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SANG SAUVAGE
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Penulis: L'invincible

Chapitre 1 — L’odeur du sang

Penulis: L'invincible
last update Terakhir Diperbarui: 2025-05-15 07:19:37

Isabella

Le froid est une vieille habitude.

Il me mord les joues comme un chien affamé, me creuse les os, me rappelle que je suis bien vivante — du moins, tant que je continue à avancer. Les branches craquent sous mes pas, recouvertes de givre, et mon souffle s’élève en volutes blanches dans le matin brumeux. L’hiver est rude cette année. Mais il est toujours rude ici. C’est pour ça que je suis venue.

Personne ne survit dans cette forêt sans le vouloir vraiment.

Je remonte le sentier que j’ai moi-même tracé, une vieille piste de cerf que j’ai aménagée, qui serpente entre les conifères et longe la rivière figée. Les pièges sont alignés comme les battements d’un cœur régulier. Je les vérifie chaque matin. C’est ma routine. Ma survie. Ma paix.

Le premier piège est vide. Le second aussi. Le troisième contient un lièvre blanc, les yeux ouverts dans la mort. Je le détache en silence, sans émotion. La nature prend, la nature donne. C’est une loi plus ancienne que les lois des hommes. Plus juste, aussi.

Quand j’arrive au quatrième, je m’arrête net.

Il y a du sang.

Beaucoup trop.

Le piège est arraché, comme s’il avait explosé. Des gouttelettes écarlates marquent la neige, formant une piste irrégulière. Un animal pris au piège aurait laissé des marques de lutte, des griffures, des touffes de poils. Mais ici… rien de tout cela. Juste cette tache. Épaisse. Rouge. Fraîche.

Et une odeur.

Une odeur métallique, lourde, qui me soulève le cœur. Du sang humain.

Je m’agenouille, inspecte les traces. Ce n’est pas un cerf. Ni un loup. Ce sont des pas. Nus. Profonds. Instables. Comme si la personne s’était traînée, à moitié consciente. Je suis la piste, lentement, en silence, le fusil sur l’épaule. Chaque sens en alerte.

Je connais cette forêt comme ma propre respiration. Chaque arbre, chaque cri d’oiseau. Rien ne m’échappe. Et pourtant… cette présence me trouble. Elle n’a rien à faire ici.

Je ne suis pas stupide. Les hommes qui s’égarent dans cette forêt ne repartent pas toujours. Certains sont retrouvés. D’autres, jamais.

Mais je ne m’attends pas à ce que je trouve.

Il est là, allongé entre deux rochers, le dos contre un tronc gelé. Ses cheveux noirs sont collés à son front, trempés de sueur et de neige. Sa chemise est ouverte, tachée de sang, révélant une plaie béante sur le flanc gauche. Et pourtant… il respire.

Je reste figée, fusil levé, le doigt sur la détente.

— Hé… murmuré-je.

Pas de réponse. Il est inconscient. Ou mourant. Je m’approche, prudemment, les yeux fixés sur lui. C’est un homme, oui, mais… il y a quelque chose qui ne colle pas. Sa peau est pâle, presque bleue, comme s’il avait passé des jours sans voir la lumière. Ses lèvres sont fendillées, ses cils givrés. Mais malgré tout ça… il est beau. D’un genre inquiétant. Troublant.

Je tends la main vers son cou. Juste pour vérifier.

Le contact me glace. Sa peau est glaciale. Pas froide. Glaciale comme de la pierre. Et pourtant, il a un pouls. Lent, profond… mais là.

Qui est-il ?

Qu’est-ce qu’il faisait dans ma forêt, en pleine nuit, sans chaussures, avec une blessure qui aurait dû le tuer ?

Je devrais le laisser là. Repartir. Oublier.

Mais ses paupières s’ouvrent.

Et ses yeux… Seigneur.

Ils sont d’un gris argenté, presque lumineux. Ils se posent sur moi avec une intensité qui me transperce. Il ne bouge pas. Il me regarde. Comme s’il me reconnaissait. Comme s’il voyait… autre chose.

Je recule d’un pas, prête à fuir. Mais il ne fait rien. Juste ce murmure rauque, à peine audible :

— Ne crie pas…

Sa voix est rauque, éraillée. Belle, aussi. Ça m’agace.

— Je ne crie pas, répondis-je, le canon toujours pointé vers lui. Qui êtes-vous ?

Il ferme les yeux une seconde, comme s’il luttait contre la douleur. Puis il rouvre la bouche.

— Je m’appelle Lucien.

Il ne dit rien de plus. Pas de famille, pas d’excuses, pas d’explication.

— Ce sang, c’est le vôtre ?

Il hoche lentement la tête.

— Vous vous êtes fait attaquer ? Par un ours ? Un loup ?

Un silence. Puis, dans un souffle presque honteux :

— Pire que ça.

Je déglutis. Quelque chose en moi me dit de partir. De fuir cet homme, ce regard. Mais une autre partie… une partie plus profonde… veut comprendre. Veut le garder en vie.

Je sais ce que je suis en train de faire. Une erreur.

Et je la fais quand même.

Je glisse mon fusil dans mon dos, m’agenouille à côté de lui, et murmure :

— Si vous mentez… je vous achèverai moi-même.

Ses lèvres s’étirent en un sourire pâle.

— Je ne doute pas de ça.

Je le soulève. Son corps est lourd, malgré sa maigreur. Il ne proteste pas. Il ne gémit pas. Mais ses bras tremblent contre les miens. Je sens ses côtes sous mes doigts, comme si son corps n’était qu’une cage vide. Il a la peau glacée, les veines bleues, et pourtant il est vivant. Je n’y comprends rien.

Je le ramène à ma cabane, lentement, sur un traîneau de fortune. Chaque mètre me rapproche un peu plus de l’inconnu. Je sens ses yeux sur moi, même quand je crois qu’il a fermé les paupières. Il m’observe. Comme un animal blessé, mais lucide. Dangereusement lucide.

Ma cabane est modeste, mais solide. Une pièce principale, un poêle en fonte, une table, un lit. J’ouvre la porte d’un coup d’épaule et l’installe sur la couverture la plus chaude. Il ne dit rien. Il regarde les murs, les ombres, les objets. Il respire mon silence.

Je lève les yeux vers lui.

— Si tu bouges pendant que je soigne ta plaie, je te ligote.

Il acquiesce, un rictus à peine visible sur ses lèvres bleues.

Je retire sa chemise avec précaution. La blessure est profonde, mais propre. Pas une morsure. Pas une griffure. Quelque chose de plus… précis. Tranchant. Un coup d’arme ? Peut-être. Mais quelle arme laisse une marque aussi nette… sans casser la cage thoracique ?

Je nettoie, je désinfecte, je recouds. Mes mains sont sûres, automatiques. Je suis formée à survivre, pas à comprendre les étrangetés.

Quand j’ai fini, je l’observe.

Il me regarde aussi.

Longtemps.

Et puis, d’une voix brisée :

— Tu aurais dû me laisser mourir.

Je ne réponds pas. Je n’ai pas de réponse. Juste ce silence tendu qui s’installe entre nous.

Un silence chargé de questions.

Et de promesses.

Demain, peut-être, il parlera.

Ou il fuira.

Ou il me tuera.

Mais ce soir… il est là. Et moi aussi.

Et le froid dehors n’a jamais semblé aussi lointain.

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