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Chapitre 2 – La Traque Silencieuse

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-05-07 23:47:53

LUCIANO

Le matin n’a pas encore levé son rideau que je suis déjà debout. J’ai passé la nuit à relire les logs, analyser les lignes de code, chercher dans les moindres recoins de notre architecture la trace de son passage. Je veux comprendre. Je veux sentir ce qu’elle a ressenti quand elle s’est frayé un chemin dans ma forteresse. Je veux entrer dans sa tête. Et puis l’écraser.

Mateo entre, silencieux, avec une tablette et un regard qui n’ose pas me croiser.

— Elle a utilisé un réseau fantôme basé à Bucarest. Un relais abandonné depuis trois ans. Elle a tout effacé derrière elle. On aurait rien vu si elle n’avait pas déclenché l’alarme.

Je serre la mâchoire. Bucarest. Elle est mobile. Intelligente. Sûrement seule. Ce genre de profil ne travaille pas pour un autre. Elle est trop précise, trop rapide. Elle a choisi Cendres. Ce n’est pas une commande. C’est personnel.

Je hoche lentement la tête.

— Et la cellule Nox ?

— En place. Deux agents en Europe de l’Est. Trois autres prêts à bouger. Ils attendent tes ordres.

Je réfléchis.

Pas de sang tout de suite. Pas encore. La peur est plus utile que la douleur. La peur fait parler, fait bouger. Et je veux qu’elle bouge. Je veux qu’elle sente la morsure de ma présence dans son dos. Qu’elle entende mon nom dans les soupirs de ses cauchemars.

— Envoyez-leur la dernière image de son profil numérique. Pas pour l’identifier. Pour la traquer.

Mateo s’incline. Il sait ce que ça veut dire. Elle devient la cible prioritaire.

Et moi, je deviens son ombre.

SASHA

Je dors dans un train de nuit, enroulée dans un manteau qui n’est pas à moi, avec un sac vide et un cœur plein de bruit. Les gares se succèdent, anonymes, grises, aussi fatiguées que moi.

Je change encore de SIM. Trois, aujourd’hui. Chaque appel est crypté, chaque message auto-détruit. Mais je sais que ça ne suffira pas.

J’ai réveillé un monstre.

Et dans un coin de mon esprit, une voix douce me chuchote : Tu l’as cherché.

Je ne fuis pas. Pas vraiment. J’observe. Je remonte ses réseaux. Ses mouvements. Je construis un profil. Luciano Moretti. Quarantaine silencieuse. Héritier d’un empire bâti sur la guerre et la peur. Discret. Intraçable. Jusqu’à cette nuit. Jusqu’à moi.

Il n’a pas encore bougé en public. Pas une photo récente. Pas de fuite. Mais son nom fait trembler les couloirs du darkweb. Il est mentionné à demi-mot dans des archives classées, dans des échanges cryptés. Toujours entre deux disparitions.

Je devrais me terrer. Me faire oublier. Mais je fais l’inverse.

Je l’attire.

Je laisse des miettes. Des codes. Des fragments de mes passages. Comme un jeu. Comme une provocation.

Parce qu’une partie de moi veut le voir.

Parce qu’une partie de moi veut qu’il me voie.

LUCIANO

Elle joue.

Je reconnais la signature. La finesse du leurre. La petite ligne de code oubliée exprès. Elle veut qu’on la trouve. Elle ne cherche pas à disparaître. Elle nous défie.

Bien.

C’est une erreur.

Dans une pièce verrouillée, je regarde l’écran s’allumer. Un signal. Roumanie. Puis Serbie. Puis effacé.

Mais je suis plus rapide.

— Elle se dirige vers l’Italie, dis-je calmement.

Mateo fronce les sourcils.

— Comment tu sais ?

— Elle est comme moi.

Un pion se déplace sur mon échiquier.

Je vais l’enfermer dans une partie dont elle ignore les règles.

SASHA

Je suis à Naples quand tout bascule.

Je m’étais arrêtée juste une heure. Juste pour respirer, pour manger quelque chose qui ne vient pas d’un distributeur rouillé. Mon ordinateur est allumé, isolé dans une chambre louée à la dernière minute. J’ai pris toutes les précautions. J’ai même changé de visage. Une perruque. Des lentilles. Du maquillage.

Mais il suffit d’un battement de cœur.

Un seul.

Pour que tout se fissure.

Le courant saute.

Silence.

Plus un bruit. Juste mon souffle. Et ce froid. Ce vertige.

Puis la vibration.

Un téléphone. Jetable. Un numéro que je n’ai jamais donné.

Je décroche.

Et sa voix traverse le vide comme un frisson sous la peau :

— Tu respires encore. C’est bien. Mais pas pour longtemps.

Je reste muette. Mon cœur cogne.

Il ajoute, lentement :

— J’aime quand on me provoque. Ça me rend… créatif.

Et il raccroche.

Je reste figée.

Il m’a trouvée.

Pas physiquement. Pas encore.

Mais il m’a reconnue.

Et dans ce jeu, ce n’est pas celui qui court qui est en danger.

C’est celui qui ralentit.

Je n’ai plus le droit de ralentir.

LUCIANO

Je n’ai pas menti.

Je suis créatif.

Et elle vient d’activer la dernière phase.

Il ne s’agit plus d’un projet compromis. Il s’agit d’elle.

De cette voix que je veux entendre trembler.

De cette audace que je veux briser.

Pas pour Cendres.

Pas pour l’empire.

Mais pour moi.

Parce qu’il y a dans ses silences… quelque chose que je ne peux pas ignorer.

Et dans ses failles, un parfum que je veux posséder.

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