LOGINRésumé : La Sirène et le Centaure Depuis des millénaires, un sang noir et salé coule entre les royaumes de la Terre et de la Mer. Les Centaures des plaines brûlent d'une haine viscérale pour les Sirènes des abysses, qu'ils tiennent pour responsables du grand Déluge qui engloutit leurs ancêtres. Une paix froide et fragile, tissée de mépris, est la seule loi qui prévaut. Éliane, princesse sirène promise au terrible Roi des Abysses, étouffe dans sa cage de corail et de devoir. Sa voix, capable d'apaiser les colères de l'océan, est son plus grand pouvoir et sa malédiction. Kaël, roi centaure et gardien des terres sacrées, porte le poids de sa couronne comme une entrave, son cœur de guerrier assoiffé d'une liberté qu'il ne connaît pas. Mais une prophétie ancienne, oubliée de la plupart, rôde : "L'union de l'Écume et du Sabot fera trembler le Trône des Cieux et précipitera les mondes dans le chaos." Leur amour est une étincelle au-dessus d'un baril de poudre. Lorsque leur secret est découvert, la fureur des dieux et de leurs peuples respectifs s'abat sans pitié. La mer se retire, laissant les royaumes sous-marins à sec. La terre se fissure, avalant forêts et troupeaux. Pour empêcher l'anéantissement total, un prix terrible est exigé : Éliane doit sacrifier sa voix magique, et Kaël sa liberté, acceptant des chaînes éternelles. À l'aube, sur une plage devenue le champ de bataille de leurs cœurs, ils se font face une dernière fois. Un baiser, à la fois doux et désespéré, scelle leur destin. Leur amour était-il une malédiction à éviter, ou la seule prophétie capable de sauver deux mondes qui ne savaient plus que se haïr ?
View MoreÉliane
La mer dort, étendue et souveraine, comme une amante qui ne m’appartient plus.
Ses murmures m’enveloppent, mais ce soir, ils ne me suffisent pas.
Il y a dans l’eau une inquiétude douce, un appel que je ne comprends pas.
Quelque chose au-delà des vagues.
Quelqu’un.
Je m’élève lentement vers la surface. Les algues glissent sur ma peau comme des doigts timides. Mon cœur bat contre mes côtes, et le froid de l’abysse s’efface peu à peu sous la chaleur du courant de lune.
Chaque fois que je remonte, j’ai l’impression de trahir quelque chose de sacré.
La Reine des Abysses dit que l’air est un poison pour nos cœurs.
Mais ce soir, j’ai envie de respirer ce poison.
Je perce la surface.
La lune se déverse sur moi en argent liquide.
Le monde d’en haut s’étend, vaste, silencieux, presque vivant.
L’air me fouette le visage, sec et âpre, chargé d’odeurs inconnues : le feu, la terre, la chair.
Je frissonne.
Un bruit.
Des sabots qui frappent le sol. Lents, puissants.
Mon regard se tourne vers le rivage.
Là, sous un arbre tordu par le vent, un être s’avance.
La lumière glisse sur son corps : torse d’homme, muscles tendus, luisants de sueur, et sous sa taille, la grâce d’un cheval noir.
Un centaure.
Il s’agenouille près de la rivière, trempe ses mains dans l’eau.
Son souffle trouble la surface.
Je ne devrais pas le regarder , c’est un ennemi, un fils de la terre , mais mes yeux refusent de se détourner.
Je suis fascinée par la façon dont la lumière épouse chaque relief de son torse, par la force tranquille de ses gestes.
Il semble fait pour dompter le monde.
Une branche craque.
Son regard se lève.
Et soudain, c’est moi qu’il voit.
Je me fige.
Nos yeux se rencontrent.
Je sens son étonnement, sa méfiance… et autre chose.
Une curiosité brute, presque animale.
Son regard me parcourt, glisse sur mes épaules nues, s’attarde sur ma peau humide.
Je sens le sang battre contre mes tempes.
— Qui est là ?
Sa voix est grave, rauque, chaude comme la terre après la pluie.
Je ne réponds pas tout de suite.
L’eau m’entoure, protectrice, mais la frontière entre nous semble si mince, si fragile que je pourrais la franchir d’un battement de cils.
Je m’avance d’un souffle, et la lune accroche mes écailles.
— Tu n’es pas humaine… murmure-t-il.
Je souris, lentement, un sourire que je ne me connaissais pas.
— Et toi, tu n’es pas bête.
Il fronce les sourcils, un souffle de rire dans la gorge.
Il ne sait pas s’il doit me craindre ou me désirer.
Je le vois dans la tension de sa mâchoire, dans ses doigts qui se referment sur sa lance sans qu’il s’en rende compte.
Je m’élève un peu plus, l’eau glissant le long de ma poitrine, et je le regarde droit dans les yeux.
— N’as-tu jamais vu une sirène ?
Il secoue la tête, fasciné.
— On dit que vous chantez pour perdre les hommes.
— Et toi ? veux-tu te perdre ?
Le silence retombe, lourd, vibrant.
Le vent caresse la surface de l’eau, soulève une mèche de mes cheveux, la dépose sur ma joue.
Il fait un pas vers moi, lentement. Ses sabots s’enfoncent dans la vase, la terre gémit sous son poids.
Je sens l’air changer.
Il y a entre nous un fil invisible, tendu, brûlant.
Je pourrais le rompre.
Je pourrais plonger et disparaître.
Mais je reste.
Je veux savoir quel goût a la terre.
Il s’arrête à quelques mètres.
Ses yeux brillent d’un éclat que je ne comprends pas encore.
— Comment t’appelles-tu ?
— Éliane. Et toi ?
— Kaël.
Je répète son nom à voix basse.
Il roule sur ma langue comme une promesse.
Kaël.
Un nom qui sent le sable et le sang.
Nos regards ne se quittent plus.
Et sous la surface, mon cœur bat si fort qu’il trouble l’eau.
Je sens la mer me tirer en arrière, jalouse.
Mais moi, je m’accroche à la rive.
À lui.
Cette nuit, je sais que quelque chose vient de naître.
Quelque chose d’interdit.
Quelque chose que même les dieux ne pourront pas arrêter.
KaëlLe monde ralentit. Se fige. Se brise.Je vois la lame luire, un éclair d'argent dans la pâleur de l'aube. Je vois sa main, si ferme, si déterminée. Je vois son regard qui me transperce, plein d'un amour si absolu qu'il choisit l'anéantissement.— NON !Mon cri déchire l'air, rauque, bestial, un son que je ne me savais pas capable de produire. Je bondis, mes sabots labourant le sable, projetant des gerbes d'écume. C'est une réaction pure, viscérale, qui balaie la politique, la haine, la raison.Trop tard.La lame trace un sillon écarlate sur sa peau de nacre. Il n'y a pas de jet de sang spectaculaire, seulement une ligne parfaite, nette, d'où perle un rubis sombre. Mais l'effet est immédiat et bien pire.Un silence.Ce n'est pas l'absence de bruit. C'est une force active, une vague qui jaillit d'elle et frappe tout sur son passage. Le grondement des vagues s'éteint. Les cris des oiseaux de mer sont avalés. Le souffle du vent meurt. Même le battement affolé de mon propre cœur sembl
ÉlianeLa froideur de Marinus s'est installée dans le palais comme une maladie. Elle imprègne les murs de nacre, alourdit l'eau, glace les sourires des courtisans. Chaque respiration que je prends est un combat contre cette inertie mortelle.Je me tiens dans la Salle du Trône, devant la Carte des Courants Éternels, une mosaïque de pierres lumineuses illustrant les royaumes de la mer. Mon père, le roi Nereus, est à mes côtés. Son visage, autrefois si fort, semble soudain usé, creusé par des sillons d'inquiétude.— Les pêcheurs des bas-fonds rapportent que la mer se retire encore, murmure-t-il. Les bancs de poissons fuient vers le large. Les coraux blanchissent. Les courants eux-mêmes sont perturbés.Sa main tremble en effleurant la région des Terres Centaures sur la carte.—Et de leur côté, la terre se fend. Leurs forêts meurent.Je garde le silence. Je sens le poids de son regard sur moi.—Éliane… cette prophétie. Les rumeurs qui courent sur toi et… le Centaure.Je ferme les yeux. Le
Eliane Son regard plonge dans le mien, et je sens une présence glaciale fouiller dans mes pensées, comme une pieuvre qui déploierait ses tentacules dans mon esprit. Je résiste, érigeant des murs, pensant au sable chaud, au goût du sang, à la fureur de Kaël. Tout, sauf la peur.Au bout d’un moment qui semble durer une éternité, il retire sa main.—Tu apprendras.Il passe à côté de moi, poursuivant son inspection silencieuse du palais. La pression diminue, me laissant tremblante, vidée.Je reste seule au milieu de la salle vide, la couronne lourde sur mon front. Les paroles de la prophétie me reviennent en mémoire.« Le prix de l’amour sera la perte… »J’ai perdu Kaël. J’ai perdu mon innocence. Je suis sur le point de perdre ma liberté, mon identité.Mais alors que je regarde la silhouette froide et parfaite de Marinus disparaître au bout du corridor, une conviction nouvelle, terrible et libératrice, naît dans la cendre de mon cœur.Je ne serai jamais silencieuse.Je ne serai jamais fr
ÉlianeLe palais est un linceul de nacre. Chaque corridor, chaque voile d’algue, chaque murmure est un rappel de ma trahison. Pas celle envers mon peuple, non. Celle envers moi-même. J’ai laissé Kaël me briser, et pire, j’ai aimé ça.Mon corps est une carte de ses mains. Des bleus sur mes hanches, la mémoire cuisante de son poids, l’écho d’une plénitude si violente qu’elle m’a vidée de toute émotion. Je me lave, encore et encore, mais l’odeur du sable chaud et du cuir persiste, fantôme obsédant.— Tu es silencieuse, ma perle.Ma mère me observe dans la pénombre de mes appartements. Ses yeux, si semblables aux miens, scrutent les miens. Elle voit les dégâts.—Le poids de la couronne se fait sentir, c’est tout.Je détourne le regard vers le miroir d’obsidienne. La femme qui me rend mon reflet a les yeux cernés, la bouche plus dure. La jeune princesse a été emportée par les courants, cette nuit-là.—Ce n’est pas que la couronne, Éliane. C’est autre chose. Je sens un orage en toi.Un orag
KaëlLe silence qui suit ses mots est plus lourd que les pressions des fosses marines. Chaque particule d’air entre nous est chargée d’un destin en suspens. Mon propre regard est un champ de bataille où se heurtent l’instinct du guerrier et la fureur de l’homme trahi.Je parle, ma voix un gravier roulé par la tempête.—Et tu es venue ici pour quoi, Sirène ? Cherches-tu mon approbation ? Mes condoléances ? Un dernier souvenir avant de te jeter dans les bras glacés de ton roi ?Chaque mot est un coup, que j’assène avec une froideur calculée. Je veux la blesser, comme je suis blessé. Je vois son cœur se tordre dans son regard, mais elle refuse de baisser les yeux. Sa fierté me fascine et m’exaspère.—Je suis venue parce que ce lieu est le seul qui soit réel. Tout le reste n’est qu’un songe, une prison de nacre.Un rire bref, sans aucune joie, m’échappe.—Réel ? Rien de tout cela n’est réel, Éliane. C’est une folie. Une maladie que nous partageons. Tu crois que ton petit chagrin de prince
ÉlianeLa soumission a un goût de cendre. Il colle à ma langue, bien plus amer que le sang de Kaël. J’ai baissé la tête devant mon père, j’ai accepté le poids de cette couronne qui n’a jamais été mon choix. Et depuis, le palais n’est plus qu’une immense chambre de torture nacrée.Je erre dans les salles immenses, mes nageoires ne faisant qu’effleurer les mosaïques de perles. Les chants des baleines, autrefois apaisants, résonnent comme des lamentations. Les raies manta qui dansent aux voûtes ont la grâce de geôliers silencieux. Chaque regard de courtisan, chaque sourire obséquieux, me rappelle ma condition : un joyau. Une pièce d’échange. Promise.— La couleur des tentures pour la cérémonie, Princesse ? L’azur des abysses ou l’argent des grottes lunaires ?—Les bijoux de la dot doivent être examinés. Le Roi Marinus a exigé que les perles noires de la Tranchée Éternelle y soient incluses.Je réponds par des hochements de tête vagues, des murmures d’assentiment. Mon esprit n’est pas ici
Bienvenue dans Goodnovel monde de fiction. Si vous aimez ce roman, ou si vous êtes un idéaliste espérant explorer un monde parfait, et que vous souhaitez également devenir un auteur de roman original en ligne pour augmenter vos revenus, vous pouvez rejoindre notre famille pour lire ou créer différents types de livres, tels que le roman d'amour, la lecture épique, le roman de loup-garou, le roman fantastique, le roman historique et ainsi de suite. Si vous êtes un lecteur, vous pouvez choisir des romans de haute qualité ici. Si vous êtes un auteur, vous pouvez obtenir plus d'inspiration des autres pour créer des œuvres plus brillantes. De plus, vos œuvres sur notre plateforme attireront plus d'attention et gagneront plus d'adimiration des lecteurs.
Comments