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Chapitre 46 — Entre leurs mains 42

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-09-01 20:23:27

LÉNA

Le matin me surprend. Je croyais ne pas avoir fermé l’œil, mais je me réveille quand même, lourde, engourdie, la couverture glissée à moitié sur le sol. Dans l’appartement, tout est calme. Le soleil filtre doucement à travers les rideaux clairs du salon, jetant des éclats pâles sur le tapis.

Je me redresse avec peine. Mes cuisses protestent encore, mon corps entier est une plaie, mais quelque chose a changé : le silence d’ici n’est pas menaçant. Pas de pas lourds, pas de voix brusques, pas de clef qui tourne pour m’arracher au sommeil. Rien. Juste un calme presque trop grand.

Un bruit discret me tire de mes pensées : des tasses qu’on pose sur la table, le frémissement d’une casserole d’eau. Ma sœur est dans la cuisine.

Je me lève, pieds nus, avançant lentement, comme si chaque pas me demandait d’affronter une frontière invisible. Quand j’apparais dans l’embrasure de la porte, elle se retourne aussitôt, un sourire léger sur ses lèvres, mais ses yeux brillent encore d’une inquiétud
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    LÉNAJe m’abandonne à eux sans résistance, mes mains glissant sur leurs épaules, leurs torses, cherchant leurs visages, leurs lèvres, leur chaleur. Chaque contact est un électrochoc, une décharge de désir et de sécurité à la fois, et pourtant je sens le poids de ce secret, cette vie que je porte, qui impose une prudence silencieuse. Mes doigts effleurent le ventre encore fragile, et un frisson me traverse : je suis vulnérable, mais je me sens protégée, aimée, consumée tout à la fois.Leurs mains se posent sur moi avec douceur et urgence, comme pour m’ancrer dans le présent, pour sentir que je suis là, réelle, entière. Je ferme les yeux, mes lèvres se perdant sur celles de Raphaël, puis sur celles de Léo, mes baisers tremblants et avides, un mélange de gratitude et de désir que je n’ai jamais connu.— Léna… souffle Raphaël contre mes lèvres, sa voix tremblante de retenue et d’ivresse. Laisse-moi… laisse-moi te sentir entière.RAPHAËLChaque souffle qu’elle prend m’électrise. Son parfum

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    RAPHAËLLe silence pèse comme une chape de plomb. Même les bruits de la rue semblent s’être éteints, comme si le monde retenait son souffle, suspendu à cet instant. Devant moi, la sœur se tient droite, fière, les bras croisés contre sa poitrine comme une armure de fortune. Ses yeux brillent d’un éclat dur, mais derrière cette façade, je sens les failles. Sa respiration trahit l’effort qu’elle déploie pour nous tenir tête, et plus elle parle avec fermeté, plus je perçois la peur qui pulse dans ses veines.Derrière elle, mon regard accroche celui que je cherche depuis trop longtemps. Léna. Sa silhouette fragile à demi dissimulée dans l’ombre, ses mains serrées contre son ventre, ses lèvres tremblantes, ses yeux inondés. Chaque détail me transperce. Elle est là, et je la sens m’appeler sans un mot.Léo frémit à mes côtés, incapable de contenir son feu. Son souffle est court, sa mâchoire crispée, ses mains tremblantes d’impatience.— Assez, gronde-t-il, sa voix résonne comme un coup de to

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    LÉNADepuis quelques jours, quelque chose cloche dans mon corps. J’essaie de l’ignorer, de me convaincre que ce ne sont que les nerfs, que la fatigue de cette fuite, que le poids invisible de mes nuits sans sommeil, mais chaque matin je me réveille plus lourde, la gorge nouée, et mes entrailles se révoltent.Le premier malaise est arrivé un matin ordinaire, dans la cuisine. Ma sœur parlait, elle coupait des légumes, ses mots glissaient sur moi comme une pluie lointaine, et soudain le sol s’est mis à tanguer. Mes mains ont cherché le rebord de la table, ma bouche s’est emplie d’un goût amer, et j’ai couru jusqu’à l’évier pour vomir ce café à peine avalé.Elle m’a suivie, inquiète, ses yeux plissés comme si elle cherchait à deviner ce que je ne disais pas.— Léna, ça va ?J’ai hoché la tête, les larmes aux yeux, incapable de prononcer un mot. Mon ventre se contractait encore, et j’avais honte de la faiblesse qui m’écrasait.Les jours suivants, les malaises se sont répétés. Le matin, le

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