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Chapitre 2 — L’obsession

Author: Melly
last update Last Updated: 2025-12-14 10:14:46

Adrien Valmont n’était pas obsédé facilement.

Ce mot impliquait une perte de contrôle, une forme de faiblesse qu’il s’était toujours interdit. Dans son univers, l’obsession était un défaut stratégique. Elle brouillait les décisions, altérait le jugement, rendait vulnérable.

Et pourtant, dès le lendemain matin, il pensa à elle.

Pas de manière romantique.

Pas comme une rêverie douce.

C’était plus brutal que ça.

Une image qui revenait sans prévenir.

Une voix qui surgissait au milieu d’une réunion.

Une sensation persistante, logée bas dans le ventre, impossible à ignorer.

Il se leva plus tôt que d’habitude. Non par discipline, mais parce que rester allongé était devenu inconfortable. Son appartement, habituellement apaisant, lui parut soudain trop vaste, trop silencieux.

Il se prépara mécaniquement. Douche froide. Costume impeccable. Gestes précis.

Tout était sous contrôle.

Sauf ça.

La réunion du matin fut un échec.

Pas pour les autres — pour lui.

Adrien écoutait, répondait, tranchait. Les chiffres défilaient, les projections s’enchaînaient, mais une partie de son esprit restait ailleurs. Il se surprit à relire trois fois le même document sans en absorber le contenu.

— Adrien ?

Il releva la tête.

— Tu es avec nous ?

Il hocha la tête.

— Continuez.

Mais il savait.

Quelque chose s’était déplacé. Et il n’aimait pas ça.

À la pause, il s’éloigna seul, téléphone en main. Il aurait pu appeler n’importe qui. Une femme. Une connaissance. Une distraction rapide et efficace.

Il n’appela personne.

Il pensa au café.

À ce quartier qu’il ne fréquentait jamais.

À cette fatigue dans ses gestes.

À cette résistance instinctive qui l’avait attiré plus que tout le reste.

Lina n’avait rien demandé.

Rien offert.

Elle existait sans chercher à lui plaire.

C’était insupportable.

Et terriblement excitant.

Il retourna travailler. Plus dur. Plus froid.

Comme s’il pouvait écraser cette sensation par la rigueur.

Mais en fin d’après-midi, la décision était déjà prise.

Il annula un dîner. Reporta un rendez-vous. Ignora un appel important.

Puis il se leva, attrapa son manteau.

Le ciel était bas. La ville lourde.

Adrien gara sa voiture à distance. Il voulait marcher. Sentir l’attente monter. Observer sans être vu.

Le café était là.

Toujours aussi ordinaire.

Il resta quelques secondes de l’autre côté de la rue.

Ce n’était plus un hasard, cette fois.

C’était un choix.

Et pour la première fois depuis longtemps, Adrien Valmont acceptait d’entrer quelque part sans savoir ce qu’il allait en ressortir.

Lina se réveilla avec cette sensation désagréable de n’avoir pas vraiment dormi.

Son corps était lourd, son esprit agité. Elle resta quelques secondes allongée, les yeux ouverts, à fixer le plafond jauni de son studio. Le silence était troublé par des bruits étouffés — une porte qui claquait dans l’immeuble, une chasse d’eau, la vie des autres qui continuait, indifférente.

Elle pensa à lui.

Aussitôt.

Elle en eut presque honte.

Elle se redressa, passa une main sur son visage, comme pour chasser cette pensée intrusive. Ce n’était pas son genre. Elle ne s’attachait pas à des inconnus. Elle savait trop bien ce que ça coûtait, de laisser quelqu’un s’installer dans sa tête.

Elle se leva, prépara un café trop fort, avalé debout près de l’évier. Son regard glissa vers le courrier empilé sur la table. Elle détourna les yeux.

Pas aujourd’hui.

Dans la rue, le froid la saisit brutalement. Elle marcha vite, les épaules rentrées, tentant de retrouver ce rythme familier qui l’aidait à ne pas penser. Les passants se croisaient sans se regarder. Chacun enfermé dans sa propre survie.

Elle se força à analyser la situation avec lucidité.

Il était riche.

Elle l’avait compris immédiatement.

Il était calme.

Trop calme.

Ce genre d’homme n’apparaissait jamais par hasard dans la vie de femmes comme elle. Et quand ils entraient, c’était rarement pour laisser les choses intactes.

Elle connaissait ces histoires. Des femmes qui s’illusionnent, qui confondent désir et ascension sociale, qui finissent écrasées sous un monde qui n’était pas fait pour elles.

Je ne serai pas celle-là, se promit-elle.

Le café l’accueillit avec son odeur familière de grains brûlés et de produits ménagers bon marché. Elle enfila son tablier, échangea quelques mots mécaniques avec son collègue, puis se mit au travail.

Les heures passèrent lentement.

Lina servait, encaissait, nettoyait. Elle souriait quand il le fallait. Elle encaissait les regards lourds, les remarques inutiles, les mains qui frôlaient un peu trop longtemps.

Elle était habituée.

Et pourtant, ce jour-là, tout lui sembla plus pénible.

Parce qu’une comparaison s’imposait malgré elle.

Adrien n’avait pas regardé son corps comme une chose disponible.

Il n’avait pas pris.

Il avait attendu.

Cette pensée la troubla plus qu’elle ne voulait l’admettre.

Elle surprit son propre reflet dans la vitre.

Elle avait les traits tirés. Les cheveux attachés trop vite. Des cernes qu’elle ne cherchait plus à cacher. Rien de séduisant, en apparence.

Qu’est-ce qu’il a vu ? se demanda-t-elle.

Cette question l’agaça immédiatement.

Rien. Il n’a rien vu. Il est juste passé.

Mais son ventre se noua à l’idée qu’il puisse revenir.

Ou pire : qu’il ne revienne pas.

En fin de service, la fatigue devint écrasante. Ses poignets la lançaient, ses jambes tremblaient légèrement. Elle essuya le comptoir avec plus de force que nécessaire.

— T’es tendue aujourd’hui, lança son collègue.

— Fatiguée, répondit-elle.

Elle ne voulait pas expliquer. Elle ne savait même pas comment formuler ce trouble.

Quand la porte du café s’ouvrit de nouveau, Lina sentit son cœur manquer un battement.

Ce n’était pas lui.

Elle se traita mentalement d’idiote.

Voilà où ça mène, pensa-t-elle. À attendre.

Elle termina son service avec une impatience qu’elle ne se connaissait pas. Quand elle quitta le café, la nuit était déjà tombée. Les rues étaient humides, les lampadaires diffusaient une lumière jaunâtre.

Elle marcha lentement.

Elle pensa à sa vie telle qu’elle était. Simple. Dure. Prévisible.

Puis à ce que la veille avait fissuré.

Elle n’avait rien vécu de concret avec lui.

Rien de charnel.

Rien de promis.

Et pourtant, quelque chose insistait.

Arrivée chez elle, elle posa son sac, retira son manteau. Elle resta debout au milieu de la pièce, incapable de se défaire de cette tension.

Elle pensa à son regard.

À sa retenue.

À cette sensation dérangeante d’avoir été vue.

— Ça suffit, murmura-t-elle.

Elle se coucha tôt, mais le sommeil refusa de venir.

Son corps savait quelque chose que son esprit refusait encore d’admettre.

Elle n’avait pas peur de lui.

Elle avait peur de ce qu’elle était prête à devenir en sa présence.

Le lendemain, Adrien entra dans le café avec la certitude désagréable qu’il avait déjà perdu quelque chose.

Il ne savait pas quoi.

Seulement que revenir ici n’était pas neutre.

La cloche au-dessus de la porte tinta doucement. L’odeur familière l’enveloppa aussitôt. Rien n’avait changé — et pourtant, tout lui parut différent.

Il la chercha immédiatement.

Lina était derrière le comptoir, concentrée, les épaules légèrement voûtées par la fatigue. Elle ne le vit pas tout de suite. Cette seconde d’attente le frustra plus qu’il ne l’aurait cru.

Puis elle leva les yeux.

Le choc fut silencieux, mais brutal.

Elle se figea à peine une fraction de seconde — suffisamment pour qu’il le remarque. Suffisamment pour qu’il sache qu’il n’était pas indifférent.

Elle reprit aussitôt contenance.

— Bonsoir.

Un seul mot. Neutre. Professionnel.

Adrien s’approcha du comptoir.

— Bonsoir, Lina.

Elle n’avait pas donné son prénom à grand monde. L’entendre dans sa bouche produisit un effet immédiat, presque physique.

— Qu’est-ce que je vous sers ? demanda-t-elle, déjà en train d’attraper une tasse.

— La même chose que la dernière fois.

Elle hocha la tête, sans lever les yeux.

Le silence entre eux était épais, chargé de ce qui n’avait pas été dit.

Adrien l’observait.

Chaque geste.

Chaque tension contenue.

Elle allait trop vite. Comme si ralentir risquait de la trahir. Il reconnut ce réflexe. Il l’avait vu chez des gens qui n’avaient pas le luxe de l’erreur.

— Vous avez passé une bonne journée ? demanda-t-il.

La question était banale. Son regard, non.

— Comme d’habitude, répondit-elle.

— C’est-à-dire ?

Elle posa la tasse devant lui, un peu plus sèchement qu’il ne l’aurait fallu.

— Longue.

Il esquissa un sourire.

— Les journées longues sont souvent celles qui laissent des traces.

Elle releva enfin les yeux.

— Vous avez toujours réponse à tout ?

— Seulement quand je sens qu’on essaie de m’éviter.

Elle se raidit.

— Je travaille.

— Je vois ça.

Il se tut. Il savait quand insister devenait une erreur.

Il ne resta pas longtemps.

Juste assez pour laisser une présence.

Quand il se leva, Lina sentit une déception immédiate, qu’elle se reprocha aussitôt.

Avant de partir, il se pencha légèrement vers elle.

— Je ne vous dérange pas en restant un moment dehors ?

Elle fronça les sourcils.

— Dehors ?

— Je pensais marcher un peu. Si jamais…

Il laissa la phrase en suspens.

Elle comprit très bien ce qu’il proposait.

— Je finis dans vingt minutes, dit-elle, presque malgré elle.

Il hocha la tête.

— Alors je vous attends.

Il sortit.

Lina resta immobile, le cœur battant trop vite.

Pourquoi j’ai dit ça ?

Quand elle sortit à son tour, la nuit était tombée complètement. La pluie avait cessé, laissant l’air froid et humide. Adrien était là, appuyé contre un lampadaire, les mains dans les poches.

Il la regarda approcher sans bouger.

— Vous n’étiez pas obligée, dit-il.

— Je sais.

Elle referma son manteau.

— Où on va ?

— Marcher, répondit-il simplement.

Ils s’éloignèrent du café sans direction précise.

La ville était différente la nuit. Plus brute. Plus honnête.

Ils marchaient côte à côte, à une distance calculée. Pas assez loin pour être indifférents. Pas assez près pour se toucher.

— Vous venez souvent ici ? demanda-t-elle.

— Non.

— Alors pourquoi revenir ?

Il prit quelques secondes avant de répondre.

— Parce que je n’aime pas laisser les choses inachevées.

— Et qu’est-ce qui est inachevé, exactement ?

Il s’arrêta.

Elle aussi.

— Ça, dit-il doucement.

Le mot flotta entre eux, lourd de sens.

— Vous ne savez rien de moi, dit-elle.

— C’est vrai.

— Alors pourquoi insister ?

Il la regarda comme s’il évaluait un risque.

— Parce que je n’ai rien à gagner… et beaucoup à perdre.

Cette réponse la troubla profondément.

Ils arrivèrent à un carrefour plus calme. Les bruits de la ville semblaient lointains. Adrien se rapprocha légèrement. Lina ne recula pas.

— Vous me faites peur, dit-elle.

— Moi aussi, répondit-il sans détour.

Elle déglutit.

— C’est une mauvaise idée.

— Probablement.

Leurs regards s’accrochèrent.

Le désir était là. Clair. Brut. Presque violent.

Adrien leva la main, s’arrêta à quelques centimètres de son visage. Il aurait pu la toucher. Il ne le fit pas.

— Si je vous embrasse maintenant, dit-il à voix basse, je ne suis pas sûr de m’arrêter.

Le souffle de Lina se bloqua.

— Alors ne le faites pas.

Il la regarda encore une seconde.

Puis il recula.

— Bonne nuit, Lina.

Elle resta là, immobile, pendant qu’il s’éloignait.

Son corps vibrait de frustration.

Son esprit criait à l’erreur.

Mais au fond d’elle, une certitude s’imposa :

Ce n’était que le début.

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