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Chapitre 10

Author: lerougeecrit
last update Last Updated: 2025-10-08 01:00:23

Vincenzo

Le retour à la conscience fut un lent et douloureux voyage à travers un brouillard épais, saturé de l'odeur âcre de l'antiseptique et du bourdonnement incessant des machines. Mes paupières étaient lourdes, collées, comme scellées par le poids du sommeil et de la douleur, refusant de laisser la lumière crue de la réalité s’immiscer. Un filet de lumière blafarde perçait à travers les fentes, et j'entendis un bip régulier, lancinant, un métronome macabre qui rythmait mon retour à la vie, chaque impulsion électrique me rappelant ma fragilité. La gorge était sèche, râpeuse, comme si j'avais avalé du sable, et une douleur lancinante irradiait de mon épaule gauche et du bas de mon dos, des feux brûlants qui me rappelaient ma chute, la chute de l'homme, la chute du parrain.

Je luttai pour ouvrir les yeux, mes muscles endoloris protestant à chaque effort. La pièce était floue, des formes indistinctes se mouvant dans un halo laiteux. Puis,

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  • Pardonne-Moi (Tome 2)   Chapitre 14

    VincenzoL’air de Courchevel était une lame de glace, pure et aiguisée, qui fouettait les cimes des sapins enneigés. Le froid n'était pas une simple sensation, mais une présence palpable, un fardeau cristallin qui pesait sur ma peau et s'infiltrait jusqu'à mes os. Chaque branche, givrée et silencieuse, devenait une sculpture fragile, une dentelle de cristal prête à se briser. Depuis les larges baies vitrées du chalet, le monde s'étirait en un tableau hypnotique de montagnes immaculées, leurs crêtes déchiquetées comme des mâchoires de pierre, immobiles et menaçantes.Une beauté violente, sauvage, qui ne parvenait pas à me faire oublier le chaos brûlant de Naples, mais qui possédait une blancheur trompeuse. La neige, si pure en surface, cachait des failles insondables, des précipices et des abîmes. Tout comme la paix apparente qui régnait autour de moi. Ici, le silence régnait en maître, un silence si lourd qu'il faisait vibrer le tympan, u

  • Pardonne-Moi (Tome 2)   Chapitre 13

    AvaL'automne s'était installé sur Naples avec une gravité mélancolique. Il ne s'agissait pas de la fin joyeuse et flamboyante de l'été, mais d'un lent et inexorable déclin. Le soleil, autrefois flamboyant et impérieux, n'offrait plus qu'une lumière tamisée, dorée, qui peignait les rues étroites et les façades décrépites d'une palette d'ocre et de rouille. Cette lumière, douce et voilée, m'évoquait celle que j'avais vue dans les yeux de Vincenzo, une étincelle de chaleur capturée dans un abîme de ténèbres. Le vent, chargé du sel âpre de la mer et de l'odeur douce et entêtante des figues mûres, charriait une tristesse diffuse. Il balayait les feuilles des oliviers, les faisant tourbillonner comme des pensées égarées, et je me sentais moi-m&ecir

  • Pardonne-Moi (Tome 2)   Chapitre 12

    VincenzoLe silence du manoir était une torture. Une prison de marbre et d’or, dont les murs autrefois symboles de mon pouvoir, résonnaient désormais comme la paroi d’une cage. Chaque recoin de cette résidence, chaque tableau d’un maître ancien, chaque sculpture de marbre froid, chaque reflet dans les sols polis, tout me rappelait que j’étais là, cloué au lit, tandis que mon monde, mon empire, tremblait sur ses fondations. J’étais un lion blessé, mon corps trahi par la chair, mais mon esprit, lui, restait l’ultime prédateur. La douleur lancinante de mes blessures n'était qu'un bruit de fond insignifiant face à la faim qui me rongeait : la faim du pouvoir, la faim de la vengeance, la faim de la chasse.

  • Pardonne-Moi (Tome 2)   Chapitre 11

    AvaLe manoir De Luca n'était plus la prison dorée que j'avais connue. C'était devenu un refuge. Notre refuge. Les murs de marbre, autrefois froids et intimidants, semblaient maintenant retenir une chaleur douce, la chaleur de notre réconciliation. Vincenzo était là, dans notre chambre, un lion blessé confiné dans une cage trop petite. Je prenais soin de lui, chaque jour, chaque heure, chaque minute, comme si en le touchant, en le soignant, je pouvais effacer nos disputes, nos blessures, ce mois passé loin de notre domicile et les cinq jours d'enfer que nous avions vécus séparés par un coma.La vie semblait reprendre son cours, un cours lent, apaisé, comme un fleuve après la crue. Vincenzo était sous l'effet de calmants, mais il restait un patient difficile. Le roi de Naples n'était pas fait pour l'immobilité. Il ressemblait plus que jamais à un lion en cage, tournant en rond dans notre chambre, sa force physique retenue par des blessures

  • Pardonne-Moi (Tome 2)   Chapitre 10

    VincenzoLe retour à la conscience fut un lent et douloureux voyage à travers un brouillard épais, saturé de l'odeur âcre de l'antiseptique et du bourdonnement incessant des machines. Mes paupières étaient lourdes, collées, comme scellées par le poids du sommeil et de la douleur, refusant de laisser la lumière crue de la réalité s’immiscer. Un filet de lumière blafarde perçait à travers les fentes, et j'entendis un bip régulier, lancinant, un métronome macabre qui rythmait mon retour à la vie, chaque impulsion électrique me rappelant ma fragilité. La gorge était sèche, râpeuse, comme si j'avais avalé du sable, et une douleur lancinante irradiait de mon épaule gauche et du bas de mon dos, des feux brûlants qui me rappelaient ma chute, la chute de l'homme, la chute du parrain.Je luttai pour ouvrir les yeux, mes muscles endoloris protestant à chaque effort. La pièce était floue, des formes indistinctes se mouvant dans un halo laiteux. Puis,

  • Pardonne-Moi (Tome 2)   Chapitre 9

    AvaLes jours s'étiraient, des fils invisibles tissés de silence et de peur, chacun plus lourd que le précédent, pesant sur mes épaules comme un linceul de plomb. Les ombres s'allongeaient, puis se raccourcissaient, mais le temps, lui, restait figé. Cinq jours. Cinq éternités depuis que le monde avait basculé, depuis que le corps de Vincenzo s’était effondré sur le trottoir. Son sang maculant ma robe, cet écarlate si vibrant, si violent, était désormais un souvenir poisseux, une empreinte indélébile sur mon esprit. Ses derniers mots, un aveu d’amour déchirant, s’étaient perdus dans le fracas des balles, une litanie inachevée qui me hantait chaque seconde. Cinq jours que son souffle, autrefois un brasier, n’était plus qu’une faible pulsation, une promesse incertaine de vie, maintenue par le bourdonnement incessant des machines qui l'entouraient. Chaque fil, chaque tube, chaque écran clignotant était une corde tendue entre la vie et la mort, une l

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