Sombre s'immobilisèrent dans le couloir obscur. Le silence qui avait suivi la tempête de leur arrivée était à présent chargé d'une intention nouvelle, plus lourde et plus meurtrière que tous les bruits de la guerre. L'air lui-même semblait se solidifier autour de leurs corps tendus à craquer.Ils n'échangèrent pas un mot. Aucun n'en avait besoin.Un hochement de tête, presque imperceptible. Un croisement de regards où brûlait la même flamme homicide. C'était suffisant.Ils se mirent en mouvement, non pas comme deux hommes, mais comme une seule entité prédatrice, une ombre à deux têtes glissant dans les entrailles de la base. Leurs pas étaient sinueux, feutrés, mais leur présence était devenue une onde de choc palpable. La puanteur du Fantôme – ce mélange de savon bon marché, de sueur aigre et d'arrogance – leur brûlait les narines, un parfum de traître qu'ils pouvaient désormais distinguer entre mille.Ils n'étaient plus