Après son départ, je m'enferme dans mon bureau, le regard perdu dans le vide. Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ? Je l'ai toujours traitée avec respect, lui offrant une place de choix, veillant à ce qu'elle ne soit jamais mise en difficulté face aux autres. Mais apparemment, cela n'a jamais suffi.
D'un geste rageur, je saisis le verre de whisky posé sur la table et le fracasse contre le mur. Le liquide s'écrase en éclaboussant la surface avant de s'écouler lentement.
- Merde !
Comment vais-je tenir sans elle ? C'est une torture. Et le pire ? Savoir qu'elle a osé me faire ça. Un frisson glacé me parcourt l'échine.
Je sors mon téléphone et compose un numéro. Quelques minutes plus tard, Angel apparaît, l'air soucieux. Il sait que quelque chose cloche.
- Tu étais au courant ?
Ma voix est tranchante, implacable. Il a intérêt à répondre correctement.
- Non, je suis aussi surpris que toi.
- Merde ! Comment a-t-elle pu me faire ça ? Et le comble ? Elle exige une épouse de substitution, comme si une autre femme pouvait un jour la remplacer !
Angel hésite un instant avant de prendre la parole :
- Boss, sans vouloir t'offenser... Son départ est peut-être une bonne chose.
Je le fusille du regard.
- Répète ?
- Elle a toujours été ta faiblesse. Et dans notre monde, une faiblesse, c'est dangereux.
Je serre les poings. Il a raison, mais je refuse de l'admettre.
- Trouve Luka. Je veux qu'il la suive, qu'il sache où elle va, avec qui elle est, ce qu'elle fait. Je veux qu'il surveille chaque foutu battement de son cœur. Et qu'il ne me déçoive pas.
Ma colère est brûlante, incontrôlable.
- Compris, boss. Et... pour ta nouvelle épouse, tu as une idée de son identité ?
- Ça ne m'intéresse pas.
Ma réponse claque, froide et tranchante.
- L'agence Black Harbour est la meilleure dans ce domaine. Tous leurs accords ont toujours été concluants. Peut-être que cette femme ne sera pas si mal, au final.
Je ricane, amer.
- Qu'elle soit une déesse ou la créature la plus hideuse de cette terre, ça m'est égal. Je ne veux rien savoir d'elle !
- J'ai compris, boss... Mais réfléchissez-y. Mademoiselle Serenity est partie, son absence ne doit pas se faire ressentir. Cette femme pourrait stabiliser la situation.
- Si tu le dis.
Mais la rage me ronge toujours. J'ai besoin d'évacuer cette frustration. Sur quelque chose. Sur quelqu'un.
- Les paiements du mois ont été effectués ?
- Pas encore. Il reste le gérant du Camparia. Il a demandé un délai d'une semaine.
Je lâche un rire sec et glacial.
- Une semaine ? Angel, dis à Dan et Emeric de se préparer. On va lui rendre une petite visite... de courtoisie.
Le froncement de sourcils d'Angel me fait sourire. Il sait déjà que ma visite n'aura rien d'agréable.
......
Une heure plus tard, nous arrivons au Camparia, un bar niché en plein cœur de mon territoire. En tant que futur chef, chaque entreprise de la zone est sous mon contrôle. Elles me doivent allégeance, et un tribut en échange de leur sécurité.
Mais certains, comme ce propriétaire stupide, se croient plus malins que moi. Il se fournit en drogue et autres produits illégaux chez moi pour les revendre à ses clients privilégiés, mais tarde à me régler.
Mauvaise idée.
Dan et Emeric entrent les premiers. Je les suis, les muscles tendus, prêt à rappeler au gérant du Camparia qui est le véritable maître ici.
Le bar est plongé dans une ambiance feutrée, des volutes de fumée flottant au-dessus des tables où quelques clients sirotent leur verre, inconscients de la tempête qui s'apprête à s'abattre. Mon regard balaye la salle et se fixe sur le comptoir, où le gérant du Camparia discute tranquillement avec l'un de ses serveurs. Il ne se doute de rien.
D'un signe de tête, j'indique à Dan et Emeric de bloquer les issues. Angel s'avance et claque des doigts. La musique s'éteint brutalement. Un silence lourd s'abat sur la pièce. Tous les regards se tournent vers nous. L'air se charge de tension.
Le gérant se fige en nous apercevant. Son visage pâlit lorsqu'il me reconnaît. Il sait pourquoi je suis ici.
- Boss... Je... Je comptais justement vous appeler.
Je m'avance lentement, chaque pas résonnant sur le carrelage. La peur suinte de chacun de ses pores. Il est déjà en sueur.
- Une semaine de délai, hein ?
Ma voix est basse, presque douce. Il déglutit bruyamment.
- Boss, j'ai eu quelques soucis, mais je vous assure que-
D'un geste rapide, je saisis une bouteille sur le comptoir et l'éclate contre son crâne. Il s'écroule en gémissant. Le liquide ambré se mêle au sang qui commence à s'écouler sur son visage.
- Tu m'as pris pour qui, exactement ?
Je m'accroupis près de lui, attrapant ses cheveux pour forcer son regard à croiser le mien. Ses pupilles tremblent de terreur.
- Tu me dois de l'argent et tu oses demander un délai ? Après avoir profité de mes ressources ?
Il secoue la tête, cherchant désespérément ses mots, mais je ne lui en laisse pas le temps. Mon poing s'abat violemment sur son visage. Un craquement sinistre retentit. Son nez explose sous l'impact, projetant une gerbe de sang sur le sol.
- Boss, pitié ! Je vais payer ! Je vous en prie !
Je lève un sourcil, un sourire cruel aux lèvres.
- Payer ? Maintenant que tu n'as plus le choix, hein ?
D'un signe, je fais un pas en arrière et laisse Dan et Emeric s'occuper du reste. Ils le redressent brutalement et le plaquent contre le comptoir. Angel me tend un couteau. Je le fais tourner entre mes doigts avant de l'enfoncer lentement dans sa paume. Un hurlement déchirant s'élève dans le bar. Personne ne bouge. Personne n'ose intervenir.
- Voilà ce qui arrive aux ingrats.
Je tourne la lame, appréciant le son de sa douleur. Puis, dans un mouvement sec, je la retire, laissant un flot de sang éclabousser le bois du comptoir.
- Tu as vingt-quatre heures. Une seule putain de journée pour me ramener chaque centime que tu me dois.
Je m'essuie les mains sur son costume froissé et me détourne. Derrière moi, il s'effondre, sanglotant et suppliant.
- Nettoyez-moi ce bordel. On s'en va.
Mes hommes hochent la tête et s'activent. La leçon est donnée. Personne, absolument personne, ne joue avec mon autorité sans en payer le prix.
Nous quittons le Camparia sous les regards terrifiés des clients et employés qui n'osent plus bouger. La peur est ancrée dans chaque recoin du bar. Parfait. Une seule leçon suffit généralement à remettre les esprits en place.
Dehors, l'air est lourd, chargé d'électricité. Angel marche à mes côtés, silencieux, attendant mes instructions.
- Il va payer, dis-je en glissant mes mains dans les poches de mon manteau. S'il a un minimum d'instinct de survie, il trouvera l'argent.
Angel hoche la tête, mais il y a une lueur d'interrogation dans son regard.
- Tu veux qu'on le surveille cette nuit ?
- Inutile. Il sait ce qui l'attend s'il tente de s'échapper.
Je monte à l'arrière de la voiture tandis que Dan prend le volant. L'adrénaline pulse encore dans mes veines, mais une autre pensée me hante. Une autre trahison, bien plus douloureuse que celle de ce minable du Camparia.
Serenity.
Son visage me revient en mémoire, son regard froid, ses mots tranchants. Comment a-t-elle osé ? Après tout ce que j'ai fait pour elle ?
Un goût amer me monte à la gorge. Angel me fixe dans le rétroviseur, attendant une réaction.
- Luka l'a trouvée ?
- Pas encore. Mais il a des pistes. Elle ne pourra pas aller bien loin sans que nous le sachions.
Je serre les poings. Qu'elle pense pouvoir disparaître comme ça est une insulte. Elle appartient à mon monde. Elle m'appartient.
- Il a intérêt à ne pas la perdre.
Angel ne répond pas, mais il sait. Il sait que ma patience a des limites. La voiture roule dans la nuit, glissant silencieusement sur l'asphalte. Mon esprit, lui, est en ébullition.
Serenity est partie, laissant derrière elle une nouvelle épouse, une piètre substitution.
Mais qu'elle ne se fasse pas d'illusions. Personne ne remplace Serenity. Et si elle croit pouvoir m'échapper.....Elle se trompe lourdement.
Je pénètre quelques instants après dans sa chambre, le cœur en vrac. L'odeur me frappe en premier celle du désinfectant, des médicaments, de la mort suspendue.Il est là. Étendu. Inerte.Le même décor depuis des mois. Les draps tirés avec une précision clinique. Les machines qui rythment chaque seconde. Les fils qui s'enfoncent dans sa peau comme des chaînes. Mon père. Ou ce qu'il en reste.Depuis son coma, il n'a pas ouvert les yeux une seule fois. Pas une parole. Pas un signe. Juste ce souffle artificiel, ce battement régulier sur les moniteurs.Mais aujourd'hui, tout est différent.Le bip de la machine cardiaque est plus instable. Les chiffres à l'écran dansent, incertains. Et le médecin n'a pas eu besoin d'user de mots pour que je comprenne. La fin est proche.Je m'approche, le regard fixé sur ce visage qui a longtemps imposé le respect, la peur, la loyauté. Jadis, il n'avait pas besoin de parler pour se faire obéir. Un seul regard suffisait.Aujourd'hui, ses yeux sont clos.- Tu
Nos souffles s’apaisent peu à peu. Je reste en elle, encore un instant, à savourer la chaleur de son corps, le frisson qui me parcourt chaque fois que ses doigts effleurent ma peau. Elle ferme les yeux, son visage détendu, presque paisible. Je la regarde, fasciné. Comment une femme peut-elle incarner à la fois la douceur d’un ange et la sauvagerie d’un démon ?Je me retire lentement, l’attirant contre moi, nos corps nus entremêlés sous les draps défaits. Elle repose sa tête sur mon torse, ses cheveux humides collés à ma peau. Mon cœur cogne toujours fort, comme si je venais de frôler l’abîme. Mais ce n’était pas une simple baise. C’était autre chose.— Tu regrettes ? demande-t-elle dans un souffle.— Si je regrettais, je ne serais pas encore là.Elle esquisse un sourire contre mon torse, puis un silence s’installe. Apaisant. Mais pas pour longtemps.Elle relève doucement la tête, plante ses yeux dans les miens. Et ce regard… putain. Il rallume tout. Ce feu incontrôlable, ce besoin vis
Quelques minutes plus tard, alors que je tente de retrouver mon calme dans mon bureau, un toc discret se fait entendre à la porte.- Entre, dis-je sans détourner les yeux de la fenêtre.Angel pénètre dans la pièce, son regard grave. Pas besoin de mots inutiles, je sais qu'il n'est pas là juste pour me saluer.- Boss, je sais que tu voulais tout savoir sur elle, dit-il en s'approchant mais je n'ai rien trouvé de compromettant.Je me retourne lentement, mes yeux accrochés aux siens. Il dépose une tablette sur la table basse et l'allume. Un fichier s'ouvre.__ Elle s'appelle Donna Gold, citoyenne américaine. Dossiers académiques propres, aucun casier judiciaire, pas de famille proche répertoriée. Pas d'amants connus, pas de dettes, pas d'antécédents médicaux, pas même une foutue allergie. On dirait un fantôme.Je le fixe, tendu.- Tout le monde a un passé, Angel. Tout le monde.__ Effectivement Boss, c'est comme si elle a été créée de toute pièce.Impossible.- Elle m'a parlé de cet homm
Elle reste figée dans ma prise, son regard rivé au mien, brûlant d’insolence. Elle ne cille pas. Elle ne recule pas.— Lâche-moi, murmure-t-elle d’un ton bas, presque doux, mais qui n’a rien de tendre. On dirait un ordre déguisé en supplication.Je ne bouge pas. Pas tout de suite. Mon pouce glisse contre l’intérieur de son poignet, là où sa peau est fine, vulnérable. Elle frissonne. L’espace d’une seconde, je crois la tenir, la dominer. Mais ses yeux me ramènent à la réalité : c’est moi qu’elle tient, sans même me toucher.Je relâche sa main. Lentement.— Tu as une sacrée façon de tester les limites, toi.Elle ne répond pas, elle se contente de se lever. Pieds nus sur le sol froid, elle se dirige vers la salle de bains. Sa chemise de nuit épouse ses courbes comme une provocation silencieuse. Je la suis du regard, tendu, prêt à bondir.Mais elle ne ferme pas la porte.— Tu comptes me mater aussi pendant que je pisse ? ironise-t-elle en croisant mon regard dans le miroir.Je souris. Fro
— Et moi, je suppose que j’aime qu’on me laisse tranquille, dis-je d’un ton plus incisif. Dites-le à votre boss.Il n’esquisse pas un mouvement. Pas une seule expression. Il se contente de me regarder, de m’observer comme une ombre, de m’accompagner dans le silence.Je le traverse et retourne dans ma chambre. J'en ai suffisamment vu pour le moment.---En soirée#AlaricAprès ma brève rencontre avec "ma nouvelle femme", je suis allé en mission. Des négociations avec un chef de clan un peu trop ambitieux qui se sont terminées pas comme je l'espérais. Je suis conscient que mon territoire est très convoité, mais jamais je ne laisserai quiconque s'en accaparer. Mon père a lutté pour garder le contrôle et faire fructifier ses affaires. Le minimum, c'est de faire de même ou d’aller au-delà.Dès mon retour, Angel me fait le rapport de nos activités. Je l'écoute discrètement, car je suis éreinté, puis il me passe une information qui éveille ma curiosité soudainement.__ Votre épouse a demandé
Quelques minutes plus tard, une fois mes émotions maîtrisées, j’envoie un message à Zayden pour lui transmettre les instructions. Pour l’instant, je contrôle la situation, il n’a pas à s’en inquiéter. Ensuite, je me débarrasse lentement de mes vêtements, chaque geste mesuré, presque cérémoniel. Peut-être qu’un bain atténuera encore un peu l’incendie qui couve sous ma peau.Je glisse sous la douche. L’eau ruisselle sur mon corps, chaude, enveloppante. Je ferme les yeux, me laisse engloutir par le silence et le martèlement régulier du jet. Mon esprit dérive, s’égare. Le temps s'étire, me perd. Ce n’est que lorsque le froid s’insinue contre ma peau que je coupe l’eau, tire une serviette et l’enroule autour de moi.Je me mets ensuite à ranger mes affaires. Je ne possède que peu de choses. Juste l’essentiel. Inutile d’en faire plus : ces vêtements ne me serviront plus une fois le contrat terminé.Mon cher époux, en revanche, aura tout le loisir de veiller sur moi. Un sourire cruel s’étire