Le printemps arriva sans promesse.La pluie s’adoucit, le vent perdit sa morsure, et la mer, à nouveau, se fit miroir.Dans les rues de Port-Éclipse, on parlait de renaissance, de culture, d’art vivant.Mais sous ces mots polis, quelque chose d’autre recommençait à palpiter —un frémissement discret, familier, que Sonia reconnaissait sans oser le nommer.L’Éclat prospérait.Ce qui n’était qu’un lieu de silence devint bientôt un aimant.Les jeunes femmes du port — étudiantes, peintres, photographe, serveuse —y venaient d’abord par curiosité, puis restaient.Elles posaient des questions, écoutaient, apprenaient à regarder autrement.Sonia leur parlait d’équilibre, de lumière, de reflets.Mais elle savait que, derrière chaque regard,une même faim s’allumait : celle du feu qu’on croyait éteint.⸻Un soir de mai, après la fermeture,une de ces jeunes femmes resta.Elle s’appelait Clara — vingt-quatre ans, cheveux sombres, yeux d’eau trouble.Elle attendit que tout le monde soit parti, pu
Last Updated : 2025-10-21 Read more