Home / Romance / Rejetée par mon Alpha, Réclamée par l’Ennemi / Chapitre 2 – Marquée par la Lune

Share

Chapitre 2 – Marquée par la Lune

Author: Velvet aura
last update Last Updated: 2025-09-02 23:32:36

Ses lèvres articulèrent une vérité que je n’avais jamais voulu entendre, une vérité si brutale qu’elle brisa en un instant l’équilibre fragile de mon monde.

— Je te rejette.

Le silence de la clairière se déchira aussitôt, remplacé par un tumulte de voix et de rires cruels. Malgré le choc qui me pétrifiait, je distinguais les exclamations moqueuses, les soupirs méprisants et les éclats de voix qui validaient implicitement ce verdict. Même ceux qui ne parlaient pas affichaient sur leurs visages des expressions de dédain, comme si mon humiliation n’était qu’un spectacle inévitable.

— Rejetée !

— Honte à elle !

— Une oméga ne peut pas être l’âme sœur de l’Alpha !

Je vacillai sous ces paroles qui s’abattaient sur moi comme des pierres lancées par une foule en délire. Mon souffle se bloqua dans ma poitrine, et le lien invisible qui me reliait à lui, ce fil fragile qui m’avait donné l’illusion d’un avenir, se tordit avant de se rompre définitivement, ne laissant derrière lui que l’écho douloureux d’un rêve perdu. Mon cœur se brisa en mille fragments acérés, mes jambes tremblaient sous le poids de la honte et mes yeux, noyés de larmes, ne distinguaient plus qu’un brouillard de visages hostiles.

Rejetée. Non seulement par mon âme sœur, mais par mon Alpha.

Je voulus crier, lui demander pourquoi, comprendre ce qui pouvait justifier une telle condamnation. Mais ma gorge était serrée, ma voix prisonnière d’un nœud de douleur, et dans le vacarme de la meute en liesse, aucun son ne parvint à franchir mes lèvres. Tout ce que je voyais, c’était son regard sombre, fermé, ses yeux noirs où se lisait non pas le regret, mais la conviction glaciale que j’étais une erreur à effacer.

Pourtant, alors même que mon cœur sombrait, un frisson étrange parcourut mes mains. La lumière de la Lune sembla s’y condenser, argentée, brûlante, comme si la déesse elle-même posait son sceau sur ma chair. Mes paumes s’illuminèrent d’une douce clarté vibrante, et un halètement m’échappa tandis que je reculais, effrayée de cette lueur qui me trahissait.

— Qu’est-ce que… ? murmura un ancien, la stupeur brisant un instant le vacarme.

Le regard de la meute changea aussitôt. Aux moqueries succédèrent la peur, la méfiance, les soupçons. Caius, lui, me fixait toujours, mais dans la dureté de ses yeux noirs, une ombre de trouble passa fugitivement.

— Voilà pourquoi, dit-il d’une voix aussi glaciale que le tranchant d’une lame. Voilà pourquoi je t’ai rejetée.

La Lune, dans sa cruauté, brillait plus fort, éclairant ma honte comme pour la graver dans la mémoire de tous. Dans cette clarté impitoyable, je compris que je venais de perdre non seulement mon statut d’oméga, mais toute ma place au sein de la meute. Et pire encore, que j’avais peut-être éveillé une puissance dont je ne mesurais ni la portée ni le danger.

Les cris redoublèrent, emplissant la clairière d’un vacarme insoutenable. Certains reculaient, terrifiés, comme si ma lumière était contagieuse, tandis que d’autres ricanaient à gorge déployée, se repaissant de ma chute comme d’un spectacle grotesque. Les plus jeunes se pressaient, excités, pour mieux voir l’abomination que j’étais devenue.

— C’est une sorcière !

— La Lune nous punit !

— Écartez-vous d’elle !

Chaque mot s’imprimait dans ma chair comme un fouet, lacérant ce qu’il me restait de dignité. J’avais cru être invisible, insignifiante, et peut-être, un court instant, j’avais osé espérer être plus en sentant le lien sacré avec l’Alpha. Pourtant, ce soir, je devenais pire encore : une menace, une anomalie, une hérésie vivante.

Je tentai de cacher mes mains, mais la lumière refusait de s’éteindre. Elle pulsait obstinément, douce et implacable, comme si la Lune me refusait la fuite et exigeait que je sois exposée aux yeux de tous. Mes doigts tremblaient, mes genoux ployaient, et je crus que j’allais m’effondrer là, sous leurs cris.

— Mira… balbutiai-je, cherchant dans le tumulte une seule alliée.

Elle était là, son visage crispé par la peur, mais ce n’était pas moi qu’elle redoutait. Ses poings serrés témoignaient de sa colère et de son courage.

— Laissez-la ! s’écria-t-elle, sa voix éraillée mais farouche bravant le silence hostile. Ce n’est pas elle qui a choisi !

Un silence brutal retomba, troublé par les grognements des dominants prêts à la faire taire. Mais moi, je restai figée, incapable de bouger, écrasée par la honte et la douleur.

Je cherchai Caius du regard, désespérée, espérant un signe, un mot qui pourrait tout renverser. Mais il demeurait droit, impassible, le clair-obscur lunaire soulignant la dureté de ses traits. Ses mots résonnaient encore en moi, implacables : Voilà pourquoi je t’ai rejetée. Comme si ce don, cette lumière qui m’envahissait, justifiait ma condamnation.

— Tu savais… depuis le début ? parvins-je à murmurer, la voix brisée.

Il ne répondit pas. Sa mâchoire crispée, son silence pesant, me blessèrent bien plus que ses paroles.

Les Anciens s’avancèrent alors, drapés de leurs manteaux sombres, silhouettes imposantes qui semblaient porter sur leurs épaules le poids des traditions. Le plus âgé leva la main, et sa voix rugueuse coupa net le tumulte.

— La Lune a parlé. Cette enfant porte une marque interdite. Nous devons décider de son sort avant l’aube.

Un frisson glacial me traversa. Décider de mon sort… Comme si ma vie n’était plus qu’un fardeau dont on pouvait se débarrasser.

Theron, le Bêta, ricana avec mépris.

— Il n’y a rien à décider. Elle n’a pas sa place parmi nous. L’Alpha a eu raison.

Des acclamations jaillirent, galvanisant la meute qui resserra le cercle autour de moi, prête à expulser la bête qu’elle croyait voir. Mon cœur battait à tout rompre, mes yeux s’emplissaient de larmes que je refusai de laisser tomber.

— Pitié… laissez-moi expliquer… tentai-je, mais ma voix se brisa dans le vacarme.

Mira s’écria plus fort, ses mots vibrants d’un courage désespéré :

— Elle n’a rien fait de mal ! Vous avez vu la lumière ? La Lune l’a choisie !

Un murmure parcourut la foule, moins moqueur, mais plus empreint de crainte. Certains reculaient, d’autres s’avançaient, fascinés. Était-ce une bénédiction ou une malédiction ?

Je reculai, chaque pas m’éloignant davantage de la meute à laquelle j’avais toujours appartenu. La lumière dans mes mains s’éteignit enfin, mais il était trop tard. Tous l’avaient vue. Tous savaient désormais que je n’étais pas seulement une oméga.

Un ancien cracha à mes pieds, sa voix tranchante comme une sentence.

— Une anomalie. Voilà ce qu’elle est.

Leurs regards m’étranglaient, et au milieu de ce chaos, Caius détourna enfin les yeux, comme si je n’existais déjà plus.

Rejetée par mon mate. Rejetée par ma meute.

Et quand le tumulte retomba, une seule phrase résonna, glaçant mon sang :

— Qu’on l’emmène.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • Rejetée par mon Alpha, Réclamée par l’Ennemi   Chapitre 23 – Quand la lumière dévore

    Depuis la nuit du cercle des anciens, mes gardes ne me quittaient plus. Leurs silhouettes, toujours présentes, étaient devenues les barreaux invisibles de ma prison. Ils veillaient à chaque pas, chaque souffle, chaque regard que je posais sur Mira. Et plus leurs yeux me fixaient, plus la peur me rongeait. Parce qu’au fond, je savais : tôt ou tard, quelqu’un découvrirait que la lumière dans mes paumes n’était pas seulement faite pour guérir. Mais ce soir-là, la chance — ou peut-être la Lune — m’offrit une brèche. Les gardes, croyant que je dormais, avaient quitté mon seuil pour rejoindre un feu plus loin. Mira, rapide comme une ombre, s’engouffra dans ma cabane. Ses yeux brûlaient d’impatience. — Viens, souffla-t-elle. Avant qu’ils ne reviennent. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Nous avons couru à travers le village endormi, fendant l’air glacé, jusqu’à la clairière dissimulée derrière le vieux chêne creux. Là, l’air sentait la mousse humide et la résine. La lune, haute et pleine,

  • Rejetée par mon Alpha, Réclamée par l’Ennemi    Chapitre 22 – Confidences et soupçons

    La marche jusqu’à ma cabane se fit dans un silence pesant, seulement troublé par le craquement des torches dans la nuit et le bruit régulier des pas de mes gardes. Je ne voyais pas vraiment où je mettais les pieds ; tout ce qui m’habitait, c’était encore le poids du regard de Caius, ce timbre grave résonnant dans ma tête : « Tu n’as plus le droit de me mentir. » Quand la porte se referma derrière moi, Mira bondit aussitôt, ses yeux agrandis par l’angoisse. — Lyra ! Est-ce qu’il t’a touchée ? Est-ce qu’il t’a fait du mal ? Je voulus répondre mais ma gorge se serra. Mes jambes cédèrent et je m’effondrai sur la paillasse. Les larmes, que j’avais contenues devant Caius, jaillirent enfin. Mira s’agenouilla et prit mes mains brûlantes entre les siennes. — Raconte-moi, souffla-t-elle, sa voix vibrante d’une rage contenue. — Il sait… dis-je d’un souffle brisé. Il a vu la lumière. Pas la guérison… l’autre. La brûlure. Mira se figea, ses yeux s’écarquillant. — Par la Lune… Et alors ? Qu’

  • Rejetée par mon Alpha, Réclamée par l’Ennemi   Chapitre 21 – Le regard de l’Alpha

    La nuit s’était posée sur Silverpine comme un manteau étouffant quand les gardes frappèrent à ma porte. Leur ton ne souffrait aucune discussion.— L’Alpha veut te voir.Je n’eus pas le choix. Mes jambes tremblaient tandis qu’ils me conduisaient à travers le village endormi, jusqu’à une cabane isolée où Caius tenait ses conseils. Une torche brûlait à l’entrée, projetant sur les murs des ombres inquiétantes.On me poussa à l’intérieur. La porte claqua derrière moi.Caius était là, seul. Assis, les bras posés sur ses cuisses, son regard noir m’attendait. La pièce était silencieuse, si silencieuse que j’entendais mon propre cœur cogner dans ma poitrine.— Approche, dit-il d’une voix basse.Chaque pas résonnait comme une condamnation. J’aurais voulu fuir, mais ses yeux m’attiraient et me piégeaient tout à la fois.— Les trois guerriers blessés, reprit-il sans me lâcher du regard… Ils ont dit que leurs cicatrices venaient d’un ennemi. Mais je connais la morsure des crocs. Ce que j’ai vu sur

  • Rejetée par mon Alpha, Réclamée par l’Ennemi   Chapitre 19 – La lumière et les crocs

    Le bruissement des buissons enfla, d’abord comme un frottement de feuilles, puis comme un ventre de forêt qui gronde. Les voix, basses, se rapprochaient. Mira me tirait déjà par le bras, mais mes jambes, lourdes et creuses, refusaient d’obéir. Mon cœur cognait si fort qu’il couvrait presque le bruit de leurs pas. — Je l’ai vue, je te dis, chuchota une voix rauque. La lumière. — Alors ce soir, on met fin à cette mascarade, répondit l’autre, plus grave. Trois silhouettes surgirent du rideau d’ombre, découpées à la lune. Je reconnus leurs allures, leurs cuirasses assombries par la résine, les bandages serrés aux poignets : des guerriers de Silverpine. Des nôtres. Leurs pupilles brillaient, fendues de reflets pâles sous l’éclat de la lune. Leur odeur, un mélange de sueur, de cuir mouillé, et de furie me frappa à la gorge. — Voilà la sorcière, grogna le premier, un large balafré dont le profil se brisait en arête sur la pommette. Il

  • Rejetée par mon Alpha, Réclamée par l’Ennemi   Chapitre 20 – Les soupçons de l’Alpha

    L’aube filtra entre les pins, grise et glaciale, comme une lame émoussée. J’avais à peine fermé l’œil. Chaque fois que je sombrais dans la torpeur, je revoyais la lumière jaillir de mes mains, non pas pour apaiser, mais pour frapper. Le cri des guerriers se mêlait à ma respiration. L’odeur de brûlé me collait à la peau. Je m’étais roulée en boule sur la paillasse, incapable de calmer les tremblements de mes membres. Mira, blottie contre le mur, veillait toujours. Elle répétait comme un mantra que personne ne nous avait suivies, que les trois lâches n’oseraient jamais parler. Mais ses mots ne suffisaient pas à étouffer cette vérité : tôt ou tard, Caius saurait. Et il sut. À la mi-journée, le roulement sourd des tambours brisa le silence du campement. Chaque battement résonnait dans ma poitrine comme un verdict. La meute entière fut convoquée dans la clairière des Ancêtres. Je savais pourquoi. Quand j’arrivai, escortée par me

  • Rejetée par mon Alpha, Réclamée par l’Ennemi   Chapitre 18 – La lumière dévoyée

    La nuit enveloppait Silverpine, dense et glacée, lorsque Mira glissa de nouveau dans ma cabane. Les gardes, affalés contre les murs, respiraient lourdement, bercés par leur certitude que je n’étais qu’une prisonnière épuisée, incapable du moindre sursaut. Ils ignoraient que mes yeux fixaient le plafond depuis des heures, trop brûlants pour se fermer, trop habités par l’écho des épreuves du jour.— Viens, murmura Mira d’une voix à peine audible. J’ai trouvé un endroit.Je me redressai d’un bond, mon cœur cognant aussitôt dans ma poitrine. Ses mots se frayèrent un chemin entre mes hésitations. Après la confrontation avec Caius, j’avais douté. Ses paroles résonnaient encore dans ma mémoire : « Rien ne m’échappe. » Alors qu’il voie. Qu’il sente. Cette fois, ce serait à mes conditions.Nous traversâmes le village à pas de loup. Le sol humide s’enfonçait sous nos pas, l’air piquait mes joues. Chaque ombre s

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status