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Chapitre 3. Un cœur palpitant

Author: Ben Bash
last update Last Updated: 2025-04-30 00:34:37

Je quittai le salon d’un pas tranquille, fermant soigneusement la porte derrière moi à l’aide de la clé que je fis tourner lentement dans la serrure, comme pour sceller l’instant de calme que je laissais à l’intérieur.

Mon homme de maison, fidèle et discret, se dirigea de son côté vers le portail, répondant à un simple regard complice de ma part, habitué à mes gestes silencieux autant qu'à mes absences improvisées.

Le grincement familier du portail se fit entendre, lourd et un peu rouillé, comme un vieux compagnon qui se plaint doucement de ses années de service.

Je descendis les quelques marches du perron, appréciant cette fraîcheur du matin encore timide qui caressait les murs et la cour pavée de ma maison.

Devant moi, mon Prado attendait, immobile, comme un cheval puissant prêt à bondir sous la moindre impulsion. Je glissai la clé dans la portière, montai à l’intérieur, ajustai mon siège, puis tournai la clé de contact.

Le moteur vrombit, un rugissement sourd, régulier, presque rassurant. Ce bruit mécanique me fit sourire intérieurement ; il n'était ni agressif ni brusque : c'était le chant grave d'une machine fidèle, complice de tant de trajets silencieux, de tant de pensées jetées dans l'infini de la route.

Je pris une grande inspiration, laissai mes mains s'habituer au volant, sentis le cuir sous mes doigts. Puis, d'un mouvement souple, je relâchai le frein à main, engageai la première, et me libérai de chez moi.

Je franchis doucement le portail ouvert, saluai d'un signe de tête mon domestique qui refermait déjà derrière moi, et m'engageai dans la rue.

Le soleil, encore bas, projetait de longues ombres sur l'asphalte légèrement craquelé. Quelques passants matinaux, les épaules déjà chargées de sacs, traversaient la route sans hâte, absorbés dans leurs propres mondes.

Des enfants, vêtus de tenues colorées, traînaient à contre-courant, sans doute en route vers des églises du quartier ou quelques répétitions de chœur.

Au volant, je me laissai porter par le rythme lent du matin. Aucune précipitation. Aucune pensée pressante. Juste moi, la voiture, et cette ville que je connaissais presque par cœur, chaque rue, chaque trottoir, chaque boutique défraîchie.

En cours de route, je ne me posais aucune question sur ce qui m'attendait chez ma mère. Je n'en ressentais ni la curiosité brûlante ni l'angoisse. Une surprise, m'avait-elle dit, et cela suffisait. Dans mon esprit, ce mot flottait comme une bulle légère, vide de toute image concrète mais remplie d'une douce attente.

Je connaissais Valentine, ma mère.

Avec elle, une surprise pouvait être tout et rien : une nouvelle recette qu'elle voulait me faire goûter, une vieille photo retrouvée, une confidence longtemps gardée, un projet pour moi qu'elle avait mûri en silence...

Elle avait ce don de mettre de la magie dans les gestes simples, de transformer le quotidien en fête modeste mais sincère. Alors je roulais, le cœur léger, dans ce dimanche tiède, en laissant mon esprit dériver. Au détour des avenues familières, je laissais mes pensées vagabonder.

La circulation était fluide ; quelques taxis jaunes zigzaguaient maladroitement, des vendeurs de fruits alignaient leurs étals sous les parasols multicolores, des groupes de jeunes traînaient en bordure des trottoirs, riant trop fort pour un matin si calme.

Tout semblait baigner dans une lumière douce, presque irréelle, comme si la ville elle-même voulait, ce jour-là, se faire discrète pour ne pas troubler la quiétude de mon voyage.

Je me surpris même à chantonner à mi-voix une vieille chanson que ma mère écoutait souvent lorsque j'étais enfant. Un air lointain, mélancolique et tendre, qui parlait de routes longues et de retrouvailles heureuses.

Le chemin vers chez elle n'était pas long. Une quinzaine de minutes, à peine. Et pourtant, ce matin-là, ce court trajet me semblait avoir une densité particulière, comme s'il préparait quelque chose, comme si chaque minute passée derrière le volant était une marche invisible vers un changement subtil de mon existence.

Je ne savais pas encore pourquoi ce sentiment m'envahissait. Mais je n'avais pas peur. J'avais confiance. Après tout, j'allais vers Valentine, et tant que c'était elle qui m'attendait à l'autre bout, tout ne pouvait être que doux et lumineux.

Quand j'approchai du toit maternel, une sensation familière m'envahit, celle que seuls les retours aux sources savent provoquer. Je ralentis légèrement, savourant l’instant où le paysage devenait plus intime, où chaque arbre, chaque clôture, chaque maison voisine semblait me reconnaître et m’accueillir silencieusement.

C’est alors que je remarquai quelque chose d’étrange, de différent. Une fumée légère, blanche et parfumée, flottait au-dessus de la maison. Elle dansait dans l’air tiède du matin, s’élevant en volutes paresseuses vers le ciel éclatant.

Mais ce n’était pas une fumée inquiétante, elle avait une odeur riche, gourmande, une promesse de plats savoureux mijotant quelque part, tout près. Une odeur de fête. Un subtil mélange de viandes rôties, d'épices chaudes, de sauce épaisse… Une fragrance si familière qu'elle tira un sourire attendri de mes lèvres.

Il fallait avancer.

Mon cœur accéléra légèrement, comme par réflexe, tandis que je progressais dans l'allée gravillonnée bordée de haies bien entretenues. Le Prado roulait lentement, majestueusement, comme s’il partageait mon respect pour ce lieu chargé de souvenirs.

Je m’arrêtai enfin devant la grande porte du jardin. Sans même éteindre tout de suite le moteur, j'appuyai doucement sur le klaxon, un signal bref, respectueux, presque cérémoniel, comme à chaque fois. Chez nous, on n'entrait jamais sans prévenir, même quand on était un fils attendu.

Aussitôt, des pas pressés résonnèrent de l’autre côté. Je vis l’ombre légère d’un corps passer derrière le portail, puis la grille s'ouvrit en grinçant légèrement. C'était un jeune voisin, sans doute envoyé par maman, qui accourut pour m'accueillir avec un sourire large et un salut respectueux.

Je hochai la tête en réponse, coupai le moteur, puis sortis du véhicule. La chaleur extérieure m’enveloppa immédiatement, une chaleur douce, non agressive, mêlée aux senteurs savoureuses qui emplissaient tout l’air environnant. Je refermai délicatement la portière, pris une grande inspiration, et observai la scène autour de moi.

Quelque chose se préparait, c'était évident. Ce n'était pas un simple déjeuner improvisé entre mère et fils. Non, il y avait dans l’air une agitation discrète, une fébrilité contenue. À travers les fenêtres entrouvertes de la maison, j'apercevais des ombres qui allaient et venaient, des rideaux qui bougeaient légèrement, des éclats de voix étouffés par les murs. Une atmosphère vivante, palpitante, pleine de mystère.

Je ne savais pas encore ce qui m’attendait. Mais je sentais au fond de moi que la "surprise" annoncée n'était pas ordinaire. Valentine n'était pas du genre à se donner autant de peine pour un simple détail.

Tout restait à découvrir.

Je fis quelques pas, marchant lentement vers la véranda baignée de lumière, mes chaussures crissant sur les dalles claires du chemin. Chaque pas semblait m'approcher un peu plus d'une frontière invisible, entre mon passé connu et un futur encore insoupçonné. Je souris malgré moi, bercé par cette douce excitation, prêt à accueillir ce que ma mère avait préparé pour moi.

Sans forcer, sans chercher à deviner, je laissai mon cœur ouvert, disponible. Après tout, parfois, il fallait savoir se laisser surprendre par la vie.

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