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Chapitre 3 : Le Piège Doré

Penulis: Darkness
last update Terakhir Diperbarui: 2025-11-01 22:14:48

Angèle

Trois jours. Soixante-douze heures d’un silence qui résonne comme un verdict suspendu. Chaque vibration de mon téléphone me fait sursauter, chaque notification fait battre mon cœur plus vite. L’attente est un supplice, une épreuve de plus conçue pour user mes nerfs.

Je suis chez moi, dans l’appartement trop silencieux que les dettes de mon père n’ont pas encore réussi à avaler. Les murs sont nus, dépouillés des tableaux et des souvenirs vendus pour éponger une infime partie des pertes. Je me tiens devant la fenêtre, regardant la pluie tracer des serpents noirs sur la vitre. La ville, en contrebas, est un organisme vivant, indifférent à mon drame personnel. Je ressens la colère, toujours là, froide et dure au creux de mon estomac, mais elle est mêlée à autre chose, maintenant. De l’appréhension. Une peur aiguë, presque excitante, de plonger dans l’inconnu.

Mon téléphone vibre sur la table en verre. Pas une sonnerie, pas une alerte. Une vibration sourde, insistante. Je me fige. Mon regard se pose sur l’écran. Un numéro inconnu. L’indicatif du quartier d’affaires.

C’est lui. C’est maintenant.

Je respire un grand coup, laissant l’air froid emplir mes poumons. Je ne dois pas paraître trop anxieuse, ni trop pressée. Je dois être… professionnelle. Reconnaissante, même. Je laisse sonner trois fois avant de décrocher.

— Allô ?

— Mademoiselle Derval ?

La voix est féminine, froide, impersonnelle. Ce n’est pas lui. Une pointe de déception, ridicule, me transperce.

— Oui, c’est moi.

— Ici le cabinet de M. Valesco. Nous souhaitons vous informer que votre candidature pour le poste de conseillère stratégique junior a été retenue. Vous êtes attendue demain matin, huit heures précises, au quarante-huitième étage pour votre premier jour.

Le monde semble s’arrêter de tourner pendant une seconde. Un mélange de triomphe sauvage et de terreur glacée m’envahit. J’ai réussi. La première porte est franchie.

— Je… Très bien. Je serai là. Merci.

— Les formalités d’intégration vous seront communiquées sur place. Bonne journée.

La communication est coupée. Je reste immobile, le téléphone collé à mon oreille, le bourdonnement de la ligne morte comme une seule note de musique funèbre. Puis, un sourire lent, que je n’aurais jamais cru capable d’afficher après la mort de mon père, étire mes lèvres. C’est un sourire de prédateur. Le jeu commence.

Le lendemain, huit heures moins cinq. Je me tiens de nouveau dans le hall de marbre et de verre, mais cette fois, je ne suis pas une candidate. Je suis un soldat qui a infiltré la forteresse. Mon tailleur est une armure, mon sac à dossier un bouclier. L’assistante au visage de glace, qui m’apprend s’appeler Élise, me conduit non pas vers le bureau de Néron, mais vers un open space immense, un plateau où des dizaines de personnes, toutes vêtues de nuances de gris et de noir, pianotent furieusement sur des écrans plats.

— Votre poste est ici, m’indique-t-elle en désignant un bureau minimaliste, face à une baie vitrée avec une vue à couper le souffle. M. Valesco a insisté pour que vous ayez une vue. Il estime que la perspective aide à la prise de hauteur.

La phrase est anodine, mais je perçois le sous-texte. Il me place en évidence. Il veut que je voie le pouvoir, et que je sache à qui il appartient.

— Votre première tâche, poursuit Élise en me tendant une clé USB. Analyser ce portefeuille d’actifs. M. Valesco veut un rapport sur les vulnérabilités, les opportunités de rendement agressif, et… les points de rupture de nos principaux concurrents. Il le veut sur son bureau pour midi.

Elle me regarde, un défi muet dans les yeux. C’est une mission impossible, conçue pour me briser, pour me faire échouer dès la première heure. Le sourire ne quitte pas mes lèvres.

— Ce sera fait.

Dès qu’elle s’éloigne, je m’installe et plonge dans les données. Des colonnes de chiffres, des graphiques complexes, le jargon impénétrable de la haute finance. C’est un océan d’informations dans lequel je devrais me noyer. Mais je nage. Chaque chiffre, chaque ligne de code est une arme potentielle. Je cherche les failles, non pas pour les protéger, mais pour les exploiter. Pour lui. Pour le moment où je retournerai cette connaissance contre son créateur.

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