Alayna
Il fait froid. Trop froid.
Mais dans ses bras, je me sens brûler. Je suis en train de m’éteindre sous son regard.
Ses mains m’étreignent, mais elles ne me rassurent pas. Elles me tiennent. Elles me possèdent.
Je me débats un instant, mais j’en ai déjà assez.
Je veux lui échapper. Mais je veux aussi qu’il m’arrête. Qu’il me brise encore.
Les souvenirs de la nuit précédente se bousculent dans ma tête, mes pensées s’enchevêtrent.
C’était une tempête. Une folie.
Mais c’était aussi un refuge, une fuite… un chemin. Le seul que j’ai trouvé, peut-être.
Je me redresse dans le lit, le souffle court. Ses yeux me scrutent. Il ne dit rien, il attend. Il veut que je parle. Mais je ne peux pas. Pas encore.
Il a semé des éclats dans mon âme, et je ne sais pas comment les réparer.
Kael
Elle n’ose pas me regarder. Je le sais. Elle veut fuir. Je le sens, cette urgence qui brûle dans son ventre. Mais elle ne bouge pas.
Elle sait qu’elle est perdue. Mais elle n’accepte pas encore de se laisser engloutir.
Je me lève, la laissant dans ses pensées, ses désirs contradictoires.
Je la regarde. Je vois la faiblesse qu’elle masque, la rage qu’elle cache. Et ça m'excite.
Je suis celui qui détruit. Celui qui sauve. Celui qui prend.
Et je vais lui montrer que tout ce qu’elle croit savoir sur le pouvoir, elle va devoir le redéfinir à mes côtés.
Je me dirige vers la fenêtre, le regard fixé sur la ville. Elle est là, endormie et consciente, consciente de tout, consciente de moi.
Je n’ai pas besoin qu’elle me suive. Je sais qu’elle viendra. Elle n’a pas d’autre choix.
Alayn
Il me laisse seule, mais je sais que je ne suis pas libre. Pas vraiment.
Je me redresse, m’assied sur le bord du lit, mes mains crispées sur les draps.
Le vent frais s’insinue à travers la fenêtre entrouverte. Mais c’est Kael qui est en moi, qui m’envahit.
Je n’ai pas de place pour la lumière. Pas de place pour la paix.
Je le regarde de dos, se tenant là, comme une ombre. Il est maître de tout. De mon corps, de mon esprit.
Et je déteste ça. Mais en même temps, je me sens… vivante.
Je me lève enfin, mes jambes tremblantes.
Je sais ce que je suis devenue. Je n’ai pas besoin de le dire.
Je suis en train de me perdre. Et c’est tout ce que je voulais.
Je marche vers lui, d’un pas lent, hésitant. Mais je sais que ce pas me mène tout droit vers la chute.
Kael
Elle approche. Lente. Calculée. Elle veut me défier.
Elle croit qu’elle peut rester indépendante. Mais je la sens se défaire, petit à petit, sous le poids de mes actes.
— Tu sais ce que tu fais, Alayna ?
Elle se fige. Un souffle. Puis elle secoue la tête.
Non, elle ne sait pas. Elle ne sait plus. Et c’est exactement ce que je veux.
Je me retourne enfin, la fixant de mes yeux perçants.
— Tu me regardes comme ça, mais tu ne comprends pas encore tout ce que ça implique.
Alayna
Je ne comprends pas. Pas vraiment.
Je suis arrivée ici sans savoir. Je suis là, dans ses bras, sous son emprise, et je me laisse détruire.
Mais je ne veux pas juste me laisser faire. J’ai besoin de savoir si je peux encore respirer. Si je peux encore exister.
Je m’avance vers lui, presque sans réfléchir, le défi brûlant dans ma voix.
— Je suis ici. Parce que je veux être ici. Ne crois pas que tu me possèdes.
Il m’attrape brusquement, me plaquant contre lui, son corps chaud contre le mien, comme une lave en fusion.
Je lutte. Je gronde. Je mords. Mais ça ne sert à rien.
Il m’appartient. Et je lui appartiens.
Kael
Elle se débat encore. Cette fois, c’est un défi plus subtil. Elle ne cède pas tout de suite. Mais je sais que tout ce qu’elle veut, c’est céder.
Elle a besoin de tout ça. De la douleur. De la passion. De ce contrôle que j’ai sur elle.
Je la laisse s’échapper un instant. Mais je la rattrape vite, mon regard brûlant le sien.
— T’as encore des illusions sur ce que tu veux, Alayna. Mais tu ne peux pas échapper à ce qui te définit.
Je la pousse contre le mur, mes lèvres frôlant les siennes, mes mains parcourant sa peau, marquant chaque parcelle comme un souvenir indélébile.
Alayna
Je ferme les yeux. Je me sens dévorée.
Mais je me laisse faire.
Je me laisse engloutir par lui. Par ce besoin qui me consume, par cette tempête qui ne me laisse plus d’espace pour respirer.
Je l’embrasse à nouveau. Plus fort. Plus sauvagement.
Je suis dans une cage. Mais il est mon propre cadenas. Et je veux les clés.
Kael
Elle me cherche. Mais elle ne sait pas ce qu’elle cherche.
Je la garde, je la presse contre moi.
Elle est mienne. Mais je veux qu’elle m’en fasse l’admettre.
Elle veut être brisée. Je vais la briser. Mais elle ne m’en voudra pas.
Je lui donne ce qu’elle désire. Et je me laisse aller dans cette folie, dans cette descente sans fin.
Tout est plus clair maintenant. Elle est à moi. Et je suis à elle.
AlaynaLe parfum du café emplit encore la cuisine lorsque des pas résonnent derrière moi. Kael apparaît dans l’encadrement de la porte, les cheveux encore ébouriffés, le visage détendu par le sommeil mais illuminé d’un sourire chaleureux. Ses yeux rencontrent les miens et, pour un instant, tout le reste disparaît.— Bonjour, dit-il d’une voix encore grave de sommeil.Je me lève légèrement sur la pointe des pieds, dépose le couteau sur le plan de travail et lui offre un sourire.— Bonjour… Dormi comme un roi ?Il hoche la tête, les épaules se détendant un peu plus, et vient déposer un baiser furtif sur ma joue. Je sens le contrecoup de cette proximité, un mélange d’habitude et de désir, et je me rends compte que le petit-déjeuner va devenir bien plus qu’un simple repas.Isolde, toujours en peignoir ivoire, me jette un regard qui semble dire : « Observe, apprends », tout en plaçant un plateau supplémentaire sur la table. Elle ne commente pas, mais je devine qu’elle apprécie ces moments
AlaynaLa lumière du matin s’étire comme un voile d’or sur la chambre. Elle glisse entre les rideaux à demi fermés, caresse la commode, accroche les verres d’eau restés sur la table de nuit. Je m’éveille lentement, enveloppée d’une chaleur familière, et la respiration régulière de Kael me parvient comme une rumeur apaisante. Son bras repose sur ma taille, lourd et protecteur.Je ferme les yeux un instant. Les souvenirs de la nuit reviennent en fragments : des éclats de rire étouffés, la moiteur de sa peau, nos cœurs battant à l’unisson. Une langueur douce m’envahit, une certitude d’avoir trouvé un abri, ne serait-ce que pour quelques heures. J’effleure sa joue du bout des doigts. Il sourit dans son sommeil, un sourire presque enfantin qui me serre le cœur.Le parfum du café, lointain mais précis, me tire doucement du lit. Je dépose un baiser discret sur son épaule, glisse hors des draps encore chauds et me faufile hors de la chambre. Dans le couloir, la maison respire déjà, planchers
AlaynaJe me réveille dans la pénombre encore tiède de la chambre, enveloppée par son corps chaud contre le mien. L’air est doux, parfumé d’ambre et de sueur mêlés, chargé de l’odeur de nos corps mêlés dans la nuit. La lumière filtrée par les rideaux teinte nos peaux de reflets dorés. Chaque souffle que je prends est encore lourd, chaque mouvement me rappelle les traces brûlantes de notre union.Ses doigts glissent sur ma taille, effleurent mes flancs, explorent avec une lenteur presque cruelle. Je frissonne malgré moi, un frisson qui court le long de ma colonne vertébrale et jusque dans mes reins. Ses caresses sont plus que du désir, elles sont une affirmation silencieuse : il est là, présent, vulnérable à sa manière, mais toujours maître de sa faim.Je ferme les yeux et me laisse guider, laissant mon corps répondre à ses gestes, mais mon esprit reste attentif, calculateur. Chaque soupir que je laisse échapper est une petite victoire, chaque mouvement de mes hanches un signe que je p
AlaynaLe silence est presque assourdissant après la tempête. Pas un bruit, sinon nos souffles heurtés, la plainte discrète des draps froissés sous nos corps encore emmêlés. Sa chaleur m’écrase, me brûle, me rassure malgré moi. Ma peau est maculée de sueur, perlée d’éclats de fièvre, et marquée de ses doigts, de ses dents, de son emprise. Mais je reste immobile.Je sens ses tremblements légers. Pas assez pour que lui-même s’en rende compte. Juste une secousse, presque imperceptible, qui trahit un état qu’il déteste : la faiblesse.Je passe ma main dans ses cheveux sombres, encore humides, collés par la sueur. Il ferme les yeux, son front appuyé contre mon épaule, et ce geste intime me donne l’impression d’avoir gagné une bataille invisible. Lui, le maître des ombres, réduit à chercher refuge dans ma chair.Je me garde bien de sourire. Mais à l’intérieur, chaque battement de son cœur que je compte est une victoire.KaelJe hais cette sensation. Mon souffle est saccadé, incontrôlable, c
AlaynaIsolde avait raison. Ne combats pas toujours. Laisse-le croire qu’il te dévore, et glisse ton venin au moment exact.Alors je me lève, doucement, comme une proie qui choisit de se livrer au prédateur. Mes doigts effleurent la soie de ma robe, la font glisser sur mes épaules. Le tissu tombe, révélant ma peau nue à la lueur tremblante des chandelles. Je ne détourne pas le regard. Je veux qu’il voie, qu’il sente que c’est moi qui décide de l’instant.KaelDieu… Elle ose. Elle me provoque, elle joue avec un feu dont elle ne mesure pas l’ampleur. La voir ainsi, offerte, me met au bord de la folie. Mon souffle se bloque, puis se fait rauque, animal.Je franchis la distance en un battement de cœur. Mes mains saisissent ses hanches, mes doigts s’enfoncent dans sa chair tendre. Elle étouffe un gémissement quand je la plaque contre le mur froid. J’ai besoin de sentir son corps contre le mien, de la posséder, de m’assurer qu’elle est bien là, à moi, à cet instant.Ses lèvres s’entrouvrent
AlaynaLe couloir semble interminable, étouffé par le silence. Je marche lentement, comme si chaque pas me ramenait un peu plus à ma solitude. Derrière moi, la voix d’Isolde persiste, fil invisible qui s’enroule autour de ma mémoire. Observer. Lire. Attendre. Ses mots me poursuivent, coulent dans mes veines comme un poison dont je ne veux déjà plus me défaire.Lorsque j’atteins mes appartements, deux gardes s’écartent en silence pour me laisser entrer. La porte se referme, et aussitôt le monde extérieur disparaît. La chambre m’accueille dans une pénombre apaisante, rythmée par le souffle discret d’une lampe suspendue. Mais ce qui attire mes yeux, c’est la salle attenante, d’où s’élève une vapeur légère.Une servante est passée par là. Elle a préparé ce qui ressemble moins à un bain qu’à un sanctuaire.Je m’avance, mes pieds nus frôlant les dalles fraîches. L’alcôve s’ouvre sur une salle de bains ultramoderne, disproportionnée pour une simple captive. Des murs de marbre clair miroitent