SOMBRE (Salvatore)La nuit est avancée quand je redescends, les couloirs plongés dans une pénombre volontaire où seuls quelques halos jaunâtres veillent encore sur les tableaux et les portes closes, la maison est une forteresse, mais elle respire comme une bête endormie, et je sais que chaque souffle, chaque silence cache un mouvement, un guet, une oreille qui écoute.Manuel m’attend dans le salon principal, debout, les mains croisées derrière le dos, le visage aussi fermé qu’une porte de prison. Devant lui, la grande table de bois sombre est vide, polie, comme si elle n’avait jamais accueilli les réunions, les plans, les cartes, les armes. Mais son corps, sa présence, suffisent à remplir l’espace.Je m’avance lentement, le parquet craque sous mes pas, et je m’assois dans le fauteuil de cuir, large, usé par les années, ce trône qui n’a jamais cessé de me rappeler que régner, ici, ce n’est pas un privilège mais une condamnation. J’allume un cigare, la braise s’embrase dans le silence,
Last Updated : 2025-09-25 Read more