ÉlianeLe palais est un linceul de nacre. Chaque corridor, chaque voile d’algue, chaque murmure est un rappel de ma trahison. Pas celle envers mon peuple, non. Celle envers moi-même. J’ai laissé Kaël me briser, et pire, j’ai aimé ça.Mon corps est une carte de ses mains. Des bleus sur mes hanches, la mémoire cuisante de son poids, l’écho d’une plénitude si violente qu’elle m’a vidée de toute émotion. Je me lave, encore et encore, mais l’odeur du sable chaud et du cuir persiste, fantôme obsédant.— Tu es silencieuse, ma perle.Ma mère me observe dans la pénombre de mes appartements. Ses yeux, si semblables aux miens, scrutent les miens. Elle voit les dégâts.—Le poids de la couronne se fait sentir, c’est tout.Je détourne le regard vers le miroir d’obsidienne. La femme qui me rend mon reflet a les yeux cernés, la bouche plus dure. La jeune princesse a été emportée par les courants, cette nuit-là.—Ce n’est pas que la couronne, Éliane. C’est autre chose. Je sens un orage en toi.Un orag
Dernière mise à jour : 2025-11-05 Read More