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Chapitre 6 : L'étau 2

ผู้เขียน: L'invincible
last update ปรับปรุงล่าสุด: 2025-10-28 03:09:56

Luck

Deux semaines.

Quatorze jours à observer la pieuvre se débattre dans le filet. Mon bureau est mon poste de commandement. La ville, mon terrain de chasse.

Mon interphone sonne.

—Monsieur, un appel de M. Thorne, de la société « Apex Solutions ». Il est en ligne 2.

Un sourire fugace.Thorne. Un homme redevable. Je décroche.

—Lucian.

—M. Blackwood. Au sujet de la candidate, Alessandra Valenti. Son CV est arrivé ce matin. Comme convenu, nous l’avons rejetée.

—Bien. Faites suivre le mail de refus à mon assistant. Je veux les voir.

C’est devenu une routine. Mon assistant imprime et dépose sur mon bureau chaque refus qu’elle reçoit. Une collection. Je les lis parfois. « Malheureusement… » « Après mûre réflexion… » « Nous sommes certains que vous trouverez votre voie… » Des mensonges polis. Des arrêts de mort signés de ma main.

Un autre appel. Une amie d’une amie, directrice des ressources humaines dans une agence de design.

—Luck, bonjour. Cette Valenti… elle a l’air désespérée. Son portfolio n’est pas mauvais, tu sais.

—Et ton financement pour ton nouveau projet ? Il est toujours en suspens, n’est-ce pas ? lui rappelé-je doucement.

Un silence à l’autre bout du fil.Puis :

—Je comprends. Son dossier est… inadapté , encore un refus.

Je raccroche. C’est un jeu d’enfant. Un mot de moi, une suggestion, une menace voilée, et toutes les portes se ferment. Une à une. J’ai verrouillé le système contre elle. Elle pourrait être la candidate la plus brillante du monde, elle échouerait. Elle se bat contre des murs que j’ai érigés. Elle court après des ombres que je contrôle.

Je me lève et marche jusqu’à la baie vitrée. Quelque part, en bas, elle erre. Plus maigre, j’en suis sûr. Plus pâle. La faim et l’inquiétude font leur œuvre. Je l’imagine, serrant son téléphone, espérant une bonne nouvelle qui ne viendra jamais. Parce que je l’ai décidé.

C’est une sculpture. Je suis en train de sculpter son désespoir, de lui donner la forme parfaite, aiguisée, qui convient à mes besoins. J’ôte tout espoir superflu, toute possibilité de fuite. Je la prépare. Je l’affame. Pas seulement de nourriture. D’avenir.

L’appel de l’hôpital a dû avoir lieu aujourd’hui. Je le sais. J’ai aussi des contacts là-bas. L’étau se resserre. La corde autour de son cou est presque tendue à son maximum.

Bientôt. Très bientôt, le craquement.

Alessandra

Ce soir, c’est le point de rupture.

Je suis assise par terre dans mon studio, le dos contre le radiateur froid. Il n’y a plus de nourriture dans le frigo. Plus d’argent sur mon compte. Juste des dettes. Des dettes qui s’accumulent comme des corbeaux sur une branche.

Mon téléphone sonne. Pas l’hôpital. Un numéro inconnu. Un dernier espoir, fou, insensé, jaillit en moi. Un entretien ? Une offre ?

— Allô ? dis-je, la voix tremblante d’un espoir misérable.

— Mademoiselle Valenti ? Ici l’agence immobilière. Concernant le loyer de ce mois et les deux derniers impayés. Nous sommes obligés de vous donner un préavis d’expulsion si…

Je ne l’écoute plus. La voix n’est qu’un bourdonnement lointain. Je laisse tomber le téléphone sur le sol. Il n’y a plus de bruit. Plus de lumières. Juste un vide immense, un silence assourdissant.

Je me lève, je marche jusqu’à la fenêtre. La ville scintille, cruelle et magnifique. Je vois, au loin, la tour de Blackwood Holdings. Une étoile noire dans la nuit.

Je revois son visage. Ses yeux sans âme. Ses mots.

« Vous reviendrez. Et vous me supplierez. »

Les larmes ne viennent pas. Je suis trop vide, trop sèche. Trop brisée.

Je baisse les yeux sur mes mains. Des mains qui ont tenu des coupes de champagne, qui ont caressé les joues de mon frère, qui ont essayé de se raccrocher à toutes les branches.

Il ne reste plus qu’une seule branche. Celle tendue par le diable.

Je ferme les yeux. Un frisson violent me parcourt tout le corps. La décision ne se prend pas. Elle s’impose. Comme une fatalité.

Je sais ce que je dois faire.

Demain.

Demain, je vais revenir.

Et je vais supplier.

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