All Chapters of LA FIANCÉE DU PARRAIN : Chapter 71 - Chapter 80

La première salve est un coup de tonnerre. La lourde porte d'entrée en chêne se désintègre en une pluie d'éclats de bois et de métal tordu. Les lampes vacillent, plongeant la grande entrée dans une pénombre dansante, striée par les faisceaux des torches tactiques de l'extérieur. Le hurlement de l'alarme est assourdissant, un animal blessé qui crie à la mort.Ils ne donnent pas d'ordre de se rendre. Ils ne crient pas. Ils entrent. Rapides, fluides, une équipe de quatre hommes en noir, casqués, leurs armes balayant l'espace. Des professionnels. Pas des tueurs à gages. Des militaires. Ou des ex-militaires. Le Bureau a sorti l'artillerie lourde.Le premier intrus tombe avant d'avoir fait deux pas, fauché par un tir précis de Marco, posté en hauteur sur la cage d'escalier. Le bruit est sec, violent, un point d'exclamation dans le chaos. Le corps s'effondre lourdement.Puis l'enfer se déchaîne.Les tirs deviennent un roulement continu, un orage de métal qui ricoche sur le marbre, creuse le

ÉlioLa cellule est plus petite que mon ancien dressing. Un lit en béton fixé au mur, une cuvette en acier, un évier qui suinte. L’odeur est un mélange agressif de désinfectant et de sueur froide. La porte, un bloc d’acier avec un judas, a claqué il y a des heures. Ou des minutes. Le temps s’est étiré, déformé, jusqu’à perdre tout sens.Je suis assis sur le lit, le dos contre le mur froid. La douleur dans mon épaule n’est plus qu’une pulsation sourde, un rappel lointain de la bataille. Ils m’ont bandé, soigné sommairement. Un geste professionnel, sans empathie. Le prévenu doit être en état d’être interrogé.Je ferme les yeux. Les images reviennent, en boucle. Le visage de Luca, vidé de sa vie. La main de Sofia, serrant la mienne dans la cuisine, juste avant la fin. Le regard de Valois, calculateur, dans la lumière bleue des gyrophares.Je les ai livrés, un à un. Gomes, les autres. J’ai signé leur arrêt de mort avec une signature électronique, propre, aseptisée. J’ai cru contrôler le j

Élio—Ils viennent me chercher à l’aube.Deux gardiens, le visage fermé. Pas pour le parloir. Pour l’interrogatoire. Le vrai.La salle est petite, carrelée de blanc. Une table en formica, trois chaises. Un miroir sans tain qui occupe tout un mur. Je sais qu’ils sont derrière. Valois, d’autres. Des procureurs. Des psychologues peut-être. Tous en train d’observer la bête dans son antre.L’homme en face de moi n’est pas Valois. Il est plus jeune, cravaté, avec une sévérité de jeune loup ambitieux.— Élio. Nous allons aujourd’hui aborder votre rôle dans les homicides de la nuit du 14.Il aligne des photos. Luca. Les hommes du Bureau. Nos hommes.— Vous êtes le chef. Les ordres venaient de vous.— Nous nous défendions. Ils ont attaqué.— Avec des armes de guerre ? Dans une zone résidentielle ? Vous vous prenez pour qui ? Le justicier de l’ombre ?Sa voix est méprisante. C’est une technique. Me rabaisser, me pousser à me justifier, à me contredire.— Je suis un homme qui a voulu protéger le

Élio—La salle de conférence est d'un gris impersonnel,la table luisante comme un miroir terni. L'air y est conditionné, aseptisé, à l'opposé de l'air fétide de la cellule. D'un côté de la table : Maître Kessler et moi, menotté. De l'autre : l'Inspecteur Valois, le procureur au visage sévère, et un troisième homme, silencieux, en costume sombre, dont la simple présence émane une autorité qui glacé le sang. Le supérieur de Valois. Celui qui décide vraiment.Valois ouvre le bal, les doigts joints sur la table.—Alors, Kessler. Vous nous avez fait venir pour un spectacle. J'espère que ça en vaut la peine.Mon avocat sourit, un sourire de requin qui sent l'occasion.—Plus que ça, inspecteur. Je pense que vous apprécierez le scénario.Il pousse une clé USB vers le centre de la table.—Dedans, vous trouverez les noms de six intermédiaires financiers du Bureau, avec les numéros de comptes associés à Genève, les montants des trois derniers transferts, et les noms des bénéficiaires initiaux q

Quelques jours plus tard. La routine de la maison safe s’est installée, une routine étrange, faite de silence et de regards par la fenêtre. Les agents changent, anonymes, professionnels. Ils nous apportent de la nourriture, des vêtements simples, des livres. Aucun journal. Aucune nouvelle du monde.Puis, un matin, Maître Kessler revient. Son costume est le même, mais son attitude a changé. Il n’a plus l’air d’un rat qui mord. Il a l’air… grave.— L’accord est finalisé, annonce-t-il dans le petit salon. Les charges sont officiellement abandonnées. Le programme de protection est activé.Un soulagement immense, presque douloureux, m’envahit. Sofia, à côté de moi, pousse un petit soupir, comme si elle retenait son souffle depuis des semaines.— Et nos nouvelles vies ? demande-t-elle, sa voix un peu tremblante.— Les documents sont en cours de finalisation. Ça prendra encore quelques jours.Il marque une pause. Son regard se pose sur moi.— Il y a autre chose, Élio. Vos biens. Ceux qui n’o