All Chapters of SÉDUIRE EL INFIERNO: Chapter 21 - Chapter 30

CristóbalElle fuit.Toujours.Chaque geste de sa nuque, chaque tension dans ses épaules me hurle qu’elle me rejette. Qu’elle refuse de comprendre ce que je suis. Ce que je représente. Mais elle reste. Encore. Même lorsqu’elle s’éloigne, c’est pour mieux revenir, attirée malgré elle.Et moi… moi je la laisse partir. Je la regarde faire semblant de m’échapper. Parce que je sais. Je sais qu’elle est à moi. Pas par soumission. Pas par peur. Mais parce qu’elle ne peut pas se détacher. Pas vraiment. Pas complètement.Soledad pense me posséder parce qu’elle suit mes règles. Parce qu’elle les comprend. Elle se plie à mes codes avec une efficacité mécanique.Isabella, elle, ne suit rien. Elle désobéit à la logique. Elle réagit à la sensation. À l’instinct. C’est pour ça qu’elle me dérange. Qu’elle me déstabilise. Qu’elle me fascine.Et c’est pour ça que c’est elle que je veux à mes côtés ce soir.Un marché nouveau. Instable. Potentiellement explosif. L’homme que je dois rencontrer se croit im

IsabellaLa voiture roule, mais je ne regarde pas la route. Mes yeux sont fixés sur le reflet tremblant de la ville dans la vitre. Les lumières de Santa Rosalia coulent sur le verre comme des promesses mortes. Je ne pense pas. Je me laisse envahir.Mon cœur bat trop vite pour un trajet banal. Ce n’est pas la peur. C’est cette chose étrange qui vibre sous la peau depuis le dîner. Depuis le regard de Velásquez. Depuis cette table où rien n’était dit, mais tout était compris.Cristóbal ne dit rien. Il conduit comme il gouverne : droit, précis, implacable. Et pourtant, ce soir, quelque chose vacille. Un rien. Une tension sous la surface. Un battement de paupière trop long. Une respiration retenue.Je sens encore le regard de Velásquez sur moi, comme une brûlure invisible. Pas de désir. Pas de peur. De l’analyse. De l’instinct. Il m’a lue comme on lit un dossier compromettant. Et il n’a pas aimé ce qu’il a vu.Il sait que je suis une variable incontrôlable.— Il te déteste, je murmure, san

CristóbalJe ne dors pas.Isabella est là, tout près. Sa respiration est lente, presque paisible. Mais je sais qu’elle ne dort pas non plus. Son dos contre mon torse est trop tendu. Sa peau vibre encore, comme si mon empreinte cherchait à s’enfoncer plus profond. Elle croit que je vais partir. Elle n’a pas besoin de le dire. Je le sens dans sa nuque, dans ses silences. Elle attend que je me lève. Que je disparaisse. Comme je l’ai toujours fait.Mais je reste.Je fixe le plafond. Les ombres dansent, projetées par la lumière de la lune qui s’infiltre à travers les interstices des volets. La chambre est silencieuse, mais ce silence n’est pas vide. Il est saturé de ce qu’on n’a pas dit. De ce que je refuse d’avouer. Il y a des vérités que je ne sais pas formuler. Des failles que je masque sous le désir, sous le corps, sous la fuite. Mais ce soir, je n’ai pas fui. Je suis là. Je la retiens contre moi, comme si ça pouvait suffire à réparer. Comme si la chaleur de ma paume sur sa peau pouvai

CristóbalElle a refermé la porte de la salle de bain derrière elle.Et je reste là, seul dans la chambre, à fixer le plafond comme s’il allait me donner des réponses.L’odeur d’elle est partout. Sur les draps. Sur ma peau. Dans mes os.Et pourtant, elle m’échappe déjà.Comme toujours.Je m’assois au bord du lit. Le parquet est froid sous mes pieds nus. Je passe une main dans mes cheveux, lasse.Je devrais me sentir plus fort après cette nuit.Mais ce que je ressens… c’est le contraire.Je me sens nu. Exposé.Presque faible.Elle m’a laissé entrer.Et ça me terrifie.J’entends l’eau couler derrière la porte. Un bruit doux, presque lointain.Elle se lave de moi.Peut-être qu’elle essaie d’oublier.Peut-être qu’elle se déteste, un peu.Et moi… moi je suis en train de tomber.Encore.Plus profondément que la première fois.Parce que cette fois, il n’y a plus de faux semblants. Il n’y a plus de murs. Il n’y a que nous. Nus. Bruts. Blessés.Je me lève, j’attrape mon jean et l’enfile sans b

Soledad Le ciel s’assombrit alors qu’il approche.Je suis assise dans le café vide que j’ai choisi pour le rendez-vous. Un lieu neutre. Un lieu sans mémoire. Rien sur ces murs ne raconte quoi que ce soit. Pas de photo, pas de tableau. Juste le silence et l’attente. Une attente lourde, pleine de griffes invisibles.Le serveur m’a demandé trois fois si j’attendais quelqu’un. J’ai répondu par un hochement de tête. Il a fini par ne plus venir. Le café noir que j’ai commandé fume encore. Moi aussi. Un brasier silencieux, prêt à éclater.Je revois son visage. Sa façon de m’appeler Soledad, comme si j’étais une blessure. Comme si mon prénom était un cri. Ou une question. Comme s’il cherchait encore dans ce mot une échappatoire, une promesse, un mensonge auquel s’accrocher.Il entre.Cristóbal.Son manteau est froissé, son regard fuyant. Il est seul. Bonne décision. Ou erreur fatale. Je ne sais pas encore. Il m’aperçoit. Il hésite. Il avance. Chacun de ses pas fait résonner les chaînes invis