— Je vous vois. Je suis proche.
Le message tournait en boucle dans le silence du camp.Chaque répétition semblait appuyer un peu plus sur les nerfs de chacun.— C’est un leurre, insista Aydan, les bras croisés.— Peut-être, répondit Charles. Ou peut-être que Zeyna a menti jusqu’à la fin.— Zeyna ne mentait pas pour rien, dit Malia d’une voix basse. Elle mentait pour protéger.Elle regarda Liora, encore faible mais consciente.— Et parfois, pour qu’on ne perde pas espoir. •Cassiopée s’agenouilla devant le terminal.— Le signal vient d’un point fixe, à 3,4 km au nord.Zone instable. Ancienne installation bio-tech désaffectée.— C’est un piège, dit Aydan.— On y va, coupa Malia. •Ils partirent à trois : Malia, Aydan, et Charles.Liora resta avec Cassiopée sous la garde de Léandre, malgré les soupçons persistants à son égard.— Tu restes là, avait dit Malia à Léandre. SKael relut le message au moins dix fois.« Supprime-la. Ou tu seras supprimé.Ordre PHOENIX actif. Compte à rebours lancé. »Un compte à rebours.Il restait 72 heures.Il ferma les yeux.Il avait été entraîné à ça.Conditionné. Programmable.L’émotion n’avait jamais fait partie de l’équation.Mais quelque chose, chez elle, avait changé les règles du jeu.•Dans les couloirs de la base, l’effervescence montait.Liora avait convoqué la première assemblée publique du projet Terre Neuve.Tous les habitants y étaient invités. Même ceux qui se méfiaient encore d’elle.— Tu vas leur parler ? s’étonna Cassiopée.— Je vais leur dire la vérité. Leur dire que je ne veux pas gouverner, mais construire avec eux.— T’as pas peur ?— Si. Mais ce projet ne peut pas vivre sans transparence.Je veux qu’ils sachent ce que j’ai fait. Et ce que je veux faire maintenant.•
La base souterraine d’ORUS semblait paisible. Les enfants jouaient. Les ingénieurs travaillaient en silence. Et au cœur de ce calme nouveau, Liora sentait lentement se reconstruire une chose oubliée : la confiance. • Elle passait ses journées entre plans, réunions et longues discussions avec Ingmar Veyl. Ils débattaient des structures à créer, des codes à instaurer, de la ligne rouge à ne jamais franchir. — Pas de manipulation génétique, avait-elle dit. — Pas de transfert de conscience, avait-il approuvé. — Pas de répétition des erreurs. • Pour la première fois, Liora dessinait un avenir avec autre chose que des ruines. Mais dans un coin reculé de la base, un homme observait tout. Invisible. Silencieux. Patient. Son nom n’était pas sur les registres. Son badge était falsifié. Et son regard… trop calme pour
Le soleil se levait à peine sur le refuge de Haute-Silène.La neige avait cessé de tomber, mais l’air restait tranchant, chargé d’un silence lourd.Liora, emmitouflée dans une veste sombre, observait l’horizon depuis le toit du bâtiment principal.Son regard glissait sur les vallées blanches, mais son esprit était ailleurs.MIRAGE était détruit.Le projet Umbra-7 aussi.Et pourtant, elle sentait que ce n’était pas encore la fin.•Cassiopée la rejoignit, deux cafés brûlants en main.— Tu dors encore moins que moi maintenant.Liora esquissa un sourire fatigué.— Je dors quand mon monde ne risque pas de disparaître pendant la nuit.Pour l’instant… on n’y est pas encore.•Cassiopée s’assit à ses côtés.— T’as reçu autre chose depuis MIRAGE ?Liora hocha la tête.— Un message codé cette nuit.Canal parallèle, encrypté en triple couche.Le genre de truc que seuls
Le camp était calme. Trop calme.Le ciel avait pris une teinte orange, presque irréelle, comme figé dans une peinture.Liora observait le cristal désormais inerte posé sur la table.Son cœur battait doucement, mais son esprit, lui, restait en alerte.Elle croyait avoir mis fin à tout.Mais une alerte s’afficha sur son écran :“Canal Sigma-01 : nouvelle transmission prioritaire.”Émetteur : Dr. Alrik Nysen – ancien chef du département illusion sensorielle – Vektor.•— Tu le connais ? demanda Cassiopée en apparaissant derrière elle.Liora fit non de la tête.— Jamais entendu parler. Et c’est justement ça le problème.Si moi je ne le connais pas… ça veut dire qu’il était vraiment très caché.•Elle ouvrit le message.Un simple texte.Mais chaque mot sonnait comme un frisson sous la peau.« Vous avez stoppé Aethra. Neutralisé Umbra-7.Mais vous avez oublié
Trois jours s’étaient écoulés depuis l’effondrement de la base Aethra.Le monde tournait à nouveau, ignorant à quel point il avait frôlé la catastrophe.•Liora regardait les montagnes depuis le refuge.Le vent froid soufflait dans les cimes, comme si les sommets eux-mêmes soupiraient.— Tu ne dors toujours pas ? demanda Cassiopée en entrant.Liora haussa les épaules.— Le silence est devenu bruyant.Avant, il me calmait.Maintenant, il me parle trop fort.•Cassiopée s’installa à ses côtés, tendant une tasse chaude.— Laisse-moi deviner : tu penses encore à Kroll ?— Pas seulement.Il parlait d’un monde sans douleur.Mais tout ce que je ressens, c’est… un vide inquiétant.•Elles restèrent un moment sans parler.Puis Charles entra, visiblement nerveux.— On a un problème. Ou une surprise. Je sais pas encore.Il tendit une tablette.—
Les montagnes se dressaient comme des géants figés, sculptés par le temps et les secrets.Le convoi avançait lentement, englouti par les reliefs glacés de l’ancienne frontière suisse.•À bord, le silence régnait.Liora, assise à l’avant, tenait la mallette verrouillée contre elle.À l’intérieur : le fragment de mémoire de Malia.La clé.— Tu veux vraiment qu’on aille au bout ? demanda Miro.— On n’a plus le choix, répondit-elle sans détour.Ce projet… c’est une insulte à ce qu’ils étaient. À ce qu’ils ont sacrifié.•Cassiopée, les yeux rivés sur les relevés, ajouta :— On approche. J’ai repéré l’entrée.Mais… ça ne ressemble à rien de ce qu’on connaît.•Ils s’arrêtèrent devant une falaise nue, sans aucune trace d’ouverture.— C’est là ? demanda Charles, sceptique.— C’est là, confirma Cassiopée.L’entrée est dissimulée derrière un champ holographique.Comme à